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Comment l'Etat et les villes organisent l'accueil des Afghans en France


Eliot BLONDET / POOL / AFP
Eliot BLONDET / POOL / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 27/08/2021 - Paris, Strasbourg, mais aussi Lyon, Lille ou Villeurbanne : l'Etat et les municipalités s'organisent pour accueillir en urgence les plus de 2.500 Afghans déjà évacués de Kaboul et ceux qui arriveront par les dernières liaisons du pont aérien.

Huit villes d'Île-de-France et "entre 15 et 20 communes" dans le reste du territoire accueillent à ce jour des ressortissants afghans exfiltrés de la capitale afghane, selon la Direction interministérielle à l'accueil et à l'intégration des réfugiés (Diair). 

Les villes d'accueil

Les premiers ressortissants afghans évacués de Kaboul ont été accueillis la semaine dernière dans un hôtel de la banlieue parisienne. Les personnes arrivées par la suite ont été dirigées vers la trentaine de communes s'étant portées volontaires auprès de la Diair.

51 Afghans, pour l'essentiel des familles, ont notamment été accueillis dans la nuit de jeudi à vendredi à Bordeaux et sont pour l'heure hébergées dans une structure mise à disposition par la mairie.

La région Rhône-Alpes s'apprête aussi à accueillir 270 personnes évacuées d'Afganistan, avec 150 places d'hébergement disponibles à Lyon et Villeurbanne, 60 places à Pont-de-Claix et Monbonnot-Saint-Martin ainsi que 60 places à Clermont-Ferrand, a détaillé la préfecture.

La ville de Strasbourg a de son côté vu arriver jeudi une centaine de réfugiés afghans, venus en car de l'aéroport de Roissy-CDG et devant être hébergés pendant un mois dans un hôtel réquisitionné par l'Etat.

"Je me réjouis que face à une situation dramatique, nous puissions faire preuve de solidarité", a déclaré mercredi la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, lors d'une conférence de presse. 

Maires "volontaires"

Par "solidarité" avec le peuple afghan, les maires de plusieurs villes, essentiellement de gauche ou écologistes, ont annoncé leur intention d'accueillir des réfugiés fuyant les talibans.

"À Grenoble, nous nous organisons pour accueillir les réfugiés", a assuré sur Twitter le maire de la ville et candidat à la primaire écologiste, Eric Piolle, pendant que l'édile PS de Nancy, Mathieu Klein se disait "prêt à participer".  

Le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau a lui aussi annoncé qu'il souhaitait que sa ville participe dès à présent à l'accueil d’Afghans évacués de Kaboul.

Accueil d'urgence

"L'accueil d'urgence des évacués est une compétence de l'Etat", rappelle cependant le préfet Alain Regnier, délégué interministériel pour l'accueil et à l'intégration des réfugiés. 

Pendant les quinze jours suivant leur arrivée en France, "il appartient à l'Etat de prendre en charge leur hébergement, leur accompagnement psychologique ainsi que de les informer sur les démarches à entamer pour obtenir l'asile", précise-t-il.  

Certaines municipalités, comme Bordeaux, ont bien mis à disposition des lieux d'hébergement, mais leur gestion revient à des opérateurs de l'Etat. 

Seule exception à la règle, la maire PS de Lille, Martine Aubry, a demandé à gérer à l'échelle de sa ville l'hébergement d'urgence, le suivi sanitaire et l'accompagnement des 63 personnes accueillies. 

"Estimant que la municipalité disposait de structures lui permettant de respecter le cahier des charges, l'Etat ne s'y est pas opposé", précise le préfet Regnier. 

Logement, emploi, cours de langue

Les municipalités seront donc pleinement mises à contribution dans les jours à venir, une fois passé le temps de l'hébergement d'urgence. 

"L'enjeu de l'intégration est bien celui de l'accès au logement, qui est une compétence des villes et territoires", pointe Didier Leschi, directeur général de l'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration (Ofii). 

Logement, emploi, cours de langue... les municipalités seront de fait chargées de mettre sur pied l'insertion pérenne des évacués afghans. 

"Les maires sont des rouages essentiels pour assurer le lien entre population accueillante et accueillie", estime Damien Carême, ancien maire de Grande-Synthe et co-président de l'Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita). 

L'association avait appelé la semaine dernière à "la mobilisation de l'ensemble des élu.e.s afin d'accueillir de manière concertée les enfants, femmes et hommes fuyant l'Afghanistan".

le Vendredi 27 Août 2021 à 06:10 | Lu 311 fois