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Egalité des sexes: des femmes planchent pour améliorer l'autonomie économique des femmes polynésiennes


Egalité des sexes: des femmes planchent pour améliorer l'autonomie économique des femmes polynésiennes
PAPEETE, le 21 Août 2012: Brigitte LEDUC est Conseillère en égalité des sexes, auprès de la Communauté du Pacifique (CPS). Présente en Polynésie du 20 au 30 août, elle encadre et forme un groupe de travail composé des membres de l’Association U.F.F.O. – Polynésie.
Pendant ses deux semaines de séjour en Polynésie française, Madame Brigitte LEDUC aura l’occasion, d’une part de participer à des rencontres protocolaires avec les autorités du Pays, mais aussi de réaliser des interventions de formation et de sensibilisation sur l’utilisation de l’approche Genre (Gender pour les anglo-saxons) pour appréhender la situation des hommes et des femmes. Mais cette approche originale pour la Polynésie sera utilisée pour comprendre les situations de pauvreté et de précarité des femmes chez nous.
En effet l' association U.F.F.O.- Polynésie a choisi de travailler en 2012 sur la question de savoir comment améliorer l’autonomisation économique des femmes polynésiennes, notamment en cette longue période de crise économique.

Le thème retenu par le groupe de travail polynésien est la pauvreté et la précarité. Issues des milieux associatifs, des collectivités locales ou même paroissial, des femmes tenteront d'identifier l'impact de la pauvreté dans le contexte local afin de soumettre un certain nombre de mesures aux autorités politiques capables de permettre aux femmes polynésiennes d'atteindre une certaine forme d'économie économique.
Comment aider les femmes à accéder au marché de l'emploi, à l'emprunt, afin d'être autonome. "L'étude réalisée par l'ISPF en 2009 sur la pauvreté nous donne quelques éléments de d'information intéressants, explique Armelle Merceron, mais il manque des données précises, car la précarité ne touche pas les hommes et les femmes de la même manière, les mesures à prendre ne sont pas les mêmes. C'est pourquoi nous devrons faire ce travail sur le terrain."



Qu’est ce que la CPS (Communauté du Pacifique) ?

Egalité des sexes: des femmes planchent pour améliorer l'autonomie économique des femmes polynésiennes
La CPS est une organisation internationale basée à Nouméa et à Suva qui œuvre dans de multiples domaines – santé publique, sciences de la terre, agriculture, foresterie, ressources en eau, gestion des catastrophes, pêche, éducation (éducation communautaire, enseignement et formation techniques et professionnels, qualité de l’enseignement et normes pour tous les niveaux scolaires), statistique, transports, énergie, technologies de l’information et de la communication, médias, droits de la personne, parité hommes-femmes, jeunesse et culture – afin d’accompagner les Océaniens sur le chemin du développement durable.
La CPS compte parmi ses membres 22 États et Territoires insulaires océaniens, au service desquels elle œuvre, ainsi que 4 de ses membres fondateurs.

Dans son organisation la CPS compte un Département développement humain, chargé des questions liées à l’égalité des sexes, à la jeunesse et aux affaires culturelles auquel Mme Brigitte LEDUC est rattachée. Le Département développement humain a pour mission d’aider les Océaniens à s’assurer des moyens de subsistance durables et sûrs. Le Département place au tout premier rang de son action en faveur du développement, les aspects égalité hommes-femmes, jeunesse, culture et éducation communautaire.
Qu’est ce que l’UFFO ?

L’UFFO est une initiative de femmes francophones du Pacifique, soutenue par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et le Secrétariat général de la Commission du Pacifique (CPS). Ce regroupement a été lancé en 2010 et concerne la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, le Vanuatu et la Polynésie française.

La vocation de l’UFFO : Permettre aux associations de femmes francophones d’Océanie d’échanger entre elles, de travailler en réseau et de bénéficier d’un lieu de concertation qui leur soit propre. Jusque là, en effet, les femmes francophones étaient isolées dans un Pacifique principalement anglophone.

Son objectif ? Assister les territoires francophones dans l’élaboration d’un rapport pour l’ONU sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre dans leur pays, de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (en français CEDEF, en anglais CEDAW). Les renforcer dans leur action pour vaincre les difficultés rencontrées. D’une façon générale, l’objectif est de promouvoir les droits des femmes, l’égalité des genres (sexes) et de favoriser l’autonomisation des femmes.
Une première rencontre de l’Union des femmes francophones d’Océanie s’est déroulée en février 2011 à Bora-Bora. A cette occasion, 40 femmes issues d’associations féminines du Vanuatu, de Wallis et Futuna, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française ont suivi une formation sur les législations nationales et internationales en matière de protection des droits des femmes. A l’issue de cette rencontre une première résolution a été adoptée.
Une seconde rencontre en octobre 2011 à Port Villa (Vanuatu) a permis de jeter les bases d’une stratégie d’actions communes pour l’avenir. Les participantes ont été informées des actions et des projets soutenus par l’Union Européenne et la France dans la région afin de favoriser la sensibilisation des femmes à leurs droits.
A l’issue de cette réunion, les membres de l’UFFO ont adopté une résolution invitant les autorités du Vanuatu, de Wallis-et-Futuna, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française à prendre en considération certaines recommandations :
- l’urgence de transposer les dispositions de la CEDEF à tous les niveaux de la société afin de lutter efficacement contre les discriminations et les violences faites aux femmes et contre la féminisation de la pauvreté,
- promouvoir le leadership des femmes pour une bonne gouvernance.
Cette résolution rappelait enfin la difficulté des femmes à accéder à la santé, ainsi que leur rôle, essentiel, en matière de sécurité alimentaire et d’adaptation aux changements climatiques.

Une troisième rencontre a eu lieu en juin 2012 à Nouméa sur le thème de l’approche Genre au regard de la pauvreté. A la suite de cet atelier la délégation de Polynésie a choisi d’étudier comment améliorer durablement les ressources des femmes en situation de précarité, mais également de faire avec les acteurs un état des lieux des moyens qui soutiennent aujourd’hui les populations vulnérables dans notre pays.
http://www.spc.int/fr/component/content/article/216-about-spc-news/960-french-speaking-pacific-women-discusses-gender-perspective-of-poverty.html


Egalité des sexes: des femmes planchent pour améliorer l'autonomie économique des femmes polynésiennes
C’est dans ce cadre et dans la continuité de cette formation que l’UFFO-Polynésie prépare une enquête pour rendre un bilan final avant le mois de mai 2013, date à laquelle les autres collectivités auront aussi répondu aux exigences posées par les bailleurs de fond.
La Communauté du Pacifique a su répondre avec efficacité à la demande des femmes francophones de l’Océanie, en intégrant cette formation dans son programme de Développement Humain et à travers la mission de Mme Brigitte LEDUC continue à nous accompagner dans la réalisation de ce projet.
Création de l’Association UFFO-Polynésie

L’engagement des Polynésiennes en faveur de cette démarche océanienne s’est consolidé avec la création de l’association UFFO-Polynésie. Le 31 mars 2012 a eu lieu l’Assemblée constitutive de création de l’UFFO-Polynésie : en effet l’existence juridique d’une telle association permet de d’organiser officiellement des événements et donne une base juridique à l’UFFO ainsi que des possibilités de recevoir des soutiens financiers.
29 femmes ont participé à l’assemblée fondatrice de l’Association,
- soit en tant que personnes physiques,
- soit comme représentantes des associations membres de l’Union :
TE VAHINE MAOHI NO MANOTAHI
CONSEIL DES FEMMES TE TAU TIARE TE TAU VAHINE
VAHINE ORAMA TAHITI NUI
VAHINE ORAMA TAHITI ITI VAHINE ORAMA MOOREA
VAHINE PORINETIA VAHINE PIRI RAVA
HEIVA I MOOREA UTUAFARE MATAEINAA
VAIHAU

Le premier bureau de l’UFFO-Polynésie est ainsi composé :

- Présidente : Raymonde Raoulx - Vice-Présidente : Alexandra David
- Secrétaire : Eliane Tevahitua - Secrétaire –adjointe : Irmine Tehei
- Trésorière : Armelle Merceron - Trésorière–adjointe : Maeva Bourgade
Rosita HOFFMANN, nommée référente technique par la Commission du pacifique, accompagne les actions de l’association.
Les buts de l’UFFO-Polynésie
- Veiller au respect des engagements nationaux et locaux pris dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination faites à l’égard des femmes (CEDEF), de Beijing + 15 et de la Plateforme d’action du Pacifique ;
- Chercher des financements permettant la mise en œuvre de programmes en faveur de la promotion des droits des femmes et de l’égalité des sexes dans les pays et territoires francophones d’Océanie ;
- Favoriser l’accès des ONG féminines à ces financements ;
- Promouvoir des actions de sensibilisation, plaider pour la condition féminine et renforcer les capacités des ONG féminines de Polynésie française ;
- Favoriser les rencontres avec les autres ONG féminines du Pacifique et du monde en vue d’échanges culturels régionaux, nationaux et internationaux, de formation et développement professionnel et d’actions visant le développement économique et social.

Certains pourraient penser que les femmes polynésiennes sont déjà dotées en droit de la même façon que les hommes. Mais il est aisé de constater qu’il y a des écarts entre théorie et réalités : les Polynésiennes ont encore des combats à mener face à la dominance masculine, face à la violence, à la pauvreté, à la perte de chances pour leurs enfants et leurs familles. L’actualité quotidienne le prouve.

Pourquoi l’approche Genre est-elle un bon outil pour l’action en faveur de l’amélioration de la condition des femmes ?
On réfléchit rarement à la pauvreté et aux moyens d’en sortir sous l’angle spécifique de la condition des femmes, c'est-à-dire en se demandant en quoi la situation des femmes dans leur couple, leur famille, leur quartier, leur société les maintient en état de pauvreté ou les bloquent dans leur volonté d’améliorer leur situation et celle de leur famille.
Les coutumes, le statut des femmes dans les sociétés océaniennes imposent fortement leurs marques dans les sociétés plus traditionnelles que la nôtre. Certains diront que les Polynésiennes ont les mêmes chances, droits et libertés que les hommes. Pourtant nombre de nos sœurs polynésiennes ne sont-elles pas aujourd’hui empêchées de trouver leur plein développement personnel, économique, social en raison des comportements à leur égard, comme la violence par exemple ? En raison des différences d‘éducation reçue par rapport aux hommes ? En raison d’idées rigides quant à leur rôle dans la société (les femmes à la maison !) ? En raison aussi de leurs propres attitudes et façons de penser ? Peut-on changer les choses, supprimer les freins et les blocages pour leur apporter toutes les chances d’améliorer leurs vies et celles de leurs familles ? Comment le faire ?
Tout cela sera vu au travers de la notion de genre (sexo-specific comme disent les anglophones).

Mieux connaître Brigitte LEDUC

Egalité des sexes: des femmes planchent pour améliorer l'autonomie économique des femmes polynésiennes
Secrétariat général de la Communauté du Pacifique – CPS
Organisation régionale fondée en 1947 dont le siège social est situé à Nouméa dont la mission est de collaborer avec les gouvernement

SPC vision for the region is a secure and prosperous Pacific Community, whose people are educated and healthy and manage their resources in an economically, environmentally and socially sustainable way.
SPC mission is to help Pacific Island people position themselves to respond effectively to the challenges they face and make informed decisions about their future and the future they wish to leave for the generations that follow.
Le Département développement humain s’emploiera à aider les États et Territoires insulaires océaniens à concevoir et mettre en œuvre des politiques, projets et services dans le secteur social. Pour ce faire, il les encouragera à adopter une approche intégrée du développement humain et social, de l’égalité hommes-femmes, de la jeunesse et de la culture dans la politique de développement et de gouvernance, à améliorer les connaissances et informations alimentant la pratique du développement humain, et à consolider les liens de partenariat et les réseaux constitués avec des organisations communautaires, afin de renforcer leur rôle dans l’élaboration de politiques du développement humain. Ses prestations de services revêtiront la forme de conseils de politique générale, de formations, de renforcement des capacités, d’assistance technique, de recherche et de mise en place de partenariats et de réseaux, selon des méthodes complémentaires de sensibilisation, de communication et d’information.
Tout en s’efforçant de conserver une certaine marge de manœuvre dans son action au profit des États et Territoires insulaires océaniens, le Département développement humain jouera un rôle de premier plan pour répondre aux défis précités, en proposant :

• des conseils et un soutien à l’élaboration de politiques générales ;
• des services de formation, de développement des capacités et l'apport de compétences supplémentaires ;
• une assistance technique ;
• des travaux de recherche et d’analyse ;
• le renforcement et la création de partenariats avec toutes les parties prenantes, en particulier la société civile, et
• des connaissances et informations concrètes sur les méthodes de développement humain.


Bio Brigitte
A joint le programme de développement humain de la CPS en octobre 2010.
Anthropologue de formation
Travaille sur les questions d’intégration de la dimension genre dans le développement et la promotion de l’égalité entre les sexes depuis 15 ans.
D’abord en Afrique de 1997 à 2003, plus particulièrement au Maghreb (5 ans au Maroc, 2 ans en Tunisie et quelques mission de soutien au gouvernement Algérien) puis quelques collaboration avec des agences onusiennes en Côte d’Ivoire, au Sénégal et à Djibouti. Outre le travail de renforcement des capacités des ONG, des institutions gouvernementales et des agences onusiennes à intégrer la dimension genre dans les programmes, elle a notamment coordonné 2 études sur le développement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc.
De 2003 à 2010 en Asie, basée au Népal, elle a travaillée avec l’organisation régionale centre internationale pour le développement durable des montagnes dont les pays membres sont le Bhutan, le Bangladesh, la Chine, l’Inde, le Myanmar, l’Afghanistan, le Pakistan et le Népal. C’est là qu’elle a développé son expertise sur les questions de genre en lien avec les enjeux environnementaux tels que le développement durable, le changement climatique, la gestion des désastres naturels, et la biodiversité.
Depuis son arrivé dans la région du Pacifique en 2010, elle a notamment apporté de l’assistance technique aux gouvernements des Iles Cook et de Tonga pour la mise à jour de leur politique nationale sur la condition féminine et l’égalité entre les sexes; et à Niue pour le développement de leur politique nationale; conduit des formations sur l’analyse genre et l’intégration de la dimension genre pour les gouvernements des iles Salomon et de la Papua Nouvelle Guinée; coordonne actuellement un projet de développement d’une boîte à outils sur l’intégration de la dimension genre dans les programmes d’adaptation au changement climatique; et apporte du soutien technique aux membres de l’Union des Femmes Francophones d’Océanie.



Rédigé par Avec KLF le Mardi 21 Août 2012 à 11:26 | Lu 1860 fois