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En mer, une sécurité pas toujours bien assurée


Fabien, a un bateau depuis quatre ans et assure être toujours bien équipé en matière de sécurité.
Fabien, a un bateau depuis quatre ans et assure être toujours bien équipé en matière de sécurité.
PAPEETE, le 14 novembre 2016 - La semaine dernière, deux personnes ont pris la mer de Huahine pour se rendre à Maiao, où elles ne sont jamais arrivées. Après plusieurs jours de recherches, les deux jeunes gens à bord du potimarara ont été retrouvés. Cet incident a fait rejaillir le matériel de sécurité à bord des bateaux.

Fabien se souvient parfaitement de la dernière fois où il est tombé en panne en mer. C'était une de ces journées ensoleillées et douces où le trentenaire partait naviguer. Au programme : détente, pêche et bain de soleil entre amis. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. A quelques nœuds des côtes de Tahiti, le bateau a eu un problème de moteur. Impossible de redémarrer. "Heureusement, nous n'étions pas très loin d'un autre bateau. Il est venu à notre rencontre et nous a aidé à ramener le bateau sur la côte", détaille Fabien, qui possède un potimarara depuis six ans. En mer, c'est comme ça, les gens s'aident beaucoup, et c'est tant mieux."

Par chance, ce jour-là, le capitaine et son équipage ont pu compter sur la solidarité des marins. Dans le cas contraire, Fabien l'assure : la catastrophe aurait été évitée grâce aux différents équipements de sécurité dont il dispose toujours à bord de son bateau. "Il faut avoir des gilets de sauvetage, en fonction du nombre de personnes à bord, des fusées de détresse, une radio VHF, un miroir, un téléphone et une balise de détresse. J'ai toujours ça sur le bateau." La réglementation impose la majeure partie de cet équipement, à l'exception de la balise de détresse. Pour certains professionnels et plaisanciers, le coût des balises reste trop important pour réaliser l'investissement.

UNE BALISE QUI COÛTE CHER

Photo d'illustration.
Photo d'illustration.
"Le kit de sécurité, sans la balise, coûte entre 20 000 et 30 000 francs, précise Fabien. La balise, entre 40 000 et 70 000 francs. Je connais peu de personnes qui les achètent ici. Elles préfèrent investir quand elles vont en Nouvelle-Zélande par exemple et les ramener, ou ne pas en avoir du tout…"

Dans le milieu des pêcheurs professionnels aussi, tous n'ont pas de balise. A quelques jours du départ en mer, une poignée de pêcheurs prépare leurs embarcations. Ils font attention à tout : matériel de pêche, état général du bateau, du moteur et sécurité. "C'est important d'avoir une balise à bord. En cas de problème, l'appareil permet de donner la position du bateau et l'intervention est en général très rapide", explique l'un des pêcheurs.

Une balise de détresse pour les professionnels chiffre entre 135 000 et 140 000 francs selon la direction des affaires maritimes. Pendant plusieurs années, le Pays en prenait en charge une partie. Il ne restait ainsi que 10 % de la somme à payer aux pêcheurs. Aujourd'hui, certains rechignent à payer le prix fort pour l'appareil. "Le problème avec les balises c'est qu'il faut les remplacer, et là ça coûte cher même si nous avons été aidés au début. Les pêcheurs attendent d'avoir des balises le moins cher possible pour en racheter."

Si chaque navigant, plaisancier ou professionnel, semble avoir pris conscience de l'importance de se doter du matériel de sécurité à bord, tous ne sont pas prêts à y mettre le prix. Beaucoup d'embarcations partent encore en mer, parfois hors de la zone dans laquelle elles sont autorisées, sans aucun matériel de sécurité.

La balise de détresse, bientôt obligatoire?

Depuis plusieurs mois, les services de la direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM) réfléchissent à modifier la règlementation en vigueur et à faire de la balise de détresse une obligation. "Nous avons la volonté de supprimer la pyrotechnie des bateaux, comme les fusées de détresse par exemple, et d'obliger les personnes navigantes à avoir la balise", explique la directrice des affaires maritimes, Catherine Rocheteau. Le matériel pyrotechnique pose des problèmes environnementaux. Il n'est pas très facile de s'en débarrasser sans laisser de trace dans la nature. Depuis quelques années, la balise de détresse est devenue plus pratique et plus facile à importer en Polynésie française. Ces différents éléments ont amené les services des affaires maritimes à réfléchir sur les bienfaits de l'imposer en mer. Pour faire changer la règlementation, le dossier devra être présenté aux élus de l'assemblée.

La balise de détresse en trois points

Les membres de la FEPSM lors de la présentation des balises en août dernier.
Les membres de la FEPSM lors de la présentation des balises en août dernier.
• Pour les bateaux de plaisance, la balise de détresse (PLB, RLS ou souvent appelée balise 406) permet de signaler et de positionner rapidement une détresse en mer y compris dans les zones du large hors de portée VHF et GSM. Pour recevoir les alertes de détresse dans l’ensemble de sa zone de responsabilité (11 millions de km²), le MRCC Papeete est astreint à une veille satellitaire dans le cadre du système mondial de détresse et de sécurité en mer (zone A3 du SMDSM) et reçoit toute les détections de balise incluses dans cette zone. Une balise de détresse peut être déclenchée manuellement ou automatiquement en cas de détresse. Elles possèdent désormais des batteries de nouvelle génération garantissant une durée de vie de 6 ans.

• Des balises, de marque américaine, ont été achetées au mois d'août par la Fédération d'entraide polynésienne de secours en mer (FEPSM). "Ces balises sont destinés à tous les usagers de la mer. Elles sont complètement flottantes, un plus par rapport à ce qui se fait déjà, et permettent l'émission d'ondes qui sont réceptionnées par le MRCC. Ainsi, on sait au bout de quelques minutes seulement où se trouve la personne en détresse", détaille Alain Côme.

• Grâce à une loi de Pays de décembre 2015, ces balises peuvent être acquises par tout le monde sans payer de taxe. Ainsi, la FEPSM les revend au prix coûtant, soit 27 000 francs. "Plus de gens l'auront, plus les moyens de sécurité seront faciles à mettre en place…", insiste les membres de le FEPSM. L'objectif de la fédération est d'équiper environ 500 personnes en un an. Les appareils pourraient permettre une intervention plus rapide et plus précise des secours. "Pour un territoire comme la Polynésie française, ces balises sont des outils très efficaces."

Rédigé par Amelie David le Lundi 14 Novembre 2016 à 16:33 | Lu 6524 fois