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Front uni des fonctionnaires d'Etat pour l'ITR


Tahiti, le 30 avril 2024 - Depuis sa réforme et son extinction en 2008, c'est un véritable serpent de mer. Le dossier de l'indemnité temporaire de retraite (ITR) revient sur la table à l'occasion du 1er mai. L'intersyndicale des fonctionnaires d'Etat de Polynésie qui doit rencontrer le président du Pays mercredi réaffirme qu'il ne s'agit pas de défendre des "privilèges" mais de réparer une "injustice". Des manifestations ou des préavis de grève sont à craindre.
 
Issus des Douanes, de l'Aviation civile, des Finances publiques, de la Police nationale ou encore de l'Education, ils sont 5 889 actifs de la fonction publique d'Etat et près de 6 000 retraités polynésiens. Et ils veulent faire entendre leur voix. Encore. Saisissant cette fois l'opportunité du calendrier avec la traditionnelle fête du travail du 1er mai, l'intersyndicale des fonctionnaires d'Etat de Polynésie française avait convié la presse ce mardi matin pour taper du poing sur la table et "dénoncer fermement" l'attitude du gouvernement central dans le traitement du dossier des retraites. "Cela fait 16 ans que ça dure", dénoncent-ils en chœur.
 
Depuis que l'ITR a été réformée et mise en extinction en 2008, l'Etat n'a pas tenu les promesses sur lesquelles il s'était engagé pour calmer le jeu. Le courrier que l'intersyndicale a envoyé en juin dernier au fameux "comité ITR" créé en 2022 pour proposer un système alternatif de compensation à la suppression de cette indemnité est resté lettre morte. Pire, la seule réponse obtenue a finalement été l'instauration de la contribution volontaire de retraite (CVR) le 9 avril dernier.
 
Une perte de cinq milliards de francs pour l'économie polynésienne
 
Les fonctionnaires d'Etat polynésiens veulent être logés à la même enseigne que leurs collègues métropolitains. Ni plus, ni moins. "Pourquoi cette différence de traitement ? C'est une question de justice, pas de privilèges ! ", insistent-ils. "On contribue au même niveau que ceux de l'Hexagone, en revanche, si on ne fait rien, on n'aura pas la même chose. C’est-à-dire que pour 1 000 euros de revenus, en Hexagone, ils touchent 738 euros de retraite, alors qu'on nous donnera 400 euros. Donc là il y a une injustice qu'on demande de rétablir", explique Tiarama Lehartel, fonctionnaire d'Etat dans l'Aviation civile et porte-parole de l'intersyndicale. D'autant que l'espérance de vie des Polynésiens qui est "inférieure de cinq ou six ans" à celle des métropolitains n'est pas non plus prise en compte, regrette-t-elle.
 
C'est une nouvelle sonnette d'alarme qui est donc tirée à la veille de ce 1er mai et de la rencontre prévue avec le président du Pays. Le Pays qui a d'ailleurs tout autant intérêt à agir selon l'intersyndicale car cette suppression de l'ITR va aussi avoir un impact sur l'économie locale. Pas moins de "cinq milliards de francs par an" ne sont pas réinjectés et seraient ainsi "perdus", alors que l'Etat s'était également engagé à ce que les économies réalisées par l'extinction de l'ITR soient reversées dans chaque territoire concerné. Une autre promesse non tenue. La coupe est pleine en tout cas pour l'intersyndicale qui "usera de tous les moyens légaux" pour se faire entendre. Des préavis de grève ou des manifestations (les policiers n'ont pas le droit de grève) sont ainsi à craindre d'ici la semaine prochaine, prévient-elle.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 30 Avril 2024 à 14:00 | Lu 2329 fois