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Défisc' pour les thoniers : "On va voir comment améliorer" (Darmanin)


Gérald Darmanin, ici avec Georges Moarii lors de la visite du palangrier Lady Chris 6 lundi matin au port de pêche de Fare Ute.
Gérald Darmanin, ici avec Georges Moarii lors de la visite du palangrier Lady Chris 6 lundi matin au port de pêche de Fare Ute.
PAPEETE, 30 juillet 2018 - Le ministre de l’action et des comptes publics n’a pas exclu la restauration prochaine d’une défiscalisation nationale en faveur du secteur de la pêche hauturière, lundi lors de sa visite des installations portuaire de Fare Ute.

Gérald Darmanin n'a pas fait d'annonce tonitruante lundi matin. Il laisse seulement entendre que la situation est en passe d'évoluer favorablement. Bercy n’accorde plus d’agrément de défiscalisation pour la construction de navires de pêche hauturière depuis le début des années 2000, dans l’attente de la définition d’un plan stratégique pour le développement de la filière palangrière locale. Ce moratoire du ministère des finances pourrait être levé après l’adoption, en mars dernier, du plan stratégique pour le développement du secteur de la pêche hauturière sur les années 2018 à 2022 en Polynésie française. Cette délibération adoptée par l’assemblée le 18 mars dernier fait l’état des lieux du secteur et définit les orientations stratégiques pour un développement de la filière pêche pour les années à venir.

Lundi matin, lors d’une visite des infrastructures du port de pêche, le ministre de l’action et des comptes publics n’a pas exclu une restauration prochaine du mécanisme de la défiscalisation métropolitaine dans le cadre d'un soutien à la construction de nouveaux thoniers. Les mécanismes de défiscalisation permettent d'envisager de cumuler une défiscalisation locale et une défiscalisation métropolitaine, jusqu'en 2025, allant jusqu' à 70% du coût de l'investissement, pour des navires construits localement. Pour une unité de pêche hauturière, l’investissement est évalué entre 180 et 200 millions Fcfp. De manière transitoire, en attendant le déblocage du dispositif du côté de l'Etat français, c’est la Polynésie française qui porte depuis 2016 l'intégralité du dispositif de défiscalisation. En 2017, quatre navires ont ainsi pu sortir des chantiers navals locaux, dont le palangrier Lady Chris 6 armé par le groupe Moarii. Le navire a été présenté au ministre de l’action et des comptes publics, ce lundi.

Interrogé à l'issue sur l'absence d’agrément de défiscalisation par Bercy pour la construction de navire de pêche hauturière depuis bientôt 15 ans, Gérald Darmanin a souligné qu'il devait "voir avec le président Fritch quels sont les secteurs auxquels il veut mettre l’accent pour développer l’économie, ici en Polynésie, et bien évidemment l’aider" en précisant que "si l’arme de la défiscalisation est la meilleure, on la prendra. S’il y a d’autres armes, on verra avec lui comment améliorer ce développement économique. (…) Il est certain que le tourisme, la perle, la pêche, sont les trois secteurs qui permettent à l’économie polynésienne, demain, de se développer. (...) Ce qu’il faut, c’est que le gouvernement continue à structurer comme il le fait la filière. Pour aider (...) s’il faut passer par une défiscalisation (…) on va voir comment améliorer".

Production de 35 navires de pêche sur 5 ans

Le ministre de l'action et des comptes publics a assisté à une vente à la criée, lors de sa visite du port de pêche de Fare Ute, lundi.
Le ministre de l'action et des comptes publics a assisté à une vente à la criée, lors de sa visite du port de pêche de Fare Ute, lundi.
Mais le ministre de l’action et des comptes publics l’a rappelé : "l’heure est à l’efficacité économique et budgétaire. Lorsque l’on met de l’argent soit par des subventions, soit par de la défiscalisation, soit par des baisses d’impôt, c’est le contribuable métropolitain qui contribue à cet argent public. Il faut faire attention (…), il faut que ce soit un plus au service du développement économique. (…) Lorsque des pays comme la Polynésie ont des projets, il est normal de les accompagner dans un but de développement économique, pour que les gens aient de l’emploi". Gérald Darmanin s’est au demeurant engagé à "regarder de manière générale la défiscalisation outre-mer", de retour à Paris en précisant que l’évolution de l’aide fiscale en faveur du secteur de la pêche locale serait in fine du ressort du ministère de l’économie et des finances de Bruno Le Maire. Cette restauration est en négociation avec l’Etat depuis trois ans maintenant.

Pour l’instant la flottille palangrière locale est composée d'une cinquantaine de navires actifs de tailles, capacités et potentiels différents et n’a pas connu de renouvellement significatif au cours de la dernière décennie, après le fiasco de la société Tahiti Nui Rava’ai.

Le plan stratégique pour le développement du secteur de la pêche hauturière sur les années 2018 à 2022 établit un objectif de production de 35 navires de pêche sur 5 ans, soit sept navires par an, et la formation de 70 capitaines et 175 nouveaux marins, afin de parvenir à une production annuelle de 12 000 tonnes. Le record de production de la pêche hauturière a été enregistré en 2001 avec environ 7 300 tonnes débarquées. Ce record reste sensiblement inférieur au potentiel exploitable de façon durable estimé à 14 000 tonnes dans la zone économique exclusive de la Polynésie française.

Depuis 2012 la production reste stable autour de 5 500 tonnes par an, représentant une valeur estimée à la première vente proche de 3 milliards Fcfp.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 30 Juillet 2018 à 11:12 | Lu 1539 fois