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Henri Nott : un pasteur tahitien de cœur


PAPEETE, le 07 mai 2014 - Entre 1797 et 1844, Henri Nott, l’un des 18 missionnaires débarqués depuis le navire anglais Duff, a joué un grand rôle dans l’histoire et l’évangélisation polynésienne. Proche confident du roi Pomare II, puis de la reine mère Pomare, il resta fidèle au clan royal jusqu’à sa mort en 1844.

Henri Nott n’avait que 23 ans lorsqu’il est arrivé à Tahiti. Très vite, il s’est lancé dans l’œuvre d’évangélisation laquelle a tout d’abord rencontré de nombreux obstacles : Refus des prêtres païens d’accepter ces « pure atua » (prieurs de dieu) et hostilité de la population tahitienne qui avait réservé une attention exclusive à leurs dieux païens, tels ont été quelques-unes des mauvaises surprises qui ont jonché leur parcours d’évangélisateur. Le pasteur Nott a même échappé in extremis à trois tentatives d’assassinat. Malgré tout, rien ne l’a arrêté. Il était déterminé à connaitre ce peuple et sa langue. Mieux encore, il voulait vivre comme lui, à la « locale » comme diraient certains aujourd’hui.

Nott a appris le reo Tahiti plus vite que les autres. Il fut choisi pour faire le premier sermon en tahitien, le dimanche 16 août 1801 puis l’année d’après, il parla couramment la langue. En 1805, les premières bases d’un alphabet tahitien sont posées. Malgré la détérioration du climat politique et l’insuccès de leur mission, les missionnaires persistèrent dans leur mission salvatrice.


Plus actif que jamais à Moorea

En 1808, deux chefs de tribu se rebellèrent contre Pomare II, engendrant ainsi une bataille sanglante qui décima les troupes royales. Le souverain, dont l’objectif était clairement d’imposer le nouveau dieu, s’exila à Moorea pendant quelques années. Henri Nott demeura à ses côtés. Le pasteur en profita pour multiplier ses efforts en faveur de dieu. Il créa par exemple la première école biblique à Papetoai. Véritable succès puisque des chefs de Tahiti et des îles-sous-le-vent venaient y suivre des cours liturgiques.

Finalement, Pomare II finit par vaincre ses ennemis et retourna à Tahiti en 1815, après la bataille de Fē’ī Pī, ramenant par la même occasion son fidèle ami.

Le code Pomare de 1819

Il a tout de même fallu 4 années de négociations avec le roi pour que le code de loi soit enfin rédigé. De l’avis des spécialistes, ce code était le reflet des conceptions puritaines des missionnaires de la London Missionary Society lequel allait surtout bouleverser la vie et les mœurs des Polynésiens. Aujourd’hui encore, certains haut dignitaires de l’Eglise Evangélique Protestante Mā’ohi parlent d’un code imposé dont l’objectif inavoué était l’anéantissement pure et simple des croyances et pratiques de l’époque (idolâtrie, orgies, infanticides et crimes divers). Objectif atteint 170 ans plus tard.


Un long travail de traduction

La plus grande œuvre d’Henri Nott restera incontestablement la rédaction de la bible en langue tahitienne. Un travail de plus de 15 années d’efforts, en compagne de ses diacres achevé le 18 décembre 1835, à 1h35 du matin. Les premières éditions connurent un succès sans précédent. Le pasteur Henri Vernier expliquait d’ailleurs que « Des pirogues à voiles venaient même des Tuāmotu pour acheter la bible. ». A noter que depuis le baptême de Pomare II en 1819, le grand prêtre Patii du marae Ueva de Moorea avait suivi l’exemple du roi, en détruisant par le feu toutes les anciennes idoles et sculptures.

L’autre cause a, paraît-il, un lien avec des paroles entendus un jour lors d’un sermon donné par le pasteur Nott. Henri Vernier complète : « Il avait tellement été touché par les paroles de Nott qu’il décida de tourner son regard vers les croyances chrétiennes. » Un exemple repris depuis par la totalité des habitants de la Polynésie. Et depuis, les adorateurs des dieux ‘Oro ou Taaroa ont disparu, bien qu’ils restent bien présents dans les contes et légendes du fenua. L’œuvre du révérend Henere Notti a servi toutes les confessions qui se sont installées depuis à Tahiti.

Les Mormons, par exemple n’hésitent pas à dire que « le pasteur Nott a pavé le chemin de nos premiers missionnaires. » Preuve de la reconnaissance des polynésiens à cet homme de dieu, tahitien de cœur, l’épitaphe posée sur sa tombe lui rendant hommage en ces termes : « précurseur du tahitien ».

TP


Un alphabet de 13 lettres.

L’alphabet tahitien préconisé par Henri Nott, à son époque est toujours valable. C’est d’ailleurs ce que les polynésiens appellent le Pī’apa . Il se compose de 8 consonnes qui sont les : F, H, M, N, P, R, T et V, ainsi que 5 voyelles : A, E, I, O et U.
En reo Tahiti, elles se prononcent de la manière suivante :
AE (é) - Fa – He (hé) – I - Mo – Nu (Nou) – O - Pi – Ro – Ti – U (ou) et Vi

Rédigé par TP le Mardi 6 Mai 2014 à 15:27 | Lu 1359 fois