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Danses traditionnelles : l’évolution du haka


Danses traditionnelles : l’évolution du haka
Qui ne connaît pas le traditionnel haka maori « Ka mate ! Ka mate ! » scandé avec force par l’équipe de rugby néo-zélandais des All Blacks ? Cette danse, d’origine guerrière, a connu une évolution qui a dévoyé son sens, son histoire et ses qualités. Plus proche de chez nous, aux îles Marquises, cette danse se pratique toujours, mais avec toutefois, un genre nouveau que les puristes n’approuvent guère. Depuis les années 90, le haka marquisien est entré dans une ère nouvelle mais qui ne l’honore pas forcément à sa juste valeur.

Le plus érudit des compositeurs de haka marquisien, Toti Teikiehuupoko, y est pour beaucoup dans le renouveau du Haka. Mais ici, le terme « renouveau » est placé dans un contexte ancestral, donc quasi originelle. « Renouveau, pour moi veut dire renaissance. J’entends pas là que le danses marquisiennes reviennent enfin après des années de silence forcé. Mais il ne s’agit eu aucun cas d’une déformation des gestes, ni des paroles et encore moins des mélodies d’antan. » déclare l’artiste qui est également le directeur de l’académie marquisienne « Motu haka ».

D’autres compositeurs comme Pascal Pati de l’île de Ua Pou, ou encore mämä Tahiatini Kaimuko de Hiva òa, avouent puiser dans les témoignages et expériences passées de leurs grands-parents, voir arrière-grands-parents, ce qui pourrait faire remonter l’existence d’une danse spécifique au 19ème siècle.
C’est le cas de la fameuse danse de l’oiseau. L’ancien maire de l’île de Nuku Hiva, le regretté Lucien Kimitete, a eu l’occasion de relever cette légende particulière auprès d’anciens de la vallée de Hatiheù, située sur la côte Nord de l’île. Le succès populaire de la mélodie « Inake », spécialement dédiée à la danse de l’oiseau, interprétée par l’artiste Rataro Ohotoua au milieu des années 90, a incité tous les groupes traditionnels de l’archipel à en reprendre l’air. L’avancée dans le temps à vu naître d’autres styles que les auteurs qualifient de « traditionnels », mais dont certaines mélodies se rapprochaient plus d’un air d’un tub pop connu, que des véritables notes retrouvées par certains spécialistes de la danse, les tuhuka kie.

A tel point que la banalisation du haka marquisien a contribué au désenchantement du public. Il suffit pour cela de voir les nombreuses soirées où l’on peut assister à des prestations marquisiennes. La quasi-totalité des pas se ressemblent et se répètent. Il n’est pas rare de voir les danseurs grimacer à la façon des maoris de Nouvelle-Zélande. Là encore, il convient d’en expliquer la cause. Les déplacements de plus en plus réguliers des troupes marquisiennes vers Auckland, ont permis des mélanges de genre de plus en plus assumés. La nuance entre les deux formes de haka réside dans l’absence de tambour chez les maoris.

La nouvelle vague de compositeurs, qui ont participé à ces déplacements, n’en sont pas sortis « indemne ». Peu à peu et l’espace de 10 ans, les gestes des haka guerriers marquisiens de base, se sont vus envahis par une manière d’interpréter en déphase totale avec les gestes d’origine. Comparativement au passé, l’expression « haka » n’était utilisée que lors de certaines cérémonies, tout comme le tatouage. L’expression elle-même désigne l’ensemble des danses marquisiennes et non pas La danse guerrière telle qu’on peut le voir durant certains spectacles. Et pour cause, selon certaines sources, il aurait existé 77 danses et 77 costumes, ce qui en dit long sur l’effet réducteur de l’expression « haka » donné par les danseurs d’aujourd’hui.

Danses traditionnelles : l’évolution du haka
Quant l’évolution supplante le passé…

Le fameux « haka » guerrier où les danseurs tirent la langue relève plus d’un mythe créé que de la réalité historique. Les premières danses guerrières remises au goût du jour en 1989 par Toti Teikiehuupoko, étaient encore empreints des gestes et des cris d’antan. On se souvient du cri « E hio ha ! Etua kakïu ! » lequel a traversé les océans pour être déclamé même jusque sur le champ de Mars, lors de défilés du 14 juillet.

Là, non plus, pas de grimace, ni d’écarquillement d’yeux. La tradition connaissait encore ses heures de gloire. Du côté des instruments, les éternels sons sauvages des pähu, maintenaient encore de main de maître, les rythmes de chaque pas de danse. Plusieurs catégories de pähu composaient les orchestres traditionnels. Il y en avait des petits, des fins, de tailles moyennes et pour les sons lourds, les plus gros, de formes impressionnantes. A chaque danse, son rythme et son tambour. C’était aussi l’occasion d’invoquer le dieu du tambour, Hipaki ou Ihipaki. Et avec cela, les batteurs de l’île de Fatu Hiva et de Ua Huka connaissaient une multitudes de frappes. Les délégations de Hiva oa, menées par Patrice Kaimuko, étaient de ceux qui comptaient le plus grand nombre de batteurs et de pähu.

Mais aujourd’hui, tout cela est devenu une légende. Les instruments tahitiens, tels que le fa’akete, s’est imposé, allant même jusqu’à le rendre incontournable. On pourrait presque dire qu’un groupe marquisien sans cet élément, ne pourrait exister. Entre temps, la gestuelle de filles a également subi le fouet de l’évolution. Elles dansent le haka toua ou la « danse guerrière » comme les hommes, avec les mêmes gestes. Il arrive souvent qu’elles remplacement complètement la gente masculine durant certaines interludes. Les temps ont bien changé, mais alors qu’en est-il des danses ? C'est ce nous verrons dans la deuxième partie de ce dossier dédié au danses marquisiennes.

TP

Danses traditionnelles : l’évolution du haka
Te mau ‘ori mä’ohi : Te huru o te haka nö Mätuita

‘Aua’e mäoti te ‘aiväna’a tu’i ro’o ra nö te fenua o Ua Pou, o Toti Teikiehuupoko, i mahuta fa’ahou mai ai te parau nö te haka Mätuita. Ma te matahiti 1989, i reira te mau ‘ori o te mau ‘aito i färiu marü noa mai ai, nä roto ihoa ra i teie Heiva rahi pi’i hia ana « Matavaa o te Henua Enana ». Mai i taua taime ra, ‘aita tö na parau i fa’a’ea fa’ahou. ‘Ua ‘ite hia i te reira i te mau matahiti i muri mai.

Teie ra, rave rau huru fa’ata’ira’a reo o te i fa’aro’o hia. ‘Ia au te parau a te mau rohi pehe e tauto’o nei i te reira pae ‘ohipa, ‘e ‘ere ato’a i te mea ‘öhie nö te fa’aïho mai i te mau ta’ira’a reo tumu. ‘Ua nu’u te tau ‘e te päpa’i noa ra vëtahi nä roto i tö rätou ‘ite, hou roatu nä roto i tö rätou hïna’aro. Te tahi ato’a tumu i hahi ‘ë ai te aura’a mau o te ‘ori o të parau noa hia nei « haka » : te mau tere färereira’a i roto pü te mau äti nö te Mätuita mä ‘e nö Aotearoa.

I teienei, mea pinepine o te ‘ite hia nei i te mau toa ‘enana e huti mai ra i te rero, e ‘ara’ara rahi i te mata. E au ë, e maori mau ihoa rätou. ‘Oia mau, ‘e parau ti’a ato’a i te reira. Teie rä, te ihea i tö tumu ? Teie te tahi uira’a e mahiti mai iö te mau ‘aiväna’a rohi pehe. Nö te mea, ‘ia hi’o maite ana’e hia te huru ‘äpï o te mau « haka », ‘aita e tü’ati ra i tö tahito.

I fa’aö roa hia atu ra i te tä’iri ha’akete, teie ïa pahu iti e tüpa’i hia e te tahi mau ra’au ha’uti. ‘Aita i te reira tao’a i fa’aro’o hia a’e na i müta’a, i teienei ra, ‘öia. ‘Ua ta’a ‘ë ato’a te mau ‘apa, te mau tu’ura’a ‘ävae. O te reo noa o te i täpe’a puna hia. I teie nëne’ira’a ve’a i muri nei, e fa’ahöpe’a roatu ai tätou i te tuatäpapara’a o teie tumu parau, ma te fa’ahiti atu i te ‘ananähi o teie mau ‘ori.

TP

Rédigé par TP le Lundi 13 Mai 2013 à 16:42 | Lu 3084 fois