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"Gaston Flosse soutient Marine Le Pen pour sauver sa tête" (Temaru)


Oscar Temaru et Moetai Brotherson, mercredi matin lors d'une conférence de presse donnée au siège du Tavini Huiraatira à Faa'a.
Oscar Temaru et Moetai Brotherson, mercredi matin lors d'une conférence de presse donnée au siège du Tavini Huiraatira à Faa'a.
FAAA, 26 avril 2017 - Oscar Temaru a accusé Gaston Flosse de mener campagne pour l’élection de Marine Le Pen à des fins uniquement personnelles. "Il soutient Marine Le Pen et le Front national pour sauver sa tête des condamnations qu’il a en en cours et à venir" a affirmé le leader souverainiste, mercredi lors d’une conférence de presse.

Pour soutenir ses accusations, Oscar Temaru a évoqué une "source plus que sûre", mercredi matin, sans révéler de nom. Mais il s'agirait d'un "cadre du Tahoera’a Huiraartira qui a pris ses distances". Selon cette révélation que le leader souverainiste aurait obtenue en début d’année, Gaston Flosse aurait "passé un accord" avec Marine Le Pen pour être affranchi des diverses condamnations pénales, financières et civiles qui pèsent sur son sort actuellement. "Nous savons très bien que le président de la République peut… absoudre – je préfère utiliser ce mot – M. Flosse de ses condamnations et le rendre éligible à nouveau", a défendu Oscar Temaru mercredi matin lors d’une conférence de presse. "C’est la promesse qu’il y a eu entre Marine Le Pen et M. Gaston Flosse. (…) Il soutient Marine Le Pen et le Front national pour sauver sa tête des condamnations qu’il a en en cours et à venir", a accusé le leader souverainiste.

Contacté au sujet de ces accusations, mercredi, le représentant local du Front national, Eric Minardi, n’a pas souhaité donner suite à notre demande. Moetai Brotherson, proche d’Oscar Temaru, avait déjà fait plusieurs allusions concernant ce prétendu pacte entre Flosse et Le Pen, lors d’un débat télévisé organisé à l’occasion de la publication des résultats du premier tour de la présidentielle, dimanche sur Polynésie 1ere. Aucun démenti n’a été fait depuis.

Ce qui est en jeu

Pour l’instant, selon l’analyse du parquet général de Papeete, condamné à 2 ans d’inéligibilité le 5 mars 2016 pour détournement de fonds publics dans l’affaire du Service d’études et de documentation (SED), Gaston Flosse pourrait devoir accomplir cette peine après avoir purgé celle de 3 ans qu’il exécute jusqu’au 23 juillet 2017, suite à sa condamnation définitive dans une autre affaire de détournements (emplois fictifs). François Quinquis, son avocat, estime au contraire que les deux peines d’inéligibilité s’exécutent en parallèle et se confondent depuis mars 2016. C’est à la faveur de cet avis que le fin pénaliste a convaincu Gaston Flosse de ne pas se pourvoir en cassation.

Mais au fond, l’analyse du ministère public est synonyme, pour le président de Tahoera’a Huiraatira, de disqualification aux élections territoriales d’avril 2018, puisque inéligible jusqu'en juillet 2019, tandis que selon son conseil le vieux lion retrouverait la plénitude de ses droits civils et civiques dès le 4 mars prochain, à quelques semaines du premier tour de scrutin de cette importante élection locale. Cette question capitale, dans une matière assez discutable, devra bien être tranchée en justice avant les prochaines territoriales. Confusion ou cumul des peines ? L’issue est juridiquement très incertaine. Finalement tout pourrait dépendre du renouvellement politique qui sera consécutif à la présidentielle de 2017. Le pari que fait le vieux routard de la politique serait donc, selon l’analyse accusatrice soutenue par Oscar Temaru, qu’élue à la présidence de la République le 7 mai prochain, Marine Le Pen n’agisse d’une manière ou d’une autre en influençant la justice dans l’intérêt d'un Gaston Flosse qui n'aura pas ménagé ses efforts pour la soutenir en Polynésie.

Et cela serait utile à plus d’un titre pour le leader autonomiste. Gaston Flosse est condamné définitivement depuis le 25 avril 2017 dans une affaire de gestion de fait (emplois cabinet) à rembourser, solidairement avec 21 complices, la somme de 231,5 millions Fcfp de débets au budget du Pays. Son avocat a annoncé, mardi, avoir engagé un recours gracieux auprès du ministère du Budget à Bercy. La réponse n’est pas attendue avant plusieurs semaines. Et d’ici là, le nouveau locataire de l’Elysée aura pris ses fonctions.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 26 Avril 2017 à 13:37 | Lu 8468 fois