Tahiti Infos

Danses traditionnelles : l’évolution du haka – 2ème partie


Danses traditionnelles : l’évolution du haka – 2ème partie
La « folklorisation » des spectacles de danses marquisiennes ont banalisé les prestations. Suite à ce constat, les auteurs-compositeurs de l’archipel ont décidé de faire un pas vers la nouvelle génération de danseurs en collaborant ensemble. Après une longue période de refus de transmission, de flottement et de stagnation artistique, les « ènana » souhaitent pouvoir organiser une sorte d’Etat général des danses marquisiennes.

« Depuis le festival de 1999, nous avons tourné en rond ! » lâche Teaiki, 60 ans, de l’île de Hiva Oa, compositeur d’un style de chant particulier nommé « ruu », mélodie lente entonnée particulièrement par des personnes d’un certain âge. « Je prends l’exemple des chants que je compose, là encore, il y a toute une rééducation à faire. Je veux dire par-là que la nouvelle génération marquisienne n’aime pas du tout ce style car il leur faut toujours des musiques très rythmées, avec des frappes de tambour frénétiques, alors que les danses marquisiennes, ce n’est pas que cela. »

Claude, 38 ans, de l’île de Ua Pou abonde en ce sens : « Du fait que les jeunes marquisiens d’aujourd’hui aient grandi au moment où le « haka » était un mélange de styles. Je parle ici des années 90 à aujourd’hui. Donc, il y avait d’un côté, les anciens qui détenaient encore le savoir chanter ou le savoir danser. De l’autre, il y avait un mélange qui a, il faut le dire, couvert les vrais pas. Il ne faut pas oublier, non plus, qu’à l’opposé des années 70 ou 80, aujourd’hui les jeunes reviennent de Pape’ete avec une influence tahitienne dans leur façon de taper le pāhu, ou dans la manière d’évoluer sur scène. Alors qu’auparavant, les jeunes partaient d’ici avec des acquis et donc des éléments d’origine. ».

Leonne de l’île de Tahuata, retraitée de l’éducation, mais également membre de l’académie marquisienne, fait le même constat : « Même sur notre île où on a réussi à maintenir un niveau culturel des danses assez haut, eh bien lorsque nos enfants reviennent de Tahiti, ils ont de nouveaux gestes, de nouveaux pas de danses qui modernisent complètement le style traditionnel. On est envahi par une modernisation inéluctable. »
Du côté des partisans de la modernisation des danses…

Lorsque la parole est donnée aux nouveaux compositeurs, ceux à qui l’on a attribué une volonté de tout changer, la version est toute autre. Yannick déplore les mauvaises intentions qui leur sont prêtées : « C’est vrai que nous avons fait nos études à Tahiti et que, forcément, on a connu d’autres influences autres que celles que nous avons toujours connu. Cependant, je crois qu’il faut arrêter de se cloîtrer dans un genre. Je prends l’exemple des musiciens européens comme Beethoven ou Mozart. Leurs musiques sont mises à toutes les sauces et on ne leur dit rien à eux. Pourquoi ne serait-il pas possible de faire pareil chez nous ? ».

Même raisonnement pour Emilie, jeune lycéenne : « C’est normal que nous, les jeunes, nous n’aimons pas certains chants de chez nous car on s’ennuie. C’est mieux le « haka », ça bouge beaucoup ! »

Quelque part, cela rappelle un peu l’histoire du petit village des irréductibles gaulois Astérix et Obélix. « Le combat semble être le même, mais dans notre région à nous ! » déclare Vae, danseuse originaire de Fatu Hiva et résidant à Tahiti. « Eh oui, car quand on y pense bien, les derniers détenteurs des styles de danses d’antan se battent pour conserver le peu de culture qu’il nous reste. Mais, n’est-ce pas un combat entre David et Goliath ? Un combat perdu d’avance ? »se demande-t-elle. Mata de Nuku Hiva, chef de groupe depuis une vingtaine d’année ajoute toutefois une nuance de taille : « …certes, mais David a quand même abattu le géant ! ».

Compromis…une solution ?

« Il faut relativiser ! » lance un auteur-compositeur réputé de l’île de Hiva Oa. « Comme dans toutes les cultures, les artistes ont su adapter leurs styles puristes aux rythmes modernes. De toute manière, qu’on le veuille ou non, on n’y échappe pas. » et de donner son point de vue sur la question : « Eh bien, il faut faire pareil. Il faudrait faire comme Guy Laurens (ndlr : artiste polynésien, et fondateur de la fameuse troupe « Fenua ») C’est-à-dire mélanger le traditionnel au contemporain. Rataro a été le précurseur en la matière. Lorsque tu écoutes ses chansons des années 90 et celles d’aujourd’hui, elles ont littéralement changé en termes de mélodies, de rythmes et biensûr d’arrangements musicaux. »

Chez les « anciens », la plupart se déclarent en faveur d’une forme d’évolution mais consensuelle, pas comme celle observée jusque-là, c’est-à-dire dénuée de sens. « Laissons ce qui est māori aux māori, et gardons ce qui est à nous marquisiens, chez nous. Vous savez, ce n’est pas que nous n’apprécions pas leur style, au contraire, mais nous pensons que nous avons une richesse si incroyable en matière de gestes, de mots, d’expressions et de mélodies. Il en est de même pour les apports extérieurs en ce qui concerne les rythmes, par exemple. Alors pourquoi aller chercher ailleurs, ce que nous avons déjà tout près de nous depuis des siècles ? »

Pierre, de Taipīvai, est une véritable référence dans l’enseignement du râle du cochon, connu sous l’appellation de Hakapuaka. Son idée, de l’avis de tous, semble être la plus adaptée : « Il faut arrêter ses batailles rangées. Je crois plutôt qu’il faudrait que l’on accompagne les jeunes compositeurs de danses traditionnelles, en leur inculquant déjà les bases des danses dont nous connaissons parfaitement les notes, les paroles et les gestes. Cela doit être pour chaque chant et danse traditionnelle. (…) A partir de là, ils seront à même de discerner ce qui pourrait correspondre à leur style moderne à eux. En clair, ils n’utiliseront pas des paroles ou gestes dédiés autrefois au sacrifice, dans une chanson d’anniversaire. Ce n’est qu’un exemple. Parcequ’aujourd’hui, on entend « Hu ! Ha ! He ! » à toutes les sauces. Non, je pense que nous autres détenteurs du savoir chanter ou savoir danser, devons nous ouvrir plus et partager tout ce que nous savons car demain, c’est eux qui perpétueront notre héritage. »

Après avoir recueilli différents avis de part et d’autres, il semblerait qu’une ouverture en vue d’une réconciliation entre l’«hier» et l’«aujourd’hui » soit envisageable. L’idée serait d’organiser une table ronde et réformer les danses marquisiennes afin de permettre une adaptation, ou du moins, une transition douce dans la technique de composition. Cette initiative, seule l’académie pourra la prendre, à un moment que tous souhaitent proche. Un effort nécessaire en vie de ramener une certaine légitimité aux « haka » ènana.

TP

Danses traditionnelles : l’évolution du haka – 2ème partie
Te mau ‘ori mā’ohi : te haka nō Mātuita

A ha’amana’o na, i teie mau mahana i ma’iri a’e nei, ‘ua fa’ahiti hia i te parau o te hahī ‘ēra’a o teie mau ‘ori o te pi’i noa hia ana e « haka » i te pae’au Mātuita ma. I te parau a te upo’o fa’atere nō te Fare Vāna’e nō taua mau pae ra, o Toti Teikiehuupoko tāne : « E ‘ohipa faufa’a ihoa te parau nō te fa’aīho fa’ahoura’a mai i teie mau ‘ori. E tītau hia ihoa i te feiā ‘āpī e ‘apo mai i te mau ‘ite. ‘Eiāha ra e ha’afaufa’a ‘ore hia i teie mau ‘ori mā te rave ia au noa i tō ‘oe hīna’aro. ‘E ‘ere roa atu mai i te reira ! »

I te tahi pae, ‘ua vauvau mai o te rahira’a o te mau ‘aivāna’a i tā rātou mau tātarara’a. Teaiki, nō te fenua nō Hiva Oa : « ‘Ia hi’o ana’e vau i tā mātou feiā ‘āpī, ‘aita rātou e ‘ana’anatae fa’ahou i teie hīmene pi’i hia nei « Ruu ». Te tumu, ‘e ‘ere roa atu teie huru hīmene i te mea pe’epe’e. Teie ra, hō’ē teie o tā mātou mau faufa’a tupuna. Nō rātou, i ti’a ‘ia fa’a’ohipa noa i te pāhu. ‘Aita ana’e, ‘aita ïa rātou e tāpiri mai i ni’a i te tahua. »

Hō’ē ā te mana’o o Claude tāne, nō te motu o ‘Ua Pou : « I tō’u hi’ora’a, ‘ua ha’amata te mau haka i te fa’ataui hia i te huru mai i te mau matahiti 90 ra tae roa i teienei. Nō te mea, ‘e tau terā i ‘āno’i hā noa hia i te mau ‘apa nō rāpae mai, tae noa atu i te huru fa’ata’ira’a ‘upa. I te tahi pae, tē vai nei tā tātou mau ‘aivāna’a o te ‘imi noa ra i te rāve’a ‘eiāha te mau ‘ori e taui noa hia a’e, ‘e i terā atu pae’au, ‘eie te mau ta’ure’are’a e ‘āfa’i mai nei i te tahi mau ‘ite ‘āpī i ‘ore i mātau hia e tō tātou nūna’a. Mea ‘ē ihoa i taua mau matahiti ra. Mai i nā i’ō nei te mau ‘ite tupuna i te haerera’a atu. ‘Are’a i teienei, ‘ua taui te fa’anahora’a. Nā tō Tahiti roa mai te mau ‘ite e tae mai, i taui ai tā tātou mau ‘ori. »

‘Eāha te rāve’a ‘eiāha o tā tātou mau ‘ori e taha ‘ē fa’ahou atu a ? Teie paha i te tahi pāhonora’a nō roto mai i te tahi ‘orometua i fa’atuha’ahia, o Pierre : « Penei a’e, ‘e ti’a ia mātou te mau tia’i o te tā’ere « ènana », e fa’ari’i maīte i teie mau rohi pehe ‘āpī nō te ha’api’i iā rātou i te mau ravera’a tumu. I reira tā rātou mau ‘ori i pāpū roa atu ai. ‘Aita e hape fa’ahou i te mau reo ta’i, a ore ra i te mau ‘apara’a. Teie i te hō’ē hi’ora’a, mai te peu, e mahana fānaura’a te tumu parau, ‘aita ïa rātou e ‘āno’i atu i te mau ta’o nō te tūpa’ira’a ‘ānimara. ‘E ‘ere ānei ? Parau mau, i reira ato’a rātou e nehenehe ai e fa’a’ohipa nā roto i te huru e au hia e rātou. »

Tē ti’aturi nei tō te mau pae ènana ‘e ènata ma i te mea ē, e riro i te tahi fārereira’a ‘eitauira’a mana’o i te fa’atupu hia i teie mau tau i muri nei. Te i i te Fare Vāna’a « èo ènata » noa i te ravera’a i te reira.

TP

Rédigé par TP le Mercredi 15 Mai 2013 à 16:31 | Lu 1453 fois