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Importation d'ice: 3 à 4 ans de prison ferme


Sur place, ils interpellent K. W qui n'est autre que la destinataire de l'enveloppe à l'intérieur de laquelle sont trouvés 195 grammes d'ice emballés dans du cellophane.
Sur place, ils interpellent K. W qui n'est autre que la destinataire de l'enveloppe à l'intérieur de laquelle sont trouvés 195 grammes d'ice emballés dans du cellophane.
PAPEETE, le 14 novembre 2017 - Ce matin, lors de l'audience correctionnelle, trois individus, dont une ressortissante américaine, comparaissaient pour des faits de "détention, importation de stupéfiants (ice) et importation en contrebande de marchandise prohibée." L'affaire avait débuté le 18 août 2016 par la saisie de 195 grammes d'ice contenus dans une enveloppe adressée à une cliente étrangère résidant à l'hôtel Méridien.

L'affaire avait été renvoyée à plusieurs reprises. Elle a été jugée hier matin lors d'une audience qui a duré plus de 4 heures. Parmi les trois prévenus poursuivis pour importation d'ice et association de malfaiteurs, l'on dénombrait: K. W, une ressortissante américaine âgée de 33 ans, ainsi que deux frères, M. A et T. A, respectivement âgés de 32 et 31 ans.

Les faits remontent au 18 août 2016. Ce jour-là, alors qu'elles ont été informées par les services américains de l'envoi d'un colis Fedex contenant de l'ice, les douanes se rendent à l'hôtel Méridien. Sur place, elles interpellent K. W qui n'est autre que la destinataire de l'enveloppe à l'intérieur de laquelle sont trouvés 195 grammes d'ice emballés dans du cellophane. Le tout étant dissimulé dans une pile de documents.

L'enquête laisse apparaître que le mari de la ressortissante américaine, actuellement détenu en Californie pour trafic de stupéfiants, entretenait des rapports avec la famille des deux frères et ce, depuis plusieurs années. Lorsque M. A avait été condamné en 2015 pour avoir importé 30 grammes d'ice, le mari de la prévenue avait été mis en cause. Il existait donc un lien entre la jeune femme et les deux frères tous les deux connus de la justice pour des affaires de drogue.

Entendue, la jeune femme livre une première version. Elle indique aux enquêteurs que M. A a pris contact avec elle en lui demandant d'importer de l'ice des Etats-Unis où elle réside. Elle l'avait déjà rencontré lors d'un premier voyage à Tahiti. Il lui avait alors remis 6000 dollars au nom d'une dette qu'il avait envers son mari détenu.

Alors qu'elle est de retour en Californie, la prévenue explique que M. A lui a fait parvenir de l'argent via une hôtesse de l'air dans le but d'acheter de l'ice. Dans une seconde version, la jeune femme modifie ses déclarations en indiquant qu'elle était la seule instigatrice de l'importation et que M. A n'avait fait que lui donner un téléphone puisque le sien était tombé à l'eau. Pourtant, ce dernier semblait informé de la situation puisqu'il avait, ce jour-là, demandé à son frère, T. A, de vérifier si des policiers ne se trouvaient pas aux abords du méridien. Faits qui ont donc valu à ce dernier d'être poursuivi par la justice.

Au regard du nombre de versions différentes livrées par la prévenue, le président du tribunal a qualifié l'affaire de "nébuleuse. A l'issue de l'audience, il semblait encore difficile de démêler le vrai du faux.


PEINES EXEMPLAIRES

Le procureur de la République, évoquant des peines exemplaires, a requis une peine de 8 ans de prison ferme à l'encontre de M. A, six ans de prison ferme pour K. W et 4 ans de prison ferme pour le troisième prévenu. K. W et M. A devront solidairement payer 19.5 millions de Fcfp au titre de l'amende douanière. Le représentant du ministère public n'a pas manqué d'évoquer le fléau de l'ice sur le territoire: "ni[ous sommes sur un réseau qui permet que la Polynésie française soit régulièrement inondée de cette substance nocive qui, outre la délinquance qu'elle induit, est une menace pour la santé publique."]i


Pour la défense de la ressortissante américaine, son conseil a plaidé l'erreur de parcours: " Ceux qui s'adonnent au trafic de stupéfiants le font dans l'espoir d'en tirer des bénéfices (…) Ma cliente s'est fourvoyée et a fait preuve d'une infinie maladresse dans ses propos lors de ses différentes auditions mais aussi durant cette audience (…) Elle a un petit garçon de 5 ans qui est aux Etats-Unis et qui attend de revoir sa mère. On dit vouloir une peine exemplaire mais je ne crois pas pour autant que le trafic d'ice soit dissipé au terme de cette affaire. J'ai vu des réquisitions de ce type pour de très gros réseaux. "

Le conseil de M. A a, lui aussi, remis en cause la lourdeur des demandes du ministère public: "Je m'accorde avec mes confrères sur ces réquisitions déclassées. Ce sont des peines dignes de braquage, de cour d'assises. Alors que ce dossier, c'est un "one shot" qui correspond à une seule commande interceptée (…) Dans ces réquisitions, il manque l'essentiel: l'individualisation de la peine. A aucun moment n'ont été évoqués les parcours des prévenus."

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné M. A à une peine de 4 ans de prison ferme. K. W a écopé de 3 ans de prison ferme. Les deux prévenus ont été maintenus en détention. Quant au dernier mis en cause, une peine de 18 mois de prison ferme a été décidée.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 14 Novembre 2017 à 17:57 | Lu 2588 fois