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Gaza: accord sur une trêve et une libération d'otages et de détenus palestiniens


JACK GUEZ / AFP
JACK GUEZ / AFP
Jérusalem, Non défini | AFP | mercredi 22/11/2023 - Après plus de six semaines de guerre, Israël et le Hamas ont annoncé mercredi un accord prévoyant la libération de 50 otages retenus à Gaza en échange de 150 prisonniers palestiniens et d'une trêve de quatre jours dans le territoire palestinien.

Alors que la bande de Gaza où le Hamas a pris le pouvoir en 2007 est toujours visée par des bombardements israéliens mercredi, plusieurs médias ont annoncé que la trêve devrait entrer en vigueur jeudi à 08H00 GMT.

Le Qatar, un des médiateurs de l'accord, a annoncé tôt le matin qu'une "pause humanitaire" serait annoncée "dans les prochaines 24 heures" et durerait "quatre jours, avec possibilité de prolongation".

Le gouvernement israélien a annoncé avoir approuvé "dans les grandes lignes" un accord portant sur la libération d'au moins 50 otages, des femmes et des enfants, "pendant quatre jours au cours desquels il y aura une accalmie dans les combats". 

En Israël, la principale association de familles d'otages s'est déclarée "heureuse" de l'annonce d'une "libération partielle", précisant toutefois ne pas savoir pour l'instant "qui sera libéré et quand".

"Cela me donne l'espoir de voir mes filles revenir", a déclaré Maayan Zin, mère de deux enfants retenus à Gaza. 

L'accord a été annoncé au 47e jour de la guerre, déclenchée par une attaque d'une ampleur et d'une violence inédites dans l'histoire d'Israël menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien, dans laquelle 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités.

Environ 240 personnes ont été enlevées le jour de l'attaque du Hamas, qui a pris en 2007 le pouvoir à Gaza, territoire de quelque 360 km2 assiégé depuis le 9 octobre par Israël qui y a coupé les approvisionnements en eau, électricité et carburant. 

En représailles à l'attaque du 7 octobre, Israël, qui a promis "d'anéantir" le Hamas, bombarde sans relâche par terre, mer et air la bande de Gaza, où plus de 14.000 personnes ont été tuées dont plus de 5.800 enfants, selon le gouvernement du Hamas.

50 otages contre 150 détenus palestiniens

Les bombardements israéliens ont dévasté le territoire palestinien et provoqué une grave crise humanitaire selon l'ONU avec notamment le déplacement de plus de 1,7 million des 2,4 millions d'habitants du territoire, où l'aide entre au compte-gouttes. 

Détaillant les modalités de l'accord, le porte-parole des Affaires étrangères du Qatar, Majed Al-Ansari, a indiqué que "chaque jour, un certain nombre d'otages seront libérés, et ce nombre devrait atteindre 50 au 4e jour" de trêve. L'accord ne prévoit pas la libération de militaires enlevés. 

Un haut responsable du Hamas a dit à l'AFP s'attendre à ce "qu'un premier échange de 10 otages contre 30 prisonniers soit réalisé dès jeudi" et que la trêve pourrait être prolongée au-delà des quatre jours.

Israël a diffusé une liste de 300 prisonniers palestiniens susceptibles d'être relâchés (33 femmes, 123 adolescents de moins de 18 ans, et 144 jeunes d'environ 18 ans). Parmi eux figurent 49 membres du Hamas. 

Selon les autorités israéliennes, 50 otages devraient être libérés en échange de 150 prisonniers palestiniens, pendant la trêve de quatre jours. Ensuite, d'autres échanges pourraient intervenir dans le cadre d'une extension de la trêve, pour une libération d'un total de 100 otages pour 300 prisonniers palestiniens.    

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, Mohammed Ziyadeh, dont la soeur de 29 ans est emprisonnée, s'est dit "très heureux" de sa libération attendue. "C'est une joie incomparable, nous espérons la libération de tous les prisonniers".

"Le plus dangereux au monde"

La pause humanitaire permettra en outre l'entrée d'un "plus grand nombre de convois humanitaires et d'aide d'urgence, y compris du carburant", a indiqué le Qatar. 

Quelque 200 à 300 camions d'aides entreront dans la bande de Gaza, dont huit avec du carburant et du gaz, a précisé un cadre du Hamas, Taher al-Nounou.

Le président palestinien Mamhmoud Abbas, comme ses homologues égyptien Abdel Fattah al-Sissi et américain Joe Biden ont salué l'accord conclu, alors que l'ONU, tout en le qualifiant de "pas important dans la bonne direction", a estimé que "beaucoup reste à faire".

Le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a jugé qu'une pause de quatre jours dans les combats n'était "pas assez pour mettre fin à la souffrance des civils".

La bande de Gaza est aujourd'hui "l'endroit le plus dangereux au monde pour un enfant", a dénoncé devant le Conseil de sécurité de l'ONU la patronne de l'Unicef, jugeant que des pauses humanitaires ne sont "pas suffisantes" pour arrêter ce "carnage".

"Plus de 5.300 enfants palestiniens auraient été tués en seulement 46 jours, cela représente 115 enfants par jour, chaque jour, pendant des semaines et des semaines", a déclaré Catherine Russell, déplorant ce bilan "sans précédent", auquel s'ajoute les risques d'épidémie et l'augmentation massive de la malnutrition.

"Mais quelle trêve?" 

Malgré cet accord pour une courte trêve, les parties au conflit disent rester sur leurs gardes, Israël affirmant que la guerre se poursuivrait pour "éliminer le Hamas et garantir qu'il n'y ait plus aucune menace pour l'Etat d'Israël depuis Gaza".

Mercredi, l'armée israélienne a poursuivi ses bombardements sur la bande de Gaza, où elle mène en outre depuis le 27 octobre une offensive terrestre contre le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Selon la défense civile à Gaza, plus de 30 personnes ont été tuées et des dizaines blessées après des frappes à l'aube sur des maisons d'une zone résidentielle dans le nord de la bande de Gaza.        

"Ils parlent de trêve, mais quelle trêve ? Une trêve avec des blessés, des morts, des maisons détruites? Nous ne voulons pas de trêve si nous ne pouvons pas retourner dans nos maisons, nous ne voulons pas de trêve pour un peu d'aide et de nourriture", a lancé Maysara al-Sabbagh, 42 ans, qui a fui les combats pour se réfugier à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

"Que signifie la trêve si je ne peux pas rentrer chez moi", a renchéri Saddam al-Sawafiri. "Nous dormons dans les rues depuis 40 ou 45 jours."

le Mercredi 22 Novembre 2023 à 05:59 | Lu 312 fois