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Commandos du CPA 10, des soldats de l'ombre au coeur de l'armée de l'Air


Commandos du CPA 10, des soldats de l'ombre au coeur de l'armée de l'Air
Sur la base aérienne d'Orléans-Bricy, France | AFP | samedi 17/12/2016 - "La spécialité de mon groupe d'action, c'est le terrorisme, la libération d'otages et la capture de chefs insurgés, de cibles importantes". Pour raconter son expérience, ce soldat d'élite du "CPA 10" (Commando Parachutiste de l'Air no 10) témoigne cagoulé.

Comme lui, tous les membres des forces spéciales (3.000 hommes au total), fer de lance de l'armée française, ne déclinent jamais leur identité et n'aiment pas faire parler d'eux.

Contrairement aux agents de la DGSE, ils n'agissent jamais dans la clandestinité. Ce sont des soldats de l'armée française. Mais leurs actions relèvent du secret défense et leurs modes opératoires impliquent discrétion et fulgurance.

Les hommes du CPA 10 - composante Air des forces spéciales - sont derrière nombre d'opérations périlleuses, libérations d'otages, infiltrations en territoire ennemi, renseignement. Ils en paient aussi le prix fort, du Sahel à l'Irak.

Organisés en petits groupes de 10 à 12 hommes, gage de souplesse et de furtivité, ces soldats d'élite détiennent chacun plusieurs compétences afin de pouvoir opérer en toute autonomie sur le terrain.

Celui qui témoigne à mots comptés sur son "groupe d'action" est à la fois spécialiste en explosifs et "médic". Concrètement, il a appris les gestes de première urgence pour pouvoir sauver un camarade blessé au combat.

- Le même ADN -

Certains sautent sous oxygène à 8.000 mètres d'altitude puis dérivent sur des dizaines de kilomètres sous voile afin de prendre l'adversaire par surprise. "On n'entend ni l'avion ni le parachute arriver", relève l'un deux.

D'autres pilotent des minirobots équipés de caméras qui peuvent se faufiler dans des bâtiments où la présence de jihadistes ou d'otages est soupçonnée.

Chez chacun transparaît le même "ADN", un sens aigu de la mission, un goût assumé pour la rusticité et un esprit d'équipe, le tout doublé d'un mental d'acier.

"Nos missions, c'est l'action directe comme lors de la reprise du Nord Mali en 2013, le renseignement à fins d'action et les missions +environnementales+" comme la formation de soldats étrangers, explique le chef du CPA 10, le lieutenant-colonel Loïc.

Le moment privilégié d'intervention, c'est la nuit, quand l'ennemi ne s'y attend pas. Au début de l'opération Serval en janvier 2013, une dizaine de commandos du CPA 10 participent ainsi à la reprise de l'aéroport de Gao, la grande ville du nord du Mali.

Héliportés en pleine nuit, ils évaluent la piste, la jugent suffisante pour atterrir et redécoller malgré les carcasses de blindés abandonnées par les jihadistes. En quelques minutes, quatre avions Transall et Hercules réussissent à se poser, débarquent hommes et véhicules puis redécollent sans encombre.

- Manque de vocations -

"Le principe d'emploi, c'est la +Jeep des airs+, on délivre de la force rapidement et on repart le plus vite possible", résume Dionysos (pseudo) dont l'escadron de transport, le Poitou, achemine le CPA 10 aux quatre coins des théâtres d'opérations.

En janvier 2011, les forces spéciales prennent en chasse les hommes armés qui viennent d'enlever deux jeunes Français dans un restaurant de Niamey et foncent à tombeau ouvert en pickup vers le Mali.

Bravant tous les dangers, des soldats du 1er RPIMa et du CPA 10 sont héliportés ou largués, en plein jour, sur le convoi. Ils sont accueillis par un déluge de feu. Les deux otages y laisseront la vie.

Malgré tous ses titres de gloire, le CPA 10 compte moins de 250 hommes et peine à recruter. "Il me manque deux groupes d'action et une partie commandement", concède Loïc.

"Ce qui fait partir les gens, c'est un peu l'usure, des missions de quatre mois plus l'entraînement. Depuis quelques temps c'est aussi connu qu'il y a des risques", avance un commando.

Deux de ses compagnons ont été tués au Mali en 2014 et 2015. Deux autres ont été grièvement blessés par un drone piégé du groupe Etat islamique (EI) dans le Kurdistan irakien en octobre.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Samedi 17 Décembre 2016 à 07:29 | Lu 4019 fois