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Guerre en Ukraine : Poutine assure que "la balle est dans le camp" de ses adversaires


Crédit Alexander NEMENOV / AFP
Crédit Alexander NEMENOV / AFP
Moscou, Russie | AFP | vendredi 19/12/2025 - "La balle est dans le camp" de l'Ukraine et de ses soutiens européens pour négocier la fin de la guerre, a estimé vendredi Vladimir Poutine, après s'être félicité des progrès de l'armée russe sur le front et avoir nié toute responsabilité dans ce conflit qui entrera bientôt dans sa cinquième année.

Le président russe a consacré de longs moments de sa grande conférence de presse annuelle, qui a duré plus de quatre heures, à évoquer l'offensive en Ukraine, déclenchée en février 2022.

Il s'est félicité des gains territoriaux obtenus dans l'est de l'Ukraine par les forces russes, assurant que celles-ci "avancent sur toute la ligne de contact" et que les Ukrainiens "reculent dans toutes les directions".

"Je suis sûr qu'avant la fin de cette année, nous assisterons encore à de nouveaux succès", a-t-il encore dit pendant cette émission, qui combine conférence de presse et réponse aux questions de la population.

Les troupes russes ont accéléré cette année leurs conquêtes sur le front en Ukraine, dont elles contrôlent environ 19% du territoire.

Interrogé par un journaliste américain sur sa responsabilité personnelle dans le conflit le plus sanglant sur le sol européen depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Vladimir Poutine a répondu : "Nous ne nous considérons pas responsables de la mort des gens, parce que nous n'avons pas commencé cette guerre". Avant d'imputer une nouvelle fois sa survenue aux autorités ukrainiennes.

Le chef de l'Etat a jugé que c'était désormais à Kiev et à ses alliés européens d'accepter qu'il soit mis fin aux hostilités, Moscou ayant déjà fait des "compromis" au cours de pourparlers avec les Américains.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en visite vendredi à Varsovie pour rencontrer pour la première fois son homologue polonais Karol Nawrocki, a quant à lui averti qu'en cas de défaite de l'Ukraine, la Russie s'en prendrait "inévitablement" à la Pologne voisine.

- "Respectez nos intérêts" -

Les Etats-Unis multiplient les tractations diplomatiques, avec en particulier une rencontre entres émissaires russes et américains à Miami ce week-end, en vue de préparer un plan pour l'Ukraine. Ce texte implique des concessions territoriales mais aussi des garanties de sécurité pour l'Ukraine.

Et alors qu'on lui demandait s'il y aurait de "nouvelles opérations militaires spéciales", le nom donné par la Russie à son intervention en Ukraine, M. Poutine a martelé: "Il n'y aura aucune opération si vous nous traitez avec respect et respectez nos intérêts".

Le président russe a par ailleurs mis en garde les Européens contre des "conséquences très lourdes" en cas de saisie des avoirs russes gelés pour aider l'Ukraine, évoquant mesures de représailles et recours en justice.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a pour sa part fustigé la proposition des Européens de déployer une force multinationale en Ukraine, les accusant de vouloir faire de ce pays un "tremplin pour menacer la Russie".

M. Poutine a en outre annoncé que la Russie pourrait "s'abstenir" de procéder à des frappes en profondeur en Ukraine le jour de la présidentielle si Kiev décidait qu'un tel scrutin aurait lieu.

Volodymyr Zelensky, pressé par Donald Trump à ce sujet, s'était dit début décembre prêt à organiser cette élection si les conditions de sécurité étaient réunies.

- Le Seigneur, l'amour et une comète -

M. Poutine, 73 ans et au pouvoir depuis un quart de siècle, est rompu à l'exercice qu'est cette grande conférence annuelle. Il s'exprime à cette occasion sur un vaste spectre de sujets allant de la géopolitique aux préoccupations concrètes de la population.

Interrogé sur le chercheur français Laurent Vinatier, emprisonné en Russie et qui pourrait être jugé pour espionnage, il a affirmé "ne rien savoir" de l'affaire et qu'il se pencherait sur le dossier.

De nombreuses questions ont porté sur la situation économique et la détérioration du niveau de vie.

Si l'économie russe a résisté jusqu'ici face aux restrictions visant notamment ses exportations d'hydrocarbures, les difficultés qu'elle traverse s'expriment via des pénuries de main-d'oeuvre, le coût prohibitif des crédits bancaires et la hausse des prix.

Dans un contexte de ralentissement économique, la Banque centrale russe a abaissé vendredi son taux directeur de 16,5% à 16%, maintenant son objectif de ramener l'inflation à 4%, contre 6,6% en novembre sur un an.

Comme au cours des éditions précédentes, M. Poutine a aussi répondu à une pléthore de doléances locales, s'engageant à régler des problèmes de particuliers ou à réprimander des responsables régionaux.

Il a promis de discuter avec le gouvernement des taxes sur les commerces après la plainte d'un boulanger, refusé toute réglementation des prix ou encore parlé du passage d'une comète près de la Terre, affirmant en plaisantant qu'il s'agissait d'une "arme secrète" de la Russie.

Et il a répondu "oui" à la question d'une journaliste lui demandant s'il était amoureux, glissé que, pour lui, le patriotisme avait commencé avec ses parents et qu'il croyait "au Seigneur, qui est avec nous et qui n'abandonnera jamais la Russie".

Quelque trois millions de questions ont été posées au président, triées avec l'aide de l'intelligence artificielle, selon le Kremlin.

Ce programme, sous diverses formes, est organisé quasiment chaque année depuis 2001. En 2022, il n'avait pas eu lieu, l'armée russe venant alors d'essuyer des revers importants en Ukraine.

le Vendredi 19 Décembre 2025 à 06:12 | Lu 84 fois