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Il y a 70 ans, les Tahitiens du bataillon d'infanterie de marine et de Pacifique débarquaient à Cavalaire.


Sources : Tamari'i Volontaires, les Tahitiens dans la seconde guerre mondiale

Il y a 70 ans, cent cinquante tahitiens du bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique (BIMP) débarquaient avec le corps expéditionnaire français à Cavalaire, en Provence.

Une fois débarquée, l’unité prend rapidement le chemin de la Croix Valmer.
Sur la route, les Tahitiens retrouvent un ancien camarade du bataillon du Pacifique, Léon Garet, de Makatea. En juin 1943, Léon Garet, dit Bonhomme, a intégré les Corps francs d’Afrique. A l’aube, les commandos français ont escaladé les falaises du Cap Nègre pour réduire les casemates allemandes et leurs pièces.

La 1re DFL, à laquelle appartient le BIMP reçoit l’ordre de prendre Hyères et de progresser par la côte. Ils seront soutenus par l’artillerie des navires et les Forces françaises de l’intérieur (FFI) qui connaissent le terrain et constituent une vraie force militaire. Le 18 août, le bataillon par la route de la Corniche atteint l’objectif du Lavandou et prend position.

Le 19 août, en milieu d’après-midi, le bataillon passe à l’attaque pour prendre la Grande Bastide, franchit le Gapeau et occupe la ferme Decugis. La première ligne de défense couvrant Toulon a été percée mais l’Hôtel du Golf interdit le passage du Gapeau.

Des lignes de barbelés les empêchent d’avancer. Les vignes environnantes sont truffées de mines sur lesquelles plusieurs hommes et des brancardiers ont sauté en portant secours aux blessés.Deux Tahitiens sont tués dans la progression: le 1re classe TetioroTeariki et le soldat de 2e classe OreoreAhutoru, grièvement blessé, qui décède le lendemain à Saint- Honoré (Hyères).
Golf hôtel.

Le Golf hôtel : une immense bâtisse dans les pins.Les Allemands l’ont transformé en une véritable forteresse avec des abris souterrains, des casemates blindées et des observatoires qui dominent la plaine côtière. Deux sections de trente voltigeurs se préparent : tenue légère, pas de casque, pas de sacs, pas de vivres, cartouches et grenades à foison, mitraillettes, carabines et pistolets pour tous sauf FM.

Le 21 août à dix-huit heures quinze, l’artillerie se déchaîne et la poussière enveloppe rapidement tous les étages de l’hôtel. Les groupes s’élancent dans les fumigènes passent les barbelés et courent à leurs missions respectives. L’hôtel réapparait, intact des bombardements. Pas une brèche dans ses murs de béton. Les étages sont investis, grenades et rafales de mitraillettes réduisent ses défenseurs. Les hommes trouvent rapidement des tunnels où les FM sont mis en batterie. De premiers allemands se rendent : cent trente-sept prisonniers sont faits. Le 22 août, le bataillon pénètre dans Hyères.
Le 23 août, les Pacifiens du BIMP sont en position avancée au nord de La Garde accusant six jours et six nuits sans sommeil depuis leur débarquement à Cavalaire.

Ils reçoivent l’ordre de pousser vers le hameau de La Maurane, quelques maisons et une villa à l’orée d’un petit bois de pins avec un grand champ de deux cent mètres environ, truffées de barbelés et de nombreuses armes automatiques organisées en défense circulaire.La section tahitienne est à gauche, les Calédoniens sont à droite. A quinze heures, les salves des 105 et des 155 foudroient les arbres de la pinède, crèvent les tuiles des villas, les enveloppent de fumée et de poussière. Les éclaireurs se meuvent dans les premiers fossés, entrent dans les jardins, cisaillent les clôtures et les treillages des villas. Les voltigeurs s'élancent, sautent par-dessus les barbelés pour bousculer les défenseurs retranchés derrière les murs à coup de rafales de mitraillette qui se rendent. Les Tahitiens ont fait aussi une vingtaine de prisonniers qui sont acheminés vers l’arrière. Des tirs nourris provenant d’un ancien pigeonnier en lisière de la pinède à environ deux cent mètres du hameau répondent alors aux Pacifiens. Une cinquantaine d’Allemands sont retranchés dans des trous.

Le feu est meurtrier : le capitaine Perraud est tué d'une balle en plein front.

Les sergent- chef Temauri Fuller, le 1re classe Henri Avaeputa et le 2e classe Albert Tua sont tués. Le caporal-chef MahaheTeuru est fauché à son tour alors qu’il traverse les réseaux de barbelés battus par une arme automatique ennemie.
Les actes de bravoure font faire place à la riposte ennemie. Le caporal Claude Hugon atteint un premier nid de mitrailleuse allemande qu’il réduit de son FM. Il sera cité par le général Patch de la 7ème armée américaine.BrixEtilage couvre son groupe avec son fusil mitrailleur alors que le caporal Frédéric Tefaafanaa neutralise une position ennemie servie par une arme automatique.La section tahitienne occupe finalement le petit bois avec l’appui de deux chars des fusiliers marins.L’un des chars a été touché et brûle.

Seize hommes de la 1re compagnie sont morts dans l’assaut sur La Mauranne : huit calédoniens, cinq tahitiens et trois tirailleurs canaques. L’ennemi s’est défendu avec acharnement, laissant plus de trente cadavres sur le terrain, quarante blessés et cent trente-sept prisonniers.

Le sergent-chef Charles Bernardino décède de ses blessures.

Une balle explosive a couché MaurihauTamata de Rapa, déjà blessé à RotondaSignali. Il a une fracture ouverte à la cuisse droite. Son courage lui vaut d’être cité une troisième fois à l’ordre de la VIIe armée américaine du général Patch. TeriiNarii a le bras fracturé par un éclat.Ont été aussi blessés Maurihau Tamata, Aro Puhiri, Turi Rere et le vaillant Teheuira Poheroa.
Poheroa (nom prédestiné qui signifie « mort tout à fait ») a été touché par une rafale à la ceinture, faisant exploser une de ses grenades. Secouru, emporté par ses camarades, le ventre ouvert, les entrailles maintenues dans un casque serré contre l’abdomen, il va cependant survivre et entrera dans la légende.

La route de Toulon est désormais libre.



Rédigé par Jean-Christophe Teva SHIGETOMI le Jeudi 14 Août 2014 à 15:21 | Lu 1407 fois