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Elles rament 27 kilomètres sans leur coéquipière


La Team Japan a été célébrée comme des champions malgré sa 12ème place. La performance a séduit le public et électrisé la délégation japonaise.
La Team Japan a été célébrée comme des champions malgré sa 12ème place. La performance a séduit le public et électrisé la délégation japonaise.
PIRAE, le 28 juin 2017 - C'est la plus belle histoire de la deuxième journée des championnats du monde de va'a marathon 2017 : l'équipe japonaise s'est retrouvée à 5 rameuses. Disqualifiées d'office, elles ont tenu à faire la course en entier, elles réalisent même l'exploit d'éviter la dernière place !

Pour la Outrigger Canoe – Team Japan, ces championnats du monde de va'a marathon ont été marqués par la malchance. Une des six rameuses japonaises a attrapé le chikungunya au Japon deux jours avant son départ pour Tahiti et est restée clouée au lit au Pays du soleil levant.

Pour cet équipage qui s’entraîne ensemble depuis sept ans et a atteint un niveau international (sa meilleure place est 13ème à la Molokai en 2016), il était impensable de remplacer sa "nakama" (coéquipière en japonais) au dernier moment. Et après tout ce voyage, elles ne pouvaient pas rester sur la plage pendant la course. Du coup le choix était facile : disqualifiées ou pas, elles ont fait la course à cinq.

Après 27 kilomètres de souffrance physique et de force mentale, avec un fort vent du large, elles terminent épuisées mais avec un classement non officiel de 12ème place, devant la Grande-Bretagne et Singapour. Un exploit.



Ryoko Miura, capitaine de Team Japan (traduit de l'anglais)

Comment s'est passée la course ?
Ça a été très dur aujourd'hui parce qu'on était que cinq, et en plus le vent est monté pendant la course. C'est la première fois que je fais une course aussi difficile ! Mais nous voulions vraiment le faire et on ne peut pas remplacer l’entraînement, la cohésion d'une équipe (avec un remplacement de dernière minute). Nous sommes habituées à ramer ensemble.

Pourquoi ramer si vous êtes disqualifiées ?
C'est participer qui est important, et là c'est une bonne expérience. Nous allons rentrer au Japon pour continuer à nous améliorer. Mais même disqualifiées, c'est une belle expérience pour nous. Et Tahiti est une île magnifique ! J'aime beaucoup ce pays, c'est très différent du Japon, plus comme Hawaii.

Depuis combien de temps la Team Japan existe-t-elle ?
Depuis sept ans. Nous nous entraînons pour participer tous les ans à la Molokai, notre meilleure place a été 13ème. Aujourd'hui nous finissons 12ème, mais bien sûr ça ne comptera pas.

Qu'est-il arrivé à votre coéquipière ?
Samedi elle a appris qu'elle avait attrapé le Chik. Le docteur lui a interdit de venir à Tahiti, donc elle est restée au Japon. On en a beaucoup parlé entre nous et on a finalement décidé de venir tout de même à Tahiti et de ramer à cinq, tant pis.

Comment avez vous réussi à tenir 27 kilomètres à cinq ?
Nous sommes si fatiguées ! Le mental, le physique, tout. Nous l'avons fait pour notre amie, pour nous et pour le Japon ! Maintenant on peut continuer à s’entraîner et à s'améliorer. On retournera à la Molokai, aux championnats du monde de vitesse l'année prochaine et aux prochains championnats de marathon en Australie en 2018 ! Nous continuerons à faire notre maximum.

Il y a beaucoup de rameurs au Japon ?
Non, nous sommes très peu nombreux…

Mais vous êtes les meilleures...
Oui (rires) !

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 28 Juin 2017 à 18:00 | Lu 34104 fois