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Enveloppe de 413 milliards pour les armées: débats lancés à l'Assemblée


Crédit Bertrand GUAY / AFP
Crédit Bertrand GUAY / AFP
Paris, France | AFP | lundi 22/05/2023 - "Modèle contre modèle": les députés ont démarré lundi après-midi l'examen du projet de loi programmant une forte hausse du budget des armées, camp présidentiel et oppositions entamant une bataille de doctrines et de chiffres qui doit durer deux semaines.

Avec 413 milliards d'euros sur sept ans (2024-2030), l'enveloppe de cette nouvelle Loi de programmation militaire (LPM) est en nette progression par rapport à la précédente (295 milliards pour 2019-2025), mais les oppositions dénoncent des "effets d'annonce".

En ouverture des échanges, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a soutenu un texte qui permettra des "sauts technologiques (...) stratégiques ou tactiques" et a appelé les parlementaires à débattre "modèle contre modèle".

L'objectif affiché est de rénover les équipements, moderniser la dissuasion nucléaire, d'améliorer le traitement des troupes, de renouveler du matériel mais aussi d'investir dans le cyber, le spatial et la maîtrise des fonds marins. Une trentaine de milliards doivent servir à couvrir l'inflation. 

Les débats lundi soir ont emmené les députés sur l'Otan, et l'objectif de la France, en tant qu'Etat membre, d'atteindre les 2% de PIB consacrés à l'effort national de défense. Le texte initial prévoyait d'y arriver d'ici 2025, mais le gouvernement a revu en commission la date butoir à 2027, invoquant de nouvelles prévisions d'évolution du PIB. 

Communistes et insoumis ont proposé d'abandonner ce critère. Le président de la commission des Affaires étrangères Jean-Louis Bourlanges (MoDem), a suggéré de réintroduire la cible de 2025, pour ne pas envoyer de "mauvais signal".

Reconnaissant que cet indicateur "a un caractère parfois virtuel", le ministre a cependant opposé un avis défavorable, et leurs amendements ont été rejetés.

Décalages de livraisons 

L'exécutif a invoqué la procédure accélérée sur son texte (une seule lecture devant chaque chambre), en espérant aboutir à une adoption définitive avant le 14 juillet. Pour passer l'obstacle de la première lecture à l'Assemblée, le ministre a rencontré plusieurs groupes d'opposition. 

Le camp présidentiel espère convaincre une partie des députés LR, voire quelques socialistes. Dans l'hémicycle Jean-Louis Thiériot (LR) a salué un "effort majeur", à défaut d'une "loi historique". Il avait voté pour la LPM en commission à "titre personnel". 

Le patron des députés LR Olivier Marleix s'est lui montré très critique du texte ces dernières semaines, reprochant notamment au gouvernement, comme de nombreux députés d'opposition, d'avoir programmé les plus fortes hausses de budget après 2027, c'est-à-dire après le deuxième quinquennat Macron. 

Les oppositions dénoncent aussi une incertitude sur 13,3 milliards d'euros qui doivent découler de ressources extra-budgétaires, mais les LR ont obtenu l'adoption en commission d'un amendement visant à les sécuriser davantage.

Par ailleurs cette LPM, malgré des crédits en nette hausse, va entraîner un décalage de livraisons de plusieurs équipements majeurs (blindés Scorpion, avions Rafale, frégates de défense et d'intervention...), ce qui inquiète dans l'opposition.

Anna Pic (PS) a critiqué "une LPM qui n'a rien d'historique". Les écologistes et les communistes, qui prônent une sortie multilatérale de la dissuasion nucléaire et sont opposés à la construction prévue d'un nouveau porte-avion, ne devraient pas soutenir le texte.

Les insoumis ont présenté peu avant la séance un contre-projet. Ils plaident comme le PCF pour une sortie du commandement intégré de l'Otan et pour une remise en cause du "partenariat privilégié" avec l'Allemagne.

Côté RN, la présidente de groupe Marine Le Pen a dit aborder le débat "dans un esprit constructif". Elle a toutefois tancé une "profession de foi multilatéraliste", jugeant "indispensable de mettre en place des alternatives souveraines" à certains programmes militaires européens ou franco-allemands.

Dans un courrier consulté par l'AFP lundi, le ministre a également annoncé 10 milliards d'euros supplémentaires pour mieux rémunérer les militaires, et faire progresser leurs grilles indiciaires, à partir de 2023 pour les troupes du rang et les sous-officiers. 

le Lundi 22 Mai 2023 à 22:08 | Lu 367 fois