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Gaston Flosse, l'interview exclusive


Gaston Flosse, l'interview exclusive
Devant le coup d'accélérateur donné par le gouvernement central à l'étude du projet de loi réformant la loi électorale en Polynésie, le sénateur Gaston Flosse pense qu'il est probable que des élections anticipées aient lieu d'ici la fin de l'année. Il en veut pour preuve la rapidité avec laquelle le projet de loi et l'avis de l'assemblée de Polynésie ont été transmis au Conseil d'Etat, dès jeudi. Le projet sera étudié en Conseil des Ministres dès mercredi à Paris. Pour le sénateur, l'UPLD aurait aussi des informations allant dans ce sens, et serait en train de se constituer un "pactole" en vue de ces élections.

Gaston Flosse, qui nous a reçu pendant plus d'une heure, revient aussi sur la voix de Chantal Galenon, "achetée" par l'UPLD, sur le "désamour" de la Polynésie dont il est victime et qu'il attribue aux campagnes de "calomnie" dont il a été l'objet dans les médias polynésiens. Il n'hésite pas non plus à parler d'un "acharnement" de la justice à son encontre. Voici l'intégralité de cette interview, réalisée vendredi dans son bureau de l'assemblée, et dont nous avons déjà diffusé un extrait lundi matin à l'occasion de l'ouverture du procès des emplois dits "fictifs" de la Présidence.


Tahiti Infos ; Revenons tout d’abord sur l’élection de Jacqui Drollet à la tête de l’assemblée, jeudi dernier. Pourquoi une élue de votre propre groupe, Tarita Sainjoux, a-t-elle présenté la candidature de l’UPLD Georges Handerson, alors que vous étiez vous-même candidat ?

Gaston Flosse : Jeudi matin, nous avons tenté de joindre Gaston Tong Sang, qui ne répondait pas, nous avons aussi appelé Tearii Alpha, qui était sur répondeur également, pour leur dire : « Ecoutez, si mon nom fait achopper une candidature unique des autonomistes, je suis prêt à me retirer, et que le To Tatou Ai’a présente un candidat ». Mais nous n’avons pas pu les joindre, et c’est comme cela que Jean-Christophe Bouissou s’est présenté alors qu’il était prévu que je sois le candidat des autonomistes. Bref cela n’est pas vraiment important.

Mais il y a quand même eu un rebondissement étonnant, quand Tarita Sainjoux a proposé la candidature de Georges Handerson…

Moi-même j’étais étonné puisque je peux vous assurer que je n’ai jamais parlé à G. Handerson d’un éventuel accord. Ce n’est qu’en séance, juste avant l’annonce des candidatures, que Tarita me dit : « Georges me demande de présenter sa candidature ». Elle m’a montré les SMS qu’ils se sont envoyés avant, lorsqu’il y a eu cette espèce de mini-sécession au sein de l’UPLD, avec Georges Handerson en tête, Kalin Vernaudon, et Fernand Roomataroa ( les deçus du gouvernement Temaru ndlr). Dans leurs discussions, il avait été question que G. Handerson se présente, mais les deux autres l’ont lâché…C’est lui qui a demandé par SMS à Tarita de présenter quand même sa candidature. Voilà ce qui s’est passé.

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Il n’y avait pas eu d’accord entre G.Handerson et vous ?

Il n’y a eu aucun accord. Alors quand Jacqui Drollet dit que c’est encore de ces magouilles anciennes, de la politique politicienne, c’est absolument faux. Par contre chez eux, alors oui, il y a de la magouille puisque déjà pour l’élection d’Oscar Temaru ils sont allés acheter la voix de Chantal Galenon, qui m’avait pourtant dit de lui faire confiance avant la motion.

Quand vous dites « achetée », vous pensez à quoi ?

Je n’ai pas dit qu’il y avait de l’argent, mais on a bien vu qu’hier (jeudi ndlr), après l’élection de Jacqui Drollet, ils lui ont proposé la 2ème vice-présidence de l’assemblée, ça a été la monnaie d’échange. Je n’ai pas dit qu’elle avait touché de l’argent encore que, qui sait…Mais pour revenir à ce poste qui lui a été attribué, le règlement de l’assemblée est bien précis : les fonctions au sein du bureau de l’assemblée sont attribuées à la proportionnelle aux groupes constitués. Or Mme Galenon ne fait partie d’aucun groupe, et son élection peut-être contestée.

Revenons sur votre intervention jeudi en séance : vous avez fait de vifs reproches à Gaston Tong Sang, qui vous fait les mêmes…Comment sortir de cette impasse ?

Ce qu’il faut bien se mettre dans la tête c’est que l’ennemi juré de Gaston Tong Sang, ce n’est pas Oscar Temaru, c’est Gaston Flosse. C’est facile à comprendre : il lui est impossible d’aller chercher des voix chez les indépendantistes. Il ne peut puiser son électorat qu’au Tahoeraa Huiraatira, d’où sa haine.

Vous parlez de haine, ça ressemble bien à une querelle de personne, non ?

Non ce n’est pas une querelle de personnes. Je ne reproche pas à Tong Sang d’avoir trahi son parti, je lui reproche d’avoir échoué à sortir la Polynésie de la crise. Il a été au pouvoir pendant 3 ans, Oscar Temaru l’a été pendant 4 ans, quand on additionne le temps qu’ils ont passé à la tête du pays depuis 2004, et tous les deux ont échoué.

Est-c e que malgré ces désaccords on peut envisager une alliance en vue des élections territoriales de 2013 ?

Il se peut que les élections ne soient pas en 2013, mais avant la fin de l’année, quand on voit le coup d’accélérateur donné par le gouvernement central dans l’étude de la loi électorale. Le texte de loi de Mme Penchard et l’avis de l’assemblée ont été transmis tels quels au Conseil d’Etat pour avis dès hier (jeudi). ce qui est étonnant, car elle aurait dû examiner notre avis et en tenir compte ou non…or elle n’a pas pris la peine de le faire. De plus le gouvernement a inscrit à l’ordre du jour cette réforme de la loi électorale le 28 avril (il sera examiné en conseil des ministres dès mercredi 20 selon l'AFP voir l'article, et la loi électorale est programmée au Sénat pour le 30 mai…Le mouvement est accéléré, on veut aller très vite tout d’un coup. Et peut-être que l’UPLD a quelques informations de Paris, lorsqu’on voit qu’ils se sont arrogés toutes les vice-présidences de l’assemblée, et que mercredi, selon toute vraisemblance, ils ne vont donner aucune commission à l’opposition.


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Qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie qu’ils s’accaparent toutes les ressources mises à disposition des vice-présidents de l’assemblée (1,7 million par mois par vice-président) et des présidents de commissions (1,2 million par mois). Il y a 11 commissions, ils vont se mettre de côté un trésor de guerre…Si c’est ça la démocratie à la Oscar Temaru, c’est la vraie dictature !

Parlons un peu de votre parti; le Tahoeraa Huiraatira. Comment voyez-vous son avenir après les résultats très moyens de 2008 ? Peut-il renaître de ses cendres ?

Ils n’étaient pas moyens, ils étaient très bas, nous avions perdu plus de 20.000 voix. Il faut se remettre au travail, je fais le tour de l’île des fédérations du Tahoeraa, et tous ces soirs ci nous tenons des réunions publics, récemment dans un quartier de la Mission. Vous, journalistes, vous devriez aller vous promener dans ces logements sociaux pour avoir un aperçu de la misère de ces populations. Une mère est venue me dire qu’elle n’avait plus de quoi nourrir ses 4 enfants. 3 ou 4 autres mères sont venues me dire qu’elles devaient 2 ou 3 millions à l’OPH, car Oscar Temaru leur avait dit ne plus payer leurs loyers, en leur promettant de les rendre propriétaires de leurs logements.

Et vous, vous ne faites pas de promesses à ces familles ?

Ah pas du tout je leur dis : je n’ai pas les moyens, je ne peux pas vous faire des promesses, mais si nous revenons aux affaires, nous réglerons vos problèmes.


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Il y a eu de nombreuses désertions dans votre parti ces dernières années, Bruno Sandras, Teva Rohritsch…Qui reste-t-il pour vous épauler dans une campagne électorale ?

Il reste beaucoup de monde, Edouard Fritch, René Temaharo, Tarita Sainjoux…, et nous sommes présents aux Marquises, aux Australes…Nos structures sont restées indemnes et nous sommes le seul parti organisé de la sorte. Je ne veux pas citer de noms mais beaucoup de partis disparaîtront aux prochaines élections, si Mme Penchard maintient le taux de 12,5% des électeurs inscrits pour passer au second tour. Je pense que les petits partis seront obligés d’aller frapper à la porte des partis politiques qui sont bien ancrés dans le paysage politique polynésiens.

Il y a un certain désamour en Polynésie à l’égard de votre personne. Le ressentez-vous ?

C’est vrai, vous avez raison, mais quand on voit la campagne de calomnie et de mensonges dont j’ai été l’objet dans les médias et plus particulièrement les Nouvelles…Il y a de quoi se poser des questions. Flosse a-t-il vraiment tué un journaliste ? Flosse est-il un assassin ? En 2000/2001 le dossier avait pourtant été classé. Mais 3 ou 4 après, on ressort le dossier et on va inventer des histoires farfelues d’un débile incroyable. Jacques Chirac avait un compte au Japon, et c’est Gaston Flosse qui alimentait ce compte là, et JPK le journaliste a découvert cette filière donc il fallait le faire disparaître et Gaston Flosse l’a fait assassiner ! Alors bien sûr ça n’est pas dit aussi clairement que ça mais tout est fait pour qu’on arrive à cette conclusion, alors que les juges n’ont jamais trouvé de compte au Japon et que JPK avait quitté le journalisme depuis 6 ou 7 ans, et qu’il était simplement conseiller du maire d’Arue ! Mais qu’est-ce qu’on attend pour clore ce dossier là !

Et qu’est-ce qu’on attend à votre avis ?

Eh bien on fait traîner, et puis il y a des élections bientôt, on va encore inventer une autre histoire. Ils vont trouver, ils sont très bons pour ça.

Vous parlez des juges Stelmach et Redonnet ? Du procureur Thorel ? Vous pensez qu’il y a un acharnement contre votre personne?

Je ne veux citer personne mais bien sûr qu’il y a un acharnement. Je ne veux pas en parler, mais c’est sûr. Par contre il y a beaucoup de compréhension envers certains, et l’affaire du câble sous-marin en est une preuve flagrante. Ceux qui devaient être mis en examen dans cette affaire ne l’ont pas été.

Qui ?

Je ne veux pas donner de noms.


Le procès des emplois fictifs ouvre ce lundi. Dans quel état d’esprit l’abordez-vous ?

Voir la réponse ici

Etes-vous toujours en contact avec Jacques Chirac ?

Avec ces affaires des comptes japonais, nous ne nous voyons plus, mais il me manque, en tant qu’ami très proche, et en tant que bienfaiteur de la Polynésie.

Pourtant vous reconnaissiez récemment que l’Etat avait trompé la Polynésie en lui garantissant des « essais propres » ?

Je le reconnais, nous avons été trompés, j’ai été trompé sur ces essais.

Et vous n’en voulez pas à M.Chirac ?

Alors justement j’attends de le voir, et de lui demander entre quatre yeux, est-ce que... (il se reprend) non je ne lui en veux pas je pense qu’il a été sincère. Est-ce que les techniciens lui ont caché la vérité ? En tout cas ce n’est pas dans la nature de Jacques Chirac qu’il m’ait trompé, qu’il ait trompé les Polynésiens.

Mais vous lui demandez quand même ?

Je lui poserai la question.

Une dernière question, avez-vous l’ambition de redevenir un jour président de la Polynésie française ?

Je ne pense pas, je suis là pour aider ceux qui peuvent assumer cette charge. Physiquement je vais bien, intellectuellement j’ai toutes mes capacités, si on avait besoin de moi je répondrais présent, mais d'autres sont plus à même de le faire, et je parle d’Edouard Fritch.


Rédigé par F K le Dimanche 17 Avril 2011 à 22:29 | Lu 2602 fois