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Dans les "squats" de Nouméa, avoir un toit passe avant l'indépendance


NOUMÉA, 18 janvier 2014 (AFP) - "Moi, ce que je voudrais c'est un toit et un boulot parce que j'ai un gamin de 5 ans. L'indépendance, ça ne m'intéresse pas trop", affirme Kenji Upigit, un jeune kanak de 25 ans, lassé de vivre dans une cabane en tôles, qui "prend l'eau de partout".

Pour trouver son baraquement, il faut dangereusement quitter la voie express à l'entrée nord de Nouméa pour emprunter un chemin de terre cabossé qui conduit vers des dizaines de cabanes brinquebalantes, construites sur le site d'un ancien dépotoir. Bienvenue au squat Coca-Cola!

Coincé entre la route, un bras de mer pollué par les déchets et la proche zone industrielle de Ducos, ce squat, comme on baptise les bidonvilles en Nouvelle-Calédonie, se situe à quelques encablures de l'usine, qui fabrique la célèbre boisson gazeuse.

"Là haut, c'est une ligne haute tension de 25.000 volts, qui alimente la Société Le Nickel (usine métallurgique, ndlr). Ca fait un de ces boucans quand il pleut!", explique le jeune homme, en désignant la cathédrale de fer, qui surplombe son modeste logis.

Sorti de l'école en troisième, Kenji n'a pas réussi à intégrer le Centre de formation des apprentis de Nouméa, "à cause des maths", et il enchaine depuis les petits boulots.

Entre 2014 et 2018, dernier mandat de l'accord de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie, où un processus de décolonisation progressif est en cours, devrait se prononcer pour ou contre le maintien de liens avec la France.

"mal logé, c'est toute la vie qui est déstructurée"

"C'est l'affaire des politiques. On a d'autres problèmes ici", explique le père de famille, dont la compagne fait des remplacements de femme de ménage.

Une quinzaine de membres de la famille de Kenji, pour la plupart originaires de Lifou dans l'archipel des Loyauté, vit dans ce squat insalubre, parmi lesquels sa tante, Joséphine, résidente des lieux depuis trente ans.

"La vie est trop chère, on ne peut pas se loger, même les courses, c'est dur", confie-t-elle, chignon tiré et robe traditionnelle aux couleurs vives.

Avec son mari, elle irait bien s'installer à Lifou, mais l'île dont la population n'a pas évolué depuis vingt-cinq ans (environ 8.700 hab.), offre peu de possibilité d'emplois.

Quelque 8.000 personnes, à 70% kanakes, vivent dans des squats à la périphérie de Nouméa, qui continue de concentrer emplois et richesses, malgré la politique de rééquilibrage économique en cours depuis 1988.

Les travailleurs pauvres sont les plus durement frappés par la crise du logement dans le Grand Nouméa, où les loyers du secteur privé ont grimpé de 43% entre 2002 et 2006.

"7.000 familles sont en attente d'un logement social, 20% du parc des bailleurs sociaux sont sur-occupés tandis que la production annuelle de logements sociaux a été divisée par trois depuis 2009, passant d'environ 1.000 à seulement 300. C'est dramatique", déplore Dominique Simonet, président de SOS Logement.

Installée dans un quartier populaire au nord de la capitale, l'association reçoit entre 300 et 400 familles par an, qu'elle accompagne dans les démarches administratives pour trouver un logement décent.

"Quand on est mal logé, c'est toute la vie qui est déstructurée. Ce phénomène est source d'échec scolaire et de délinquance, ce qui constitue autant de risques pour la stabilité du pays", ajoute-t-il.

Grâce à l'industrie minière du nickel et aux transfert financiers de la métropole, la Nouvelle-Calédonie a connu jusqu'en 2012, plusieurs années consécutives de forte croissance.

Mais la chute des cours du nickel et des incertitudes institutionnelles créent un climat d'incertitude, l'économie est désormais en repli, risquant de creuser encore les fractures ethniques et sociales de l'archipel, à la veille d'échéances politiques majeures.

Rédigé par () le Samedi 18 Janvier 2014 à 06:28 | Lu 818 fois
           



Commentaires

1.Posté par Jean Pierre le 18/01/2014 08:38 | Alerter
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Ils choisirons, ce que vivent les gens pauvres de Nouméa n'est rien comparé à ce qu'ils auront à vivre en cas d'indépendance, le retour en arrière sera difficile et il leur faudra au moins deux générations pour s'adapter à nouveau aux modes de vie du début du siècle dernier.
Comme partout beaucoup croient trouver une vie meilleure en quittant leurs îles, la plus part du temps, ce n'est qu'une illusion, les lumières de la ville n'engendre que frustrations.

2.Posté par sabbat le 18/01/2014 16:20 | Alerter
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Dans la vie, il faut être très courageux et se prendre en mains surtout et ne pas attendre d' être aidé ou logé. Toutes les époques ont été des époques dures pour les gens. Il y en a qui s' en sortent et beaucoup d' autres pas. Pourquoi ? Ont-ils baissé les bras dès le départ ? Ont-ils attendu d'être aidés ? Nous étant enfant, nous manquions de tout ? Il fallait faire attention à tout, ne rien gaspiller. Nous allions à l' école à pied chose impensable aujourd'hui. Nous vivons dans le LUXE et les gens se plaignent TOUT LE TEMPS ! Nous, nous n' avions rien. Pain sec, riz et quand nous avions quelques biscuits ou bonbons, nous étions les Rois de la terre. Aujourd'hui, nous AVONS TOUT...sauf l' argent. Mais il FAUT TRAVAILLER pour AVOIR DE L' ARGENT. Cultiver la terre, on arrive toujours à manger et le soleil est toujours au rendez-vous c' est bon pour le moral alors que dans le Monde, il n' y a que des catastrophes. POSITIVEZ et SOYONS HEUREUX !

3.Posté par Jean Pierre le 18/01/2014 17:34 | Alerter
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Hé ! Oui SABBAT, tu dois pour avoir connu se temps la, avoir sensiblement mon âge, nous nous contentions de peu et étions sommes toute heureux, mais nous avons appris le gout de l'effort et la satisfaction du travail bien fait, maintenant le mot travail est galvaudé et la notion d'effort bien obsolète. Comme disait mon père, comme on fait son lit on se couche.

4.Posté par Le président de "la Polynésie française", des françaises et des français René, Georges, HOFFER le 19/01/2014 11:17 | Alerter
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"Quelque 8.000 personnes, à 70% kanakes, vivent dans des squats à la périphérie de Nouméa"
Bonne nouvelle sur le front du DROIT au RSA:
http://www.lefigaro.fr/politique/2014/01/18/01002-20140118ARTFIG00397-la-nouvelle-anaphore-de-francois-hollande.php
«Il n'y a qu'une seule France (...) Qu'une France quel que soit le territoire où l'on vit, où l'on se sent en harmonie avec l'autre, en solidarité [...] Il n'y a qu'une France, qui doit prendre confiance en elle-même, en ses atouts, en sa technologie, en ses produits, en ses entreprises, son agriculture, en son art de vivre.»
Ah, l'art de vivre.... hohohohohoh [email protected]

5.Posté par emere cunning le 19/01/2014 17:57 | Alerter
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@Jean Pierre, sabbat, aue ho'i e, pitié mai à vous, que nous on va tous pleurer en choeur.
"Nous étant enfant, nous manquions de tout et gnagnagna". "Que nous nous contentions de peu, que nous avons appris le goût de l'effort et gnongnongnon". Y'a comme des gnons qui se perdent, oui. Je trouve vos petites leçons drôlement gonflées quand on sait ce qu'a rapporté et rapporte encore le nickel (cours en baisse, ben voyons!) qui est d'abord LE LEUR, quand on sait la sacré veine que vous aviez d'user les bancs de l'école sans jamais risquer de descendre peiner à la mine. La meilleure : "il faut travailler pour avoir de l'argent" !!! Des toatas à ceux qui font le plus dur boulot et le pactole pour les autres. Non mais, vous n'êtes pas un peu honteux là.
7000 familles en attente d'un logement... en Calédonie, mais c'est juste INADMISSIBLE ET HONTEUX.
Et quel pourcentage de "caldoches" parmi eux ? Question bête?