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Edouard Fritch : "Nous restons à l'écoute de ceux qui veulent bien discuter"


PAPEETE, le 8 mars 2018. A 20 h 50, après une réunion des représentants de la majorité, le président du Pays a réaffirmé devant la presse la nécessité de réformer les retraites et a qualifié d'"inadmissible" l'entrée musclée des manifestants dans l'hémicycle.


"Si on ne prend aucune décision cette année, nous estimons qu'en 2020 nous ne pourrons plus payer les retraites de ceux qui continuent à travailler aujourd'hui. La décision que nous devons prendre concerne les salariés d'aujourd'hui, les retraités eux ne sont pas impactés par les mesures que nous proposons", a souligné Edouard Fritch. Tout au long de la journée, Edouard Fritch a tenté de convaincre les manifestants du bien-fondé de cette réforme. En vain.

Jeudi soir, Edouard Fritch a rappelé ce qu'il avait dit lors de son discours devant l'assemblée et est revenu sur les trois positions qu'il a faites : "Nous venons de nous réunir avec notre majorité à l'assemblée. Vous l'avez entendu à midi j'ai fait des propositions en vue de sensibiliser à nouveau l'assemblée et bien sûr ceux qui nous écoutaient à l'extérieur sur l'importance de prendre une décision aujourd'hui pour sauver notre fonds de retraite. Je ne vais pas revenir sur les chiffres car vous les connaissez.

Si on ne prend aucune décision cette année. Nous estimons qu'en 2020 nous ne pourrons plus payer les retraites de ceux qui continuent à travailler aujourd'hui. La décision que nous devons prendre concerne les salariés d'aujourd'hui, les retraités eux ne sont pas impactés par les mesures que nous proposons. J'ai fait trois propositions, trois concessions. J'ai surtout étayé ces concessions par le fait que je ne veux pas qu'il y ait dans notre pays à nouveau de l'instabilité, qu'il y ait des tumultes, que la confiance que nous avons conquise depuis trois ans soit remise en cause. (…)

J'ai fait des propositions.

1. La première sur la cotisation des élus à la CPS. J’ai bien compris, et le gouvernement avec moi, que beaucoup de polynésiens trouvaient injuste que les élus ne cotisent pas à la retraite de la CPS. J’ai donc émis le vœu que les ministres et les élus de notre assemblée soient assujettis à la retraite. Je souhaite que notre assemblée puisse concrétiser solennellement ce vœu par un vote. Un texte sera rapidement préparé en tenant compte des propositions faites par Philip Schyle en 2010 et celles par Tony Géros, Tarita Sinjoux et Emma Algan en 2011.

2. La seconde sur les travaux pénibles. J’ai bien compris de mes échanges que certains travailleurs, ayant des travaux particulièrement pénibles, puissent partir plus tôt à la retraite.
Sur ce point, en commission vous aviez adopté un amendement pour ramener l’âge de départ pour travaux pénibles à 55 ans. A ce sujet, il est également utile de renforcer le dispositif de suivi médical de ces travailleurs.

3.La troisième sur l’âge légal de départ à la retraite des salariés. Le texte qui est présenté prévoit que cet âge légal est de 60 ans au 1er janvier 2019 et augmenté d’un an chaque année pour atteindre 62 ans en 2021."

Edouard Fritch est aussi revenu sur la création d'un "conseil d’orientation et de suivi des retraites (COSR), composé des partenaires sociaux qui sera chargé de faire ses propositions pour assurer la pérennité des retraites". Le gouvernement a décidé de confier la présidence de ce conseil aux partenaires sociaux La réforme adoptée, "c’est donc aux partenaires sociaux qu’il appartiendra de proposer les modifications des paramètres pour sauver les retraites", a-t-il insisté. Cette présidence devrait être confiée alternativement aux salariés et aux patrons.

"Je n'ose pas croire que certains hommes politiques veulent encore nous ramener dans des troubles connus par le passé. Nous avons mis pratiquement 3 ans et demi pour rétablir la situation financière du Pays", a poursuivi Edouard Fritch. "Nous avons réussi. Ce n'est pas moi qui le dis ce sont les chiffres. Je pense beaucoup à ceux pour qui nous travaillons aujourd'hui, ceux qui souffrent de ne pas pouvoir gagner leur dignité à travers un salaire et un boulot. C'est le principal souci pour nous."

Il a ensuite insisté :"Ce qui s'est passé à l'assemblée est inadmissible. C'est la première fois, depuis que je suis à l'assemblée, depuis 1986, que j'assiste à un tél événement."


Il a conclu : "Nous restons à l'écoute de ceux qui veulent bien discuter, échanger. Ce sera difficile si comme cela s'est produit on vient nous demander quelque chose avec des menaces. Ce n'est pas comme cela que nous pouvons dialoguer et échanger. Nous allons rester à l'écoute et nous continuons à tout faire que la paix règne dans notre pays, que les gens se remettent au travail et que l'économie continue à tourner. Nous sommes à l'écoute. J'espère que demain les esprits seront calmés."


le Jeudi 8 Mars 2018 à 20:49 | Lu 3626 fois