À quelques dizaines de mètres de la muraille de glace, chacun guette les craquements annonciateurs de spectaculaires éboulements…
Pacifique, Le 22 mai 2020 - La plus grande calotte glaciaire continentale, après celle du Groenland, se trouve au sud du Chili. Cap sur sa lèvre la plus australe, le Glacier Grey, qui se fracasse dans le lac homonyme… Tahiti infos vous y emmène, au cœur du parc des Torres del Paine en Patagonie.
Il nous aura fallu plus de trois heures, à pied, pour atteindre le Glacier Grey. Trois heures de marche soutenue, dans un paysage patagon d'une grande beauté, noyé dans les fleurs et les fruits du court été austral, au milieu des bosquets de nothofagus, arbres endémiques de la région.
Nous sommes au cœur du parc national Torres del Paine, dans sa partie ouest. Nous longeons le lago Grey sur lequel dérivent quelques spectaculaires icebergs, témoins de la fonte des glaces du grand "Campo de Hielo Sur" en direction duquel nous progressons.
Dans un terrible fracas
Le Glacier Grey est la partie sud du grand Campo de Hielo Sur, gigantesque calotte glaciaire barrant la Patagonie chilienne.
Cette calotte glaciaire est la plus vaste du monde après celle du Groenland. Pour la traverser, compte tenu des conditions climatiques, il faut des jours, souvent des semaines. Nous nous contentons de l'approcher par un chemin facile, compte tenu de la faiblesse du vent ce jour-là. Nous longeons le lac pendant près de deux heures et, au détour d'une petite forêt de nothofagus, apparaît enfin le mur de glace qui constitue la partie frontale du glacier. L'immense rivière blanche et scintillante se jette en effet dans un plan d’eau sur un front de trois kilomètres de large environ. Féerique vu de loin. De plus en plus extraordinaire au fur et à mesure que nous approchons. Le casse-croûte de la mi-journée aura pour cadre un éperon rocheux dominant la lèvre du glacier. En observant la glace, avec un peu de chance, on voit parfois des pans entiers du glacier, sur plus de cinquante mètres de hauteur, s'effondrer dans un terrible fracas, générant de puissantes vagues sur le plan d'eau vert calcédoine.
Éblouissant, hallucinant…
Un zodiac vient "renifler" le glacier de près. Le mur mesure trois kilomètres de long sur cinquante mètres de hauteur en moyenne.
À 15 heures, nous avons rendez-vous sur un minuscule ponton. Une grosse barque doit nous conduire à bord du « Grey II », seul bateau ayant le droit de naviguer dans cette zone protégée. Avec un pic terminé par une pointe métallique, les marins qui viennent nous chercher écartent quelques blocs de glace bloquant l'accès au ponton, fait de planches posées plus que fixées sur des rochers. Tout le monde calcule son saut pour atteindre la barcasse et au final, pas un pied n'est mouillé. Une fois à bord du « Grey II », le cap est mis de suite sur le front de glace. Éblouissant, hallucinant, les passagers se trouvent tous un peu à court de mots pour décrire leurs impressions entre deux "oh" et deux "ah". Le fait est que le spectacle est tout simplement prodigieux. À quelques dizaines de mètres du mur gelé, le blanc de la glace se pare de mille nuances ; les crevasses affichent des teintes de bleus veloutés passant du turquoise au bleuet. L'énorme glacier, imperceptiblement, glisse et rabote un colossal tablier de granit gris, aux formes arrondies.
Éboulement imminent
Ici plus qu'ailleurs, les conséquences du réchauffement climatique sont très visibles : les marins assurent qu'en trois ou quatre ans, le glacier a reculé de plus de cinq cents mètres, mettant à nu des mamelons rocheux auparavant invisibles. "Ce que l'on n'a jamais vu surtout, c'est autant de beau temps" nous lance l'un d'eux. C'est vrai que depuis huit jours, le massif des Torres del Paine se découpe sur un ciel azuré sans nuage. Il fait beau et presque chaud, des conditions climatiques favorables au réchauffement du glacier qui, en ce milieu d'après-midi, et sous la poussée des glaces situées en amont, n'en finit pas de craquer. Évidemment, tout le monde, sur le bateau, guette le grand bruit annonciateur d'un effondrement imminent. Une heure plus tard, appareils photos saturés de clichés, le « Grey II » met le cap sur l'autre bout du lac où nous attendent quelques gros icebergs paresseusement échoués sur la plage, à la manière de gros phoques en pleine sieste. Une navette nous ramènera à notre hôtel. Après la glace et l'eau, la terre ferme…
Immense Campo Hielo Sur
Le grand champ de glace inondant le sud de la Patagonie chilienne, et dont le Lago Grey est une extrémité sud, est localement appelé Campo de Hielo Sur ou, plus rarement Campo de Hielo Patagonico Sur. Pratiquement toute sa surface (14 200 km2 sur un total de 16 800 km2) appartient au Chili, le reste se trouvant en territoire argentin. La traversée du Campo demeure une aventure extrême aujourd’hui encore et peu de visiteurs se hasardent à la tenter. Quant à descendre le Campo (dans le sens de sa longueur), c’est encore plus aléatoire puisqu’il étale ses crevasses meurtrières sur 350 km de longueur (entre les latitudes 48º20' et 51º30' S). Cette calotte glaciaire constitue évidemment une formidable ressource en eau douce, mais sa fonte accélérée laisse craindre une diminution très sensible de ses dimensions et volumes dans les prochaines années. Pour la petite histoire, ce champ de glace a été exploré pour la première fois durant l’été austral de 1913-1914. Une expédition de quatre hommes Fedrerico Reichert, Cristóbal Hicken, Lucien Hauman et Juan Jörgensen) a gagné le fjord San Andres (sur la côte Pacifique) en partant du canal Tempano (partie du lac Argentino, en Argentine bien sûr). Pour illustrer la difficulté qu’il y a à parcourir cette région, il faut se souvenir que ce n’est qu’en 1955-1956 (décembre-janvier) que fut réalisée la première traversée d’ouest en est (du fiord Peel au glacier Perito Moreno)
Le parc Torres del Paine pratique
Pour y aller par avion
Papeete-Santiago-Punta Arenas par Latam (deux jours de trajet, car une nuit obligatoire à Santiago).
Pour y aller de Punta
Une nuit en transit à Punta Arenas permet de goûter à la Patagonie (hôtel José Noguiera, splendide demeure classée monument historique, hôtel Cabo Hornos, refait fin 2005, une merveille de design moderne, ou hôtel Finis Terrae avec son restaurant panoramique). Deux heures trente de route jusqu'à Puerto Natales, puis deux heures de piste jusqu'à l'entrée du parc (400 km entre Punta et le parc).
Le Parc Torres del Paine
Le Parc Torres del Paine a été créé en 1959 et couvre 181 414 ha. Latitude sud : 51°10'. Longitude ouest : 72°57'. Province : Ultima Esperanza. Altitude : de 50 à 3 050 m.
Quand y aller ?
L'été austral (de novembre à mars) est la période idéale, pour profiter d'une météo pas trop capricieuse. Température moyenne en été : 10,8°C. Mois vivement conseillé : janvier
Comment y aller ?
Équipez-vous pour résister au froid et à la pluie, car le sud de la Patagonie réserve des surprises et les boutiques d'hôtels ne permettent pas de se constituer une garde robe complète. Veiller à avoir de solides chaussures de marche, chaudes et confortables (on peut tout trouver dans la zone franche de Punta Arenas).
À acheter
Pas vraiment de shopping patagonien. Ramenez des photos et des livres (la meilleure librairie du sud chilien se trouve à l'aéroport de Punta Arenas).
L'hébergement
- Hôtel Explora Patagonia
Très grand luxe, vue sur le haut des tours dans le lointain.
www.explora.com
- Las Torres Hotel Estancia Luxe, au pied du massif, mais pas de vue directe sur celui-ci.
www.lastorres.com
- Hôtel Lago Grey
À partir de l'hôtel (propriétaire du bateau naviguant sur le lac), nombreuses activités : balades à cheval, à vélo, trek bien sûr dans le parc, rafting, pêche dans les torrents, marche sur le glacier…Une semaine est un minimum au parc Torres del Paine compte tenu de la météo tout de même capricieuse au sud de la Patagonie. Il faut absolument se donner le temps de voir le glacier sous un beau soleil.
www.lagogrey.com/en/
Papeete-Santiago-Punta Arenas par Latam (deux jours de trajet, car une nuit obligatoire à Santiago).
Pour y aller de Punta
Une nuit en transit à Punta Arenas permet de goûter à la Patagonie (hôtel José Noguiera, splendide demeure classée monument historique, hôtel Cabo Hornos, refait fin 2005, une merveille de design moderne, ou hôtel Finis Terrae avec son restaurant panoramique). Deux heures trente de route jusqu'à Puerto Natales, puis deux heures de piste jusqu'à l'entrée du parc (400 km entre Punta et le parc).
Le Parc Torres del Paine
Le Parc Torres del Paine a été créé en 1959 et couvre 181 414 ha. Latitude sud : 51°10'. Longitude ouest : 72°57'. Province : Ultima Esperanza. Altitude : de 50 à 3 050 m.
Quand y aller ?
L'été austral (de novembre à mars) est la période idéale, pour profiter d'une météo pas trop capricieuse. Température moyenne en été : 10,8°C. Mois vivement conseillé : janvier
Comment y aller ?
Équipez-vous pour résister au froid et à la pluie, car le sud de la Patagonie réserve des surprises et les boutiques d'hôtels ne permettent pas de se constituer une garde robe complète. Veiller à avoir de solides chaussures de marche, chaudes et confortables (on peut tout trouver dans la zone franche de Punta Arenas).
À acheter
Pas vraiment de shopping patagonien. Ramenez des photos et des livres (la meilleure librairie du sud chilien se trouve à l'aéroport de Punta Arenas).
L'hébergement
- Hôtel Explora Patagonia
Très grand luxe, vue sur le haut des tours dans le lointain.
www.explora.com
- Las Torres Hotel Estancia Luxe, au pied du massif, mais pas de vue directe sur celui-ci.
www.lastorres.com
- Hôtel Lago Grey
À partir de l'hôtel (propriétaire du bateau naviguant sur le lac), nombreuses activités : balades à cheval, à vélo, trek bien sûr dans le parc, rafting, pêche dans les torrents, marche sur le glacier…Une semaine est un minimum au parc Torres del Paine compte tenu de la météo tout de même capricieuse au sud de la Patagonie. Il faut absolument se donner le temps de voir le glacier sous un beau soleil.
www.lagogrey.com/en/
Un réchauffement bien visible
Image surréaliste que celle de ces touristes allemands prenant un bain dans un lac au cœur du parc des Torres del Paine. Notre guide nous confiera qu’il y a quelques années, ce passage très exposé était toujours extrêmement venté et qu’il fallait longer la rive en imperméable tant le vent, tous les jours ou presque, soulevait de gouttelettes et d’embruns. Le jour où cette photo a été prise, il n’y avait pas un souffle d’air ; la température était supérieure à 20° et des baigneurs barbotaient, façon Copacabana ou Acapulco ! Le changement climatique est plus que visible en Patagonie et malheureusement le phénomène ne fait que s’accentuer année après année...