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Groupe Mélanésien Fer de Lance : Fidji cède la Présidence au FLNKS


Passation de Présidence : Le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama offre un « lali » (tambour fidjien) à Victor Tutugoro, désigné par le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie, lors d’une cérémonie mercredi soir. (Source photo : ministèr
Passation de Présidence : Le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama offre un « lali » (tambour fidjien) à Victor Tutugoro, désigné par le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie, lors d’une cérémonie mercredi soir. (Source photo : ministèr
NOUMÉA, vendredi 21 juin 2013 (Flash d’Océanie) – Le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama, qui dirige un gouvernement issu de son putsch de décembre 2006, a officiellement passé ses pouvoirs de Président du Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL) à Victor Tutugoro, désigné par le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie, lors d’une cérémonie mercredi soir.
Cette cérémonie s’est déroulée au Centre Culturel Jean-Marie Tjibaou, en présence des dirigeants mélanésiens des États membres de ce groupe (Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Salomon, Vanuatu).
Le Premier ministre papou Peter O’Neill s’était fait représenter par son Vice-Premier ministre Leon Dion.
En passant cette présidence au FLNKS (le cinquième membre, non étatique, du GMFL), le Contre-amiral fidjien a souligné les réalisations et avancées effectuées ces deux dernières années sous sa Présidence, y compris au plan de l’élargissement d’un accord de libre-échange commercial, la mise en place de programme de mobilité des travailleurs au sein de la zone, ou encore des efforts en vue de coordonner les polices mélanésiennes pour mieux lutter contre la criminalité nationale ou transnationale.
Un autre projet vise à créer une cellule de coordination et de préparation de soldats mélanésiens susceptibles de se joindre aux forces onusiennes de maintien de la paix, domaine dans lequel l’armée fidjienne jouit d’une expérience de plus de trente ans.
Au terme de ses deux années de Présidence, l’homme fort de Suva a aussi souligné, dans son discours, que l’élargissement du nombre de pays impliqués, en tat qu’observateurs, dans le GMFL, avait aussi contribué à un renforcement de la présence et de l’importance de ce groupe aux plans régional et international.
Pour illustrer son propos, symboliquement, M. Bainimarama, au cours de cette cérémonie, a aussi remis à M. Tutugoro un « lali », tambour en bois sculpté de Fidji, utilisé couramment dans cet archipel pour sonner les temps forts de la communauté.
Le GMFL, fondé à l’origine en soutien au mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, fête cette année ses 25 ans d’existence.
« Je suis persuadé que (le GMFL) est en de bonne mains », a souligné le Contre-amiral.

Le discours (en Anglais) du Contre-amiral


Parmi les autres personnalités représentées en bonne place lors de cette cérémonie : le Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Harold Martin, qui a une nouvelle fois évoqué le souhait de cette institution de rejoindre le GMFL, éventuellement en se substituant au FLNKS.


Le Premier ministre de Vanuatu, Moana Carcasses, Victor Tutugoro (Président du GMFL pour le FLNKS), le Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie Harold Martin, et le Premier ministre Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama. (Source photo : minis
Le Premier ministre de Vanuatu, Moana Carcasses, Victor Tutugoro (Président du GMFL pour le FLNKS), le Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie Harold Martin, et le Premier ministre Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama. (Source photo : minis
Premiers symboles forts pour le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Mais ce processus, selon, lui, devra se faire « au rythme que souhaiteront lui donner les membres du Groupe Fer de Lance Mélanésien et dans le respect des aspirations de chacune des parties ».
Déjà, au plan symbolique, le drapeau français a été hissé lors de ces cérémonies de milieu de semaine, conformément au protocole qui veut depuis deux ans que la Nouvelle-Calédonie hisse à la fois le drapeau bleu blanc rouge et celui de « Kanaky », adopté depuis de longues années par le FLNKS.
M. Martin a ainsi pu s’exprimer, au même plan que les deux protagonistes de cette passation de pouvoirs.
Il a aussi été inclus dans toutes les photos officielles.
À l’occasion de la tenue de cette série de réunion Fer de Lance, les institutions de la Nouvelle-Calédonie (provinces, Congrès) se sont fortement impliquées, y compris financièrement, avec l’appui logistique de l’État français, notamment pour des questions diplomatiques de protocole et de sécurité.


Selon M. Tutugoro, « la présidence du FLNKS que j’aurai l’honneur de conduire devra permettre au Groupe du Fer de Lance de relever cinq grands défis : l’organisation du Groupe, la capacité de la Mélanésie à devenir une zone de stabilité, condition nécessaire pour le développement, le progrès et la solidarité entre les peuples, l’accompagnement de processus en cours au sein de la Mélanésie (…) Enfin, et pour ce qui nous concerne, Kanaky-Nouvelle-Calédonie, travailler inlassablement à une meilleure intégration de notre pays dans la région du Groupe Fer de Lance (...) Pour réussir ces défis, notre présidence cultivera une très grande concertation ».
Le lendemain, jeudi 20 juin 2013, un accord était renouvelé entre le GMFL et le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, portant sur une aide de l’ordre de 210.000 euros et qui vise à mieux intégrer la sphère francophone u sein de cette organisation subrégionale, notamment par des moyens accrus de traduction et d’interprétation.

Quant à l’épineuse question de la revendication mélanésienne au sein du territoire indonésien d’Irian Jaya (Papouasie occidentale), elle a fait l’objet de nombreux débats depuis le début des réunions, mi-juin 2013, en Nouvelle-Calédonie.
Un projet d’octroyer à ce mouvement un statut d’observateur ou de membre plein, soutenu jusqu’à récemment par Vanuatu et les îles Salomon, a finalement été différé.
L’Indonésie, qui est membres observateur du GMFL depuis deux ans, a transmis début juin 2013 via Fidji une proposition de visite de ministres mélanésiens sur place avant la fin 2013, afin de se rendre compte in situ de la situation dans cette province annexée par Djakarta en 1963.
Ces derniers mois, plusieurs épisodes de violents affrontements entre militants présumés du front de libération OPM et les forces de sécurité indonésiennes ont été signalés, et les bilans non confirmés de plusieurs dizaines de victimes.
Les autorités indonésiennes ont depuis formellement démenti ces allégations.
Le 1er mai 2013, lors d’une manifestation dans cette province, la police a arrêté une vingtaine de personnes, suscitant les protestations du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme.
Dimanche 16 juin 2013, un nouvel incident a été signalé dans cette province indonésienne : un poste de police a été pris d’assaut par une foule d’une centaine de personnes, à Oksibil.
Bilan : deux policiers blessés, plusieurs voitures et des motos de police saccagées, selon la police indonésienne.
De nouveaux renforts ont depuis été déployés dans cette zone.
Le Premier ministre papou, Peter O’Neill, quant à lui, se trouvait toute la semaine en Indonésie, pour une visite d’État et à la tête d’une délégation de dix de ses ministres.
Une petite douzaine de contrats et de conventions de coopération a été signée à l’issue de ce déplacement, dans des domaines aussi variés que l’économie, le commerce, l’exploitation de minerais, de pétrole, de gaz naturel, ou encore la mise en place de dessertes aériennes directes entre Port-Moresby et Bali.
Lors d’une rencontre avec le Président indonésien Susilo Bambang Yudhyono, les questions de sécurité ont aussi été abordées, avec en premier lieu la question de la gestion de la zone frontalière entre la Papouasie occidentale (partie Ouest de l’île de Nouvelle-Guinée, province indonésienne) et la Papouasie-Nouvelle-Guinée (partie orientale de cette énorme île).
Dans cette zone, les incidents se produisent régulièrement, impliquant souvent des membres des forces armées indonésiennes engagés contre ce qu’ils qualifient de rebelles séparatistes papous.
Ces derniers tentent de traverser la frontière pour se réfugier en territoire de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
La construction d’un poste frontière doté d’infrastructures et de moyens, pour la première fois, a fait l’objet d’un de ces onze accords signés cette semaine à Djakarta.
Un traité portant sur l’extradition de réfugiés à venir a aussi été conclu.
Ces accords portent aussi sur une coopération économique dans le domaine de l’exploitation minière, l’éducation supérieure, la jeunesse et les sports (la Papouasie-Nouvelle-Guinée accueillera les Jeux du Pacifique en 2015), la culture et le tourisme, a indiqué le gouvernement de Djakarta.
Les dirigeants des deux pays ont parlé ensemble d’une étape « historique » dans le renforcement de leurs relations bilatérales, à l’issue de ces rencontres pour lesquelles le dirigeant papou a été accueilli avec tous les honneurs.
« L’Indonésie est notre plus proche voisin, il est donc important pour nous de poursuivre un dialogue constructif », avait précisé M. O’Neill avant son départ pour Djakarta.
Au pouvoir depuis août 2011, M. O’Neill, concernant le dossier sensible de la souveraineté indonésienne sur la partie occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée, depuis l’annexion en 1963, s’est plutôt positionné en mode neutre.
Cette semaine, à Djakarta, il a réaffirmé que « la Papouasie occidentale fait partie intégrante de l’Indonésie ».

Le Premier ministre papou n’est pas le seul à être plus que tiède concernant un soutien frontal au mouvement indépendantiste papou d’Irian Jaya : Fidji aussi, dont l’homme fort, le Contre-amiral Franck Bainimarama, qui dirige depuis fin 2006 un exécutif issu de son putsch, a amorcé ces derniers mois une coopération avec l’Indonésie.
Sur la question de la Papouasie occidentale, Suva est aussi peu prolixe sur le soutien du GMFL au mouvement indépendantiste.
Mardi 4 juin 2013, M. Bainimarama recevait à Nadi (Fidji) le ministre indonésien des affaires de sécurité, Djoko Suyante, en marge d’une réunion internationale consacrée à l’industrie sucrière, a annoncé le ministère fidjien de l’information dans un communiqué.
Objectif annoncé : renforcer les relations entre Suva et Djakarta, notamment en matière de coopération policière et de lutte contre les incendies.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée (7 millions d’habitants) et Fidji (près de 900.000), aussi bien au plan économique que politique, sont les deux membres les plus influents au sein du GMFL.
Ce groupement, fondé à l’origine en 1988 en soutien au mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, fête cette année ses 25 ans.
Au cours de ces 25 années, le GMFL a élargi le champ de ses domaines d’intervention, pour toucher des thématiques d’échanges commerciaux, de mobilité du travail pour, de manière générale, tendre vers un concept de marché commun et de libre-échange entre pays membres, sous l’impulsion de ses États les plus avancés, comme Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui font figure de locomotives de cette union subrégionale.

Le vendredi 21 juin 2013 devrait avoir lieu au siège du Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS) la session plénière, qui devrait se conclure par l’adoption et la publication d’un communiqué final de la part des dirigeants.

pad

Rédigé par PAD le Vendredi 21 Juin 2013 à 04:26 | Lu 1398 fois