Tahiti Infos

Ericka Bareigts se pose en ministre "de toutes les couleurs"


Mercredi matin, lors de la passation de pouvoirs au ministère des Outre-mer, entre George Pau-Langevin et Ericka Bareigts.
Mercredi matin, lors de la passation de pouvoirs au ministère des Outre-mer, entre George Pau-Langevin et Ericka Bareigts.
PARIS, 31 août 2016 - La passation de pouvoirs a eu lieu mercredi matin à Paris, entre George Pau-Langevin et Ericka Bareigts. L’égalité réelle sera la feuille de route de la nouvelle ministre des Outre-mer, assure-t-elle.

Les yeux rougis, George Pau-Langevin n’a pas pu cacher son émotion au moment de céder son poste de ministre des Outre-Mer à sa collègue, la réunionnaise Ericka Bareigts. Loyale jusqu’au bout, elle souligne "le soutien qui ne s’est jamais démenti" de la part du président de la République et du Premier ministre à propos des dossiers ultramarins. D’ailleurs, le dernier budget de la mandature pour l’Outre-mer devrait être préservé. Parmi ses dossiers sensibles, George Pau-Langevin cite la Nouvelle-Calédonie : "Nous avons la satisfaction d’avoir entamé le processus de sortie des accords de Nouméa dans des conditions apaisées". Elle évoque aussi la Guyane, Mayotte et l’importance de la jeunesse.

Après deux ans passés à l’Outre-mer et quatre ans au gouvernement, George Pau-Langevin souhaitait retrouver son poste de députée du XXème arrondissement de Paris. La démission d’Emmanuel Macron aura juste accéléré son départ. "Le temps est venu de discuter, de s’expliquer avec les citoyens et de faire en sorte qu’ils comprennent et approuvent ce que nous avons fait dans leur intérêt", a-t-elle dit mercredi, adoptant déjà une posture de campagne.

La Polynésie pas évoquée

Députée combative puis secrétaire d’Etat depuis six mois, Ericka Bareigts semble déjà à son aise dans sa nouvelle fonction. Si elle inscrit sa politique dans la continuité de son prédécesseur, elle veut incarner, par son parcours, sa vision de l’égalité réelle, qui est sa feuille de route et dont elle portera le projet de loi en octobre, devant le Parlement. Elle rappelle que le Produit intérieur brut (PIB) par habitant est en retard de 41% dans les départements d’outre-mer, par rapport à la métropole : "La reconnaissance et la marche pour l’égalité sont encore des combats permanents, ceux de tout le peuple de France".

Lorsque la femme politique de droite Nadine Morano avait, il y a un an, parlé de la France, pays "de race blanche", Ericka Bareigts lui avait répondu en tant que "députée noire de la République". Aujourd’hui, elle se présente en modèle d’une France métissée : "Ministre de la République, je suis aujourd'hui de tous les territoires, de toutes les couleurs et de toutes les différences qui font la France". Ericka Bareigts veut "travailler à ce que la France se regarde telle qu’elle est, forte de sa diversité".

Mais si l’égalité réelle doit marquer une nouvelle page d’histoire pour les DOM, après 70 ans de départementalisation, l’exercice sera plus compliqué avec les collectivités autonomes, dont la Polynésie (qui n’a pas été évoquée une seule fois durant la passation de pouvoir). Pour le moment, la ministre reste vague : "Nous pourrons très certainement construire des choses ensemble parce que le statut n’est pas exclusif d’un partenariat. Donc, à nous de trouver les bonnes mesures du partenariat".

Plaidoyer pour l’éducation

Ericka Bareigts : "Ma grand-mère n’est pas allée à l’école, ma mère trop peu, et moi je suis allée à l’université. Voilà ce qu’a construit la République pour nous, descendants d’esclaves, fruits d’immigrations métissées (européennes, africaines et asiatiques). Je sais et nous savons ce que nous devons à la République, au progrès, au processus d’émancipation. Ce combat, il coule dans nos veines et est inscrit dans nos chairs." (…) "Il n’y a pas d’égalité, il n’y a pas de dignité sans éducation. L’éducation ouvre les portes, l’éducation permet d’avoir la mobilité dans le monde, de comprendre ce qui se passe, de prendre sa place. L’éducation est une colonne vertébrale. Ce n’est pas l’alpha et l’oméga, c’est une condition absolument nécessaire. Et dans certains territoires, nous devons faire encore beaucoup plus d’efforts sur l’éducation."

Rédigé par Serge Massau, à Paris le Mercredi 31 Août 2016 à 05:05 | Lu 1325 fois