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Carnet de voyage à Huahine : dans la forêt enchantée…


PAPEETE, le 9 octobre 2015- Randonnée au-dessus du village royal de Maeva : L'île de Huahine est l'une des plus préservées de l'archipel de la Société. Pour les amateurs d’histoire et pour ceux qui aiment remonter le temps, quitte à transpirer un peu, Tahiti-Infos a exploré les hauteurs de la côte nord de l’île jardin.

La tête de mort nous fait face sans broncher. Son regard vide n'exprime rien : ni haine, ni sympathie. Les dents de devant manquent, mais les autres sont en parfait état. Le crâne de ce tupuna est caché dans cette anfractuosité de rochers depuis quand ? Nous ne saurions le dire, mais une chose est sûre, sa mâchoire inférieure a été dérobée il y a peu ; c'est ce que nous explique Paul Atallah, notre guide dans la grande forêt d'émeraude qui domine le village de Maeva, à Huahine. Patron de sa petite entreprise, “Island Eco Tours”, il connaît le passé de l'île jardin comme sa poche et il sait surtout lire entre les pierres et déchiffrer la brousse qui recouvre tout.


Sur les hauteurs de Maeva

A Huahine, les visiteurs se contentent souvent d'un arrêt sur les marae au bord de la lagune à Maeva, et d’un autre au niveau du pont, où ils peuvent découvrir les anciens parcs à poissons en pierres, construits en pierres plates (l'un d'entre eux est encore en fonctionnement). Bien rares, en revanche, sont ceux qui prennent le temps de consacrer une demi-journée à monter sur les hauteurs de ce village exceptionnel, dont la majeure partie des richesses archéologiques est encore cachée.
Paul est un authentique Américain, amoureux fou du passé des anciens Polynésiens, un anthropologue que la passion a vissée sur l'île de Huahine voilà déjà plusieurs décennies ; il est également un fan du célèbre professeur Sinoto, à qui l'île doit tant pour ses travaux archéologiques. Pour lui, le plus intéressant à découvrir se situe sur les hauteurs…


Un patrimoine menacé

Autant le dire tout de suite, si la balade proposée par Paul vous enchantera, nous ne pouvons qu'exprimer notre inquiétude devant l'envahissement végétal dont ces vestiges font l'objet. Des tentatives ou des débuts de débroussaillage ont bien eu lieu ici et là, mais ces travaux, à encourager, restent embryonnaires à l’échelle du chantier représenté par les innombrables ruines.
Certes, répétons-le, quelques nettoyages superficiels ont été effectués, mais malheureusement, le plus gros des sites a été laissé à l'abandon et la marée verte est si puissante que plates-formes et murs sont en grand péril face aux racines qui bousculent tout.
Actuellement, par endroits, des dizaines de jeunes plants de uru sortent de terre n'importe où ; non seulement ils ne seront pas viables, entassés les uns contre les autres jusqu'à former des buissons, mais en plus, leur système racinaire aura tôt fait de détruire tout ce que le passé nous a légué…


Comme au Pérou il y a cent ans…

Pour Paul, évidemment, il est toujours difficile, dans un tel cadre, de promener des cohortes de touristes.
"Pas facile de faire parler des vieilles pierres, mais quand elles sont recouvertes par la brousse, c'est encore moins simple, car rien n'est visible, rien n'est lisible".
Sa recette ? “J'explique aux touristes qu'ils sont ici comme on l'était au Pérou en 1910. Hiram Bingham n'avait pas encore découvert le Machu Picchu, il ne l'avait pas dégagé de la forêt qui le recouvrait, on ne distinguait que quelques pans de murs, rien de plus."


Entre lagon et montagne sacrée

Nous progressons lentement, escaladant murets et terrasses, les ruines épousant la pente de la sylve. C'est vrai qu’un véritable Machu Picchu dort encore sous cette gangue dense et cette jungle à peine pénétrable.
On viendrait sans doute de loin -et en rangs serrés- pour visiter de tels sites s’ils étaient nettoyés puis restaurés, sites qui prouvent que les familles royales, au nombre de huit, vivant sur les hauteurs du village de Maeva, comptaient des centaines et des centaines de personnes, dont la vie était tournée soit vers le lagon, soit vers la montagne sacrée, le Moua Tapu (le mot "tapu" étant à prendre au sens de “morceau coupé” : son sommet, carré vu sous certains angles, atteste qu'un dieu a bien sectionné la pointe de la montagne, avec laquelle il aurait fait celles de Tahiti, assure une légende…).




Une forêt de ruines

Vous aimez l'histoire polynésienne, la richesse de ses monuments (même peu ou pas entretenus), le plaisir de survoler les époques passées ? Vous êtes capable de rêver et de vous émerveiller dans un labyrinthe de ruines recouvert par une végétation envahissante et tentaculaire ? Dites à Paul Atallah de vous conduire sur ses pistes sacrées, où, peut-être, au détour d'un marae, vous tomberez, vous aussi, sur le crâne d'un tupuna qui vous demandera sûrement pourquoi les arii d'aujourd'hui sont si indifférents aux arii d’hier et à leur passé ?
“Que la montagne est belle” chantait Ferrat. Que celle de Huahine est riche, mais que cette mystérieuse endormie gagnerait à être réveillée en douceur… Espérons qu'il ne nous faudra pas attendre encore des années, d’autant qu’il semble que notre tourisme se tourne de plus en plus vers le mana, la culture. A Huahine, nos responsables peuvent montrer que l’on peut enfin aller au-delà des mots…

Contacts
Air Tahiti Séjours dans les îles
Site : www.sejoursdanslesiles.pf
Agence Air Tahiti en ville ou votre agent de voyages

Ou dormir?

Island Eco Tours
Paul Atallah
Guide professionnel
Site : www.islandecotours.net
Tel : 87 71 30 83
E-mail : [email protected]

Hôtel Maitai Lapita Village
Situé à quelques minutes de l’aéroport et à quelques pas du centre de Fare, l’Hôtel Maitai Lapita Village, un établissement 3 étoiles plein de charme, est implanté sur un terrain de plus de 3 hectares bordé d’une magnifique plage de sable blanc et agrémenté d’un lac parsemé de nénuphars multicolores. Il comprend 32 bungalows, disposés autour du lac ou dans les jardins. L’architecture s’inspire des abris de pirogues polynésiennes du temps jadis. Les bungalows jardin nichés dans la végétation luxuriante, regroupés deux par deux et dont les chambres peuvent être communicantes, sont la formule idéale pour les familles.
Site : www.huahine.hotelmaitai.com Tel : (+689) 68 80 80

Fare Ara : Située à la sortie du village de Fare, côté montagne et en bord de route, la pension Fare Ara est constituée de 2 maisons mitoyennes, ainsi que d'un studio, tous entièrement équipés. Le village de Fare, tout proche, offre aux voyageurs de nombreuses opportunités.

Motel Vanille : Le Motel Vanille est une petite structure paisible, composée de bungalows simples, de style polynésien, au cœur d’un jardin tropical clos, fleuri et verdoyant, agrémenté d’une piscine. Il se situe sur le chemin de l’aéroport.

Pension Meherio : A 200 mètres de la magnifique plage publique de Fare, dans une jolie propriété, la pension Meherio propose 3 structures en dur habillées de bambou tressé. Au centre, les parties communes regroupent la réception, le restaurant et un coin salon.

Pensio Ariitere: Située non loin du centre du village de Fare, la pension Ariitere se compose de 3 bungalows et de 2 chambres simples, disposés autour d'une petite piscine, au coeur d'un jardin fleuri et coloré. C'est une formule qui convient aux petits budgets et aux familles.

Pension Fare Maeva : Le Fare Maeva est un petit hôtel familial qui se trouve au nord-ouest de l'île de Huahine, non loin de l'aéroport. Implanté côté océan, il permet de contempler à l’horizon, les îles de Raiatea, Taha’a et Bora Bora.

Hôtel le Royal Huahine : caché dans une petite baie accessible uniquement en bateau, à quinze minutes du village principal de Fare, ce complexe hôtelier se compose de 18 bungalows jardin, de 11 bungalows plage et 11 bungalows pilotis.

Rédigé par Textes et photos : Daniel pardon le Vendredi 9 Octobre 2015 à 15:58 | Lu 2924 fois