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Covid-19: En Guadeloupe, finis les barbecues sur la plage


Pointe-à-Pitre, France | AFP | dimanche 27/09/2020 - A 11H30, la voiture de gendarmerie arpente le littoral de la plage du bourg de Sainte-Anne et bat le rappel des baigneurs. Cette commune guadeloupéenne, bordée par un lagon bleu digne d'une carte postale est astreinte à un accès restreint de ses plages, en raison de la forte hausse des cas de Covid-19.

La deuxième vague de l'épidémie de coronavirus a commencé début août dans l'île, placée depuis mercredi en "zone d'alerte maximale", ce qui a poussé le préfet à limiter notamment les horaires d'accès "aux plages, aux rivières et plans d'eau", désormais fermées entre 11H30 et 14H30, puis de 19H00 à 05H00 du matin.

Les contaminations au Covid-19 "surviennent en majorité dans la sphère familiale et amicale", a expliqué la préfecture pour justifier ces mesures sanitaires entrées en vigueur samedi, censées "limiter les brassages de population et diminuer la sollicitation des services d'urgence des centres hospitaliers" où 16 personnes sont mortes du covid-19 la semaine dernière.

A Sainte-Anne comme ailleurs, les baigneurs sortent de l'eau cristalline, se sèchent et partent, résignés. "Les gens n'ont pas compris que les restaurants restent ouverts jusqu'à dimanche soir", soupire Jennifer Sital, salariée dans un camion à bokit (sandwich traditionnel guadeloupéen) installé face à la plage, en regardant les voitures s'éloigner. Pour elle, l'activité est au plus bas: "On cumule la basse saison avec le Covid-19, et en plus, aujourd'hui, il pleut", dit-elle en pointant le ciel menaçant.

Les baigneurs surveillent aussi leur montre à Bois-Jolan, une autre plage de la commune, plus sauvage et très fréquentée le week-end. En temps normal, rires d'enfants et musique résonnent autour de grandes tablées installées sur le sable, à l'ombre des raisiniers et des cocotiers. 

Aujourd'hui, peu de bruits viennent troubler le clapotis des vaguelettes du lagon. "On avait prévu de faire un barbecue à la plage, mais ça c'était avant les annonces des mesures sanitaires, explique Jean-Christian Rotger, la petite quarantaine. Du coup, nous partons à 11H00 pour faire le barbecue à la maison, parce qu'on est des bons élèves". "Et, ajoute-t-il, vous avez vu, on est moins de 10!"

Départ à "11H29 pétantes"

"Tous les week-end, on fait une balade en vélo, on arrive ici et on déjeune là", note Marguerite qui ne souhaite pas donner son patronyme, installée sous un carbet (abris de bois sans mur, ndlr) avec des amis pour partager des jus de fruit, du rhum, et quelques gâteaux. "Après l'effort, le réconfort. Aujourd'hui, on a avancé l'heure du départ, pour être ici plus tôt et pour partir donc plus tôt. Mais pas avant 11H29 pétantes!", rit-elle. 

"C'est contraignant, admet Marguerite, parce que le pique-nique à la plage le week-end, c'est populaire et culturel. Mais au vu de l'avancée de l'épidémie, on n'a pas le choix que d'imposer des mesures drastiques."

Et puis, comme une invitation au départ, l'orage finit par éclater à midi pile, inondant ça et là certaine routes. Mais pas de quoi décourager certains adeptes des rivières, également concernées par les restrictions d'accès.

A 43 kilomètres de Sainte-Anne, la Cascade aux Écrevisses est une des plus accessibles de la Guadeloupe, en pleine forêt tropicale. Dans le bassin naturel, au pied de la cascade, plusieurs personnes barbotent dans l'eau fraîche. Plusieurs disent n'être pas au courant de l'interdiction, d'autres avoir simplement oublié la mesure ou l'heure qui tourne: il est déjà 12H30. 

La cascade se jette dans la rivière dont les rivages sont aménagés en aire de pique-nique, habituellement bondée, mais presque déserte aujourd'hui. Seuls trois hommes, installés avec une cocotte et des assiettes, et un couple avec un bébé ont investi les lieux. 

Sur la table de Suzanne et Corentin, la glacière est ouverte pour déjeuner. "Je ne regarde pas les infos", avoue Suzanne, affirmant ne pas avoir connaissance des restrictions. Corentin lui, le savait: "J'étais au courant, mais bon. Qu'on interdise les rassemblements nombreux je comprends, mais on devrait pouvoir venir en famille à trois ou quatre".

le Dimanche 27 Septembre 2020 à 12:49 | Lu 719 fois