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Carnet de voyage - Mont Marau : balade parmi la flore d’altitude


Une splendide Freycinetia impavida observe, impassible, le vol d’un parapentiste. Famille des Pandanaceae. En arrière plan, l’Aorai (2 066 m) et le sommet double de l’Orohena (2 241 m) dans le lointain.
Une splendide Freycinetia impavida observe, impassible, le vol d’un parapentiste. Famille des Pandanaceae. En arrière plan, l’Aorai (2 066 m) et le sommet double de l’Orohena (2 241 m) dans le lointain.
TAHITI, le 10 août 2017. La montagne tahitienne est difficile d’accès. Aucun ministre du Trourisme ou de l’Equipement n’a été capable, en plus de trois décennies d’autonomie, d’ouvrir des sentiers de randonnée et de les entretenir. Résultat, rares sont ceux qui se hasardent sur nos sommets. Un moyen très simple de prendre de l’altitude consiste à emprunter le chemin d’accès au Mont Marau. À 1 493 m d’altitude, on peut aisément s’imprégner de l’ambiance “montagne”.

Que vous soyez piétons ou adeptes du 4x4, vous ne pourrez pas échapper, en remontant la route sortant de l’aéroport de Tahiti jusqu’aux hauteurs de Faa’a, à la décharge municipale dont vous respirerez à pleins poumons les effluves parfumées. Ce cap franchi, à vous l’air pur…

A pied ou en 4x4

Le mont Marau, depuis les années 72-73, date d’installation d’antennes de télécommunications, est accessible par une “route”, un chemin très dangereux durant la saison des pluies, plus accessible en saison sèche. En théorie, un bon 4x4 et un tout aussi bon chauffeur permettent d’accéder jusqu’à la cote 1 441 m, au pied même des grandes antennes. Là, vous pourrez facilement vous garer et emprunter le chemin en sens inverse pour découvrir de superbes paysages, mais aussi et surtout pour faire connaissance avec la flore de haute montagne de Tahiti.

Admirer et protéger

Là-haut, il fait souvent frisquet, et vous ne trouverez bien évidemment que très peu des plantes d’ordinaire visibles en zone côtière. C’est dans cet univers que nous vous proposons d’évoluer à travers quelques photos, loin d’être exhaustives en terme de biodiversité, une manière de découvrir ce sommet et sa flore en ayant tout de même quelques noms en tête. Et surtout un souci : admirer et protéger. Pas question de cueillir quoi que ce soit !

Textes et photos : Daniel Pardon
Une vue des plateaux aux orangers de la Punaruu, depuis le belvédère du Marau, à 1 200 m d’altitude.
Une vue des plateaux aux orangers de la Punaruu, depuis le belvédère du Marau, à 1 200 m d’altitude.

Le Marau pratique

Pour y aller
Prendre la route qui sort de l’aéroport de Tahiti-Faa’a et monter, après le pont sous la RDO, sur la droite, puis tout droit jusqu’à la décharge. La dépasser, continuer à monter, en vous mettant sur 4 roues motrices dans les passages les plus difficiles.

N’oubliez pas
Tôt le matin ou plus tard en fin d’après-midi, il fait souvent frais, voire même froid si le vent souffle. Ayez donc de quoi vous protéger. Dans le même registre, le sommet est un excellent “accroche nuages” : il pleut donc fréquemment, même si la côte est baignée par le soleil. Des vêtements de pluie seront souvent nécessaires.

Pour randonner
Prenez de la hauteur, pas la peine de rester au-dessus de la décharge. Garez-vous sur un large parking dans un virage (magnifique panorama sur le plateau des orangers dans la Punaruu depuis ce belvédère situé à 1 200 m) et terminez la balade à pied.

Pour en profiter
Il fait parfois beau et très chaud dans la forêt du mont Marau. Pensez à vous hydrater et à vous alimenter si vous désirez y passer la journée. Ne laissez, bien entendu, aucun déchet sur place !

Interdit absolu
Vous êtes dans une forêt humide sur les hauteurs du Marau, aussi humide que ventée. Les espèces végétales qui poussent ne doivent jamais être coupées, arrachées ou déterrées pour être replantées dans votre jardin. Aucune plante ne peut résister à un tel changement climatique. Donc observez, photographiez, respectez, mais ne massacrez pas inutilement. Contentez-vous, si vous êtes gourmand, de déguster quelques framboises sauvages (produites par une plante envahissante que vous pouvez, en revanche, détruire).

Côté antennes
Il est évident que les installations du sommet du Mont Marau sont interdites d’accès et comme telles, protégées. Ne vous avisez donc pas de tenter de pénétrer dans le périmètre grillagé

Pour aller plus loin
Une très belle randonnée est possible à partir du Mont Marau, dans le prolongement de la montagne, après les antennes. On peut descendre vers le Diadème en passant par son col (à 1 050 m), et même jusqu’à la vallée de la Punaruu. Mais quelqu’un doit vous guider, une autre personne devant redescendre la voiture.
Il existe aussi une possibilité de faire la descente Marau-Tipaerui par un sentier (3 h), mais il vous faudra un guide professionnel.

En face de vous
Du Marau, vous avez une vue sublime sur les crêtes de l’Aorai (2 066 m), deuxième sommet de l’île. Vous pourrez repérer les refuges (Fare Mato à 1 403 m et Fare Ata à 1 830m) et l’arête sommitale. N’oubliez pas de monter avec une paire de jumelles pour profiter des paysages.

Metrosideros collina, un très bel arbuste typique de nos hauteurs. Famille des Myrtaceae.
Metrosideros collina, un très bel arbuste typique de nos hauteurs. Famille des Myrtaceae.

Weinmania parviflora (aito mou’a), très bel arbre des montagnes de la Société. Il fleurit presque toute l’année. Famille de Cunoniaceae.
Weinmania parviflora (aito mou’a), très bel arbre des montagnes de la Société. Il fleurit presque toute l’année. Famille de Cunoniaceae.

Cyrtandra mucronata aime les sous-bois ombragés et humides. Famille des Gesneriaceae.
Cyrtandra mucronata aime les sous-bois ombragés et humides. Famille des Gesneriaceae.

Korthalsella aoraiensis est, en quelque sorte, un “gui” polynésien.  Famille des Santalaceae.
Korthalsella aoraiensis est, en quelque sorte, un “gui” polynésien. Famille des Santalaceae.

La petite orchidée palmier, Spathoglottis plicata, est omniprésente dans les montagnes de Tahiti. Famille des Orchidaceae.
La petite orchidée palmier, Spathoglottis plicata, est omniprésente dans les montagnes de Tahiti. Famille des Orchidaceae.

Rubus rosaefolius, les petites framboises tahitiennes. Ne récoltez que les fruits en hauteur, ceux près du sol peuvent être souillés par de l’urine animale et porteurs de la leptospirose. Famille des Rosaceae.
Rubus rosaefolius, les petites framboises tahitiennes. Ne récoltez que les fruits en hauteur, ceux près du sol peuvent être souillés par de l’urine animale et porteurs de la leptospirose. Famille des Rosaceae.

Melastoma malabathricum, une belle fleur, certes, mais malheureusement envahissante. Famille des Melastomataceae.
Melastoma malabathricum, une belle fleur, certes, mais malheureusement envahissante. Famille des Melastomataceae.

L’humidité à cette altitude permet à de multiples lichens de proliférer sur les arbres et les branches mortes.
L’humidité à cette altitude permet à de multiples lichens de proliférer sur les arbres et les branches mortes.

Les fougères arborescentes sont protégées. Il est interdit de les couper (Cyathea affinis). Famille des Cyatheaceae.
Les fougères arborescentes sont protégées. Il est interdit de les couper (Cyathea affinis). Famille des Cyatheaceae.

Une très belle fougère aux reflets rouges (Blechnum sp.). Inutile et stupide d’essayer d’en ramener pour vos jardins. Famille des Blechnaceae.
Une très belle fougère aux reflets rouges (Blechnum sp.). Inutile et stupide d’essayer d’en ramener pour vos jardins. Famille des Blechnaceae.

Rédigé par Daniel PARDON le Jeudi 10 Août 2017 à 17:00 | Lu 6240 fois