Tahiti Infos

Grève chez ATN : "Nous avons une visibilité à plus de 15 jours", rassure Michel Monvoisin


Michel Monvoisin, Président-directeur général (P-dg) de la compagnie aérienne Air Tahiti Nui.
Michel Monvoisin, Président-directeur général (P-dg) de la compagnie aérienne Air Tahiti Nui.
PAPEETE, 2 décembre 2016 - Le P-dg d’Air Tahiti Nui assure que l’entreprise à "une visibilité à plus de 15 jours" sur le programme de vols de la compagnie aérienne : "Nous avons pris des dispositions pour que les vols se fassent", confirme Michel Monvoisin, alors que l’antenne maison du Syndicat national des mécaniciens au sol de l’aviation civile (SNMSAC-UNSa) est officiellement en grève depuis vendredi matin, pour une durée illimitée.

> Lire aussi : Personnels techniques : la grève est déclarée chez ATN

Air Tahiti Nui est, par ailleurs, destinataire depuis jeudi d'un nouveau préavis de grève, déposé par le syndicat UPA (Union pour l'avenir d'ATN), avec une échéance programmée au jeudi 8 décembre. Faute d'accord, ce deuxième mouvement entrerait en vigueur pour une durée de 24 heures renouvelable. Mais pour l'instant, le grand patron souhaite rassurer les usagers.

Quel est l’impact de ce mouvement de grève sur le fonctionnement de la compagnie ?

Michel Monvoisin : Pour l’instant les vols se font sans difficulté. Notre priorité, comme toujours, c’est les passagers. Je respecte le droit de grève. Mais la liberté de circuler est aussi un droit. Je me suis assuré que cette liberté ne soit pas entravée. Nous avons pris des dispositions pour que les vols se fassent.

Jusqu'à quand, compte tenu de la grève en cours des personnels techniques ?

Michel Monvoisin : Nous n’avons pas de limite, aujourd’hui. Pour l’instant nous avons une visibilité à plus de 15 jours.

Quel impact cette grève peut-elle avoir sur la sécurité des vols ?

Michel Monvoisin : Aucun. Je vous rappelle que nous avons des autorités de tutelle. Tout ce que nous faisons est en conformité avec les règles, et se fait avec leur approbation.

Pensez-vous pouvoir venir à bout de cette crise rapidement ?

Michel Monvoisin : Je l’espère. Un tel événement n’est jamais agréable. C’est douloureux pour la compagnie. Nous avons prévu de nous revoir en début de semaine. J’espère que l’on parviendra rapidement à nous entendre. Nous sommes très positifs.
Et encore une fois, notre priorité, en décembre, à la veille des fêtes, c’est de maintenir nos vols. Nous pouvons discuter entre nous, ne pas être d’accord ; mais on n’a pas le droit de prendre les passagers en otage
.

Qu’est-ce qui pose encore problème avec les revendications du syndicat des personnels techniques ?

Michel Monvoisin : Ils nous ont pris de court avec une liste de revendications à la Prévert. On nous présente d’une part des craintes liées à l’arrivée du Boeing et à ce que ça va entraîner en terme de reconversion ; et des revendications salariales. La compagnie gagne de l’argent. Nous avons des élections en janvier pour renouveler les membres du Comité d’entreprise et des délégués du personnel. Tout cela aiguise des appétits.

Etes-vous disposé à répondre favorablement à leurs demandes en termes de rémunération ?

Michel Monvoisin : Pendant une semaine, nous avons parlé du métier. Nous avons toujours des points de désaccord sur l’évolution du métier. Ce sont des questions techniques. (…). Nous en sommes venus ensuite à parler de rémunération, sur la base d'une grille qu’ils souhaitent, avec des évolutions salariales… On continue les discussions.

Vous avez réalisé 4,8 milliards Fcfp de bénéfices en 2015. La compagnie est-elle prête à partager avec son personnel ?

Michel Monvoisin : Nous l’avons fait. Cela s'appelle l’intéressement du personnel au résultat. Nous avons versé une prime d’intéressement à chaque employé, suite aux bons résultats de 2015. C’est ça le partage de la richesse. Il n’est pas question pour d’augmenter brutalement les salaires, pour ensuite faire face à des problèmes en période difficile.
Vous savez, les 10 points d’augmentation du pétrole, suite à l’entente de l’OPEP, pour ATN c’est déjà l’assurance d’une augmentation de la charge carburant de 1 milliard Fcfp, en 2017. Certes, on a réalisé de bons résultats en 2015 ; mais ça peut changer très rapidement. Nous sommes dans une industrie fragile et très concurrentielle. Il nous faut être vigilants face aux revendications salariales. Nous avons l’obligation de maintenir une vision d’avenir, de réinvestir nos résultats dans l’outil de travail. Nous avons la responsabilité de cette entreprise et de l’avenir de tous ses salariés. Il y a probablement des améliorations que l’on peut apporter. Et on le fera. Mais il faut que les demandes soient raisonnables
.

Rédigé par Propos recueillis par JPV le Vendredi 2 Décembre 2016 à 11:34 | Lu 3698 fois