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Candidat aux municipales à Faa’a, Mara Aitamai revient sur l’affaire du FDA


Tahiti, le 23 décembre 2025 - Après l’annonce de sa candidature aux prochaines municipales à Faa’a, Mara Aitamai, tête de liste de A Here ia Faa’a, est revenu sur l’affaire judiciaire relative au Fonds de développement des archipels qu’il a dirigé pendant près de trois ans. Il considère qu’il a été le “bouc émissaire au milieu des tirs croisés politiques entre l'UPLD et les îliens”. Et à tous ces détracteurs qui l’insultent, il leur dit : “Je ne vous en veux pas, je vous pardonne, je vous bénis”.
  
La tête de liste de A Here ia Faa’a pour les municipales de 2026, Mara Aitamai, ancien directeur général du Fonds de développement des archipels (FDA), revient sur ce chapitre judiciaire de sa vie qui a duré quinze ans. L’affaire portant sur des malversations et atteintes à la probité au sein du FDA avait éclaté en juillet 2007. En 2022, seul condamné en appel, Mara Aitamai a écopé d’un an de prison avec sursis et d’un million de francs d’amende pour favoritisme et détournement. À l’approche des élections, il a décidé de sortir du silence pour clore définitivement ce chapitre de sa vie.
 
“J'avoue que pendant quinze ans, mon avocat m'a dit : ‘Tu te tais, tu ne t'exprimes pas, tu ne dis rien, tant que l'instruction n'est pas arrivée au bout’. Donc, pendant quinze ans, j'ai souffert parce que beaucoup, lorsqu'ils me croisaient, me disaient : ‘Voilà le mec qui a détourné un milliard, voilà le gars qui a fait du saucissonnage’, et pour beaucoup, je baissais la tête, j'avais honte.

Le “bouc émissaire”

Mara Aitamai assure d’abord que si cette affaire a mis tant de temps, c’est qu’“il n'y a pas eu de preuves (…). Je m'étais retrouvé un petit peu comme un bouc émissaire au milieu des tirs croisés politiques entre l'UPLD et les îliens”. Il rappelle d’ailleurs que ce sont les îliens, avec à leur tête le tāvana de Rangiroa Teina Maraeura (relaxé en appel), “qui avaient aidé Oscar Temaru à être au pouvoir. Le Taui, c'est grâce aux îliens”.
 
L’ancien directeur général du Fonds de développement des archipels assure que “s'ils avaient eu des preuves bien avant la fin de mes trois ans (à la tête du FDA, NDLR), ils m'auraient déjà jeté comme un mal propre ou peut-être déjà condamné, ce qui n'a pas été le cas”.
 
Mara Aitamai rappelle que c’est le leader indépendantiste Oscar Temaru qui est “venu me chercher quelques jours seulement après son élection en tant que président du Pays”. Il dit qu’il aurait préféré “lui donner un coup de main dans un autre service, ou je ne sais pas quelle boîte, mais en tout cas pas celle qui était la plus politisée”.
 
Aujourd’hui, il retient le positif : après avoir passé deux ans et demi à la tête du FDA, “plus de 2 400 maisons” ont été construites ainsi que douze pensions de famille “et je suis venu soutenir plus de 4 000 porteurs de projets qui, il me semble, ont trouvé du jour au lendemain un nouveau souffle, une nouvelle façon de voir la vie”.
 
Ce dernier est également revenu sur le saucissonnage des marchés d'attribution pour la construction des fare MTR. L’ancien directeur du FDA assure que cela est impossible puisque “ils sont définis en lots et d'autre part, je n'ai jamais assisté aux attributions des marchés. Donc on ne pouvait pas venir me condamner à faire du saucissonnage parce qu'un, ce n'est pas possible, et deux, je n'y étais pas”

“Je ne vous en veux pas, je vous pardonne, je vous bénis”

Mara Aitamai explique que pendant toute la durée de cette affaire judiciaire, soit quinze longues années, cela n’a pas été facile pour sa famille. “Ma femme, pendant plus de six mois, n'a pas été faire ses courses parce qu'elle avait honte. Je me suis rendu compte comment l'impact sur une vie sociale peut être grave. Donc moi, au bout de 18 ans (…) je pense que je peux aujourd'hui sortir du silence, de mon silence, aussi parce que je me présente aux élections”.
 
Il soutient que lorsqu’il a annoncé sa candidature pour les municipales à Faa’a, lors de la conférence de presse la semaine dernière, il a eu “beaucoup” d’encouragements et de soutien mais “beaucoup aussi ne se sont pas gênés pour me salir une nouvelle fois, en disant ‘corrompu, bandit’, et tous les mots qui ne sont pas très jolis à lire”. Et à ces personnes, la tête de liste de A Here ia Faa’a leur répond simplement : “Je ne vous en veux pas, je vous pardonne, je vous bénis” et il les appelle même à venir travailler avec eux “pour construire, mais pas construire dans le déni, dans l'insulte, dans le négatif. On a plein d'idées, on a beaucoup de choses à faire, et on ne sera jamais assez pour le faire, donc venez, venez, et je vous pardonne, je ne vous en veux pas”

“Je suis finalement sur la même ligne que notre tāvana”

La tête de liste de A Here ia Faa’a assure que “je n'ai pas été condamné, je ne suis pas corrompu, je ne suis pas pourri, je n'ai pas détourné un franc, je n'ai pas été en prison” même s’il reconnait quand même avoir été condamné à un an de prison avec sursis et un million d'amende pour détournement de fonds publics en bande organisée”.
 
Mara Aitamai considère qu’avec cette affaire, il est sur “la même ligne” que le leader indépendantiste et tāvana de Faa’a Oscar Temaru, son principal adversaire pour les prochaines élections municipales, “parce que lui, à un moment donné, il a été aussi un petit peu condamné, un peu culpabilisé sur l'affaire de Radio Tefana. On lui a saisi dix millions sur son compte personnel. Il a été relaxé après, tant mieux pour lui. Finalement, demain, on va avoir deux concurrents qui ont été plus ou moins chatouillés par la justice.”
 
Il précise d’ailleurs qu’il ne se présente pas contre Oscar Temaru, “je me présente pour l’avenir de la population de Faa’a” car il estime que Faa’a “a besoin d'avoir un nouveau souffle, une nouvelle équipe, un nouveau chef. Et je me permets de croire en toute humilité que ça pourrait être moi (…). On est prêts à reprendre le flambeau et réparer toutes les inégalités qu'on voit aujourd'hui et qui traînent depuis trois ou quatre ans”.
 
Enfin, Mara Aitamai estime qu’Oscar Temaru devrait “passer la main, 81 ans, ça fait beaucoup. Et dans notre profession de foi, c'est 75 ans maximum. Après 75 ans, même si tu es encore en forme, tu dois laisser la place” 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 23 Décembre 2025 à 18:46 | Lu 655 fois