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Baleines échouées : attention danger


Deux membres du GEMM sont allés inspecter la baleine échouée à Raiatea, ce mardi, accompagnés du maire de Opoa pour donner tous les détails possibles sur l’animal (Crédit photo : Patricia Hubbard, GEMM).
Deux membres du GEMM sont allés inspecter la baleine échouée à Raiatea, ce mardi, accompagnés du maire de Opoa pour donner tous les détails possibles sur l’animal (Crédit photo : Patricia Hubbard, GEMM).
PAPEETE, jeudi 16 janvier 2014. Depuis samedi dernier, les photographies de quatre personnes qui ont découvert le cadavre d’un grand cachalot sur le récif de Nake à Takume (centre nord des Tuamotu) font le tour des réseaux sociaux et des rédactions. De fait, le cadavre du cétacé de plus de 12 mètres de long, gisait là depuis plusieurs semaines, et d’autres avant eux s’étaient servis sur la dépouille de l’animal. La mâchoire inférieure de l’animal a été visiblement sciée pour emporter les dents du cachalot. Le fait que la Polynésie française est un sanctuaire pour les cétacés depuis 2002 n’a pas effleuré l’esprit de ces chasseurs de trophée, trop heureux sans doute de profiter de l’isolement de ce récif, pour masquer leur forfait.

La mâchoire du cachalot a été sciée, contrairement à la réglementation du Pays en vigueur depuis 2002, créant un sanctuaire pour les mammifères marins dans toute la Polynésie française.
La mâchoire du cachalot a été sciée, contrairement à la réglementation du Pays en vigueur depuis 2002, créant un sanctuaire pour les mammifères marins dans toute la Polynésie française.
La réglementation en vigueur indique pourtant que l’on n’a pas le droit de détenir une espèce protégée ou tout élément de cet animal, qu’il soit vivant ou mort. Les prélèvements sur un animal protégé, même pour les spécialistes des cétacés qui mènent des recherches nécessitent une approbation de la Direction de l’environnement du Pays. Heureusement, samedi dernier, les quatre personnes qui ont découvert la dépouille du grand cachalot ont eu, un bon réflexe, celui de prévenir les autorités qui ont passé l’information à l’association Te Mana o Te Moana, qui a créé en 2011 un Observatoire des cétacés en Polynésie française. L’association Te Mana o Te Moana, comme le GEMM, groupe d’étude des mammifères marins invitent la population à signaler les échouages, car ces informations permettent à ces spécialistes de fournir un rapport le plus complet possible pour le Plan Territorial d'actions des espèces marines emblématiques.

En début de cette semaine, un autre échouage est signalé, mais cette fois au sud Est de Raiatea dans les Îles sous le Vent. Il s’agit d’une baleine à bec de Cuvier, une espèce commune dans les eaux polynésiennes même si on les voit peu car elles sont farouches et vivent dans les grandes profondeurs. Une espèce plus proche physiquement du dauphin que de la baleine. L’association Te Mana o Te Moana, prévenue de cet échouage a demandé au GEMM, basé à Raiatea de se rendre sur place pour les premiers constats : détermination de l’espèce, du sexe et tentative de compréhension des causes de la mort. Ces observations indiquent que l’animal est échoué sur le récif depuis plusieurs jours, au moins depuis samedi dernier, sans qu’il soit possible d’être plus précis. Il s’agit d’un mâle de 5,20 mètres. Quelques traces de morsures sont visibles mais elles ont été probablement causées par des requins, post mortem. Les prélèvements effectués sur la dépouille de cette baleine à bec permettront peut-être d’en savoir plus, mais les échantillons ne seront pas expédiés à Tahiti avant plusieurs semaines.

Voilà ce qu'il faut éviter de faire : monter sur le dos du cachalot échoué. Ce que n'ont pas hésité à faire les quatre personnes ayant découvert la dépouille de cet animal à Takume. Ils ont néanmoins prévenus les autorités, ce qui était un bon réflexe.
Voilà ce qu'il faut éviter de faire : monter sur le dos du cachalot échoué. Ce que n'ont pas hésité à faire les quatre personnes ayant découvert la dépouille de cet animal à Takume. Ils ont néanmoins prévenus les autorités, ce qui était un bon réflexe.
Les raisons de ces échouages restent méconnues, c’est pourquoi les spécialistes des cétacés ou des mammifères marins de Polynésie souhaitent être informés lorsqu’ils surviennent pour les quantifier tout d’abord et tenter de trouver les causes de chacun des cas observés. Des hypothèses seulement sont avancées : la maladie, la vieillesse de l’animal dans certains cas, ou bien une mort naturelle à proximité d’un récif qui provoque l’échouage du cadavre. En Polynésie française, ces échouages sont constatés régulièrement mais restent le fait d’animaux isolés.

Rien de comparable à ce qui s’est produit récemment en Nouvelle Zélande avec au cours des dernières semaines deux échouages massifs de globicéphales à Golden Bay (Île du Sud) : le dernier, ce mardi, a provoqué la mort d’une douzaine de ces baleines. Cette baie, près la ville de Nelson, est visiblement mortifère pour les cétacés, car deux autres échouages massifs s’étaient déjà produits, au même endroit en 2012. «A Golden Bay il semble que cela soit la configuration de cette baie, en pente douce, qui explique ces phénomènes. La baie est une sorte de piège naturel depuis lequel les globicéphales ne parviennent pas à rejoindre le large. Comme il s’agit d’animaux très sociaux, quelques globicéphales s’engagent dans le passe et tout un groupe suit. Tous se retrouvent ensuite piégés» explique Pamela Carzon, chef de mission du Groupe d’étude des mammifères marins en Polynésie française.

Il ne s’agirait donc pas de suicide collectif ou de causes liées à une dégradation de l’environnement comme le suggèrent certains commentaires. Enfin, même si les cétacés inspirent de la compassion aux hommes car ils appartiennent à une espèce protégée et jouissent d’une image très positive est une chose, il faut néanmoins se rappeler du destin nécessairement mortel de ces mammifères comme tout être vivant. La mort peut ainsi être un événement naturel, tout simplement.

Vers un réseau local d’observation des échouages


Les quelques échouages annuels de cétacés en Polynésie française nécessitent cependant d’être étudiés plus en détail. En octobre dernier, Cécile Gaspar, la présidente de l’association Te Mana o Te Moana lançait un appel aux témoignages «dans le but de recueillir le maximum d'informations sur les différents échouages de mammifères marins (baleines, dauphins ou otaries) qui ont eu lieu en Polynésie française depuis dix ans ou plus». Le tout pour évaluer la nécessité de la mise en place d’un réseau d’échouage polynésien avec des correspondants locaux. Un appel aux témoignages lancé par la présidente de l’association dans le cadre de son mandat de représentante pour le Pacifique du Réseau National d'Echouage des mammifères marins et en collaboration avec la Direction de l'environnement. Toutes les informations à ce sujet restent importantes à collecter pour l’Observatoire des cétacés que gère l’association.
Contact : Cécile Gaspar – [email protected] - 70 60 66 – 56 40 11

Eviter de manipuler les dépouilles


Pour les spécialistes des cétacés, les photos des quatre polynésiens, parfois juchés sur le cadavre du grand cachalot retrouvé à Takume ont provoqué de vives réactions. «J’ai eu un choc en découvrant les photos. Ils se sont approchés en ne prenant aucune précaution, alors que chez ces animaux la transmission de bactéries est importante» souligne Matthieu Petit de l’association Te Mana o Te Moana. D’autant que ces bactéries, transportées par les cétacés, peuvent transmettre à l’homme des maladies parfois incurables. Autre risque : celui de l’explosion pure et simple ! «La putréfaction entraîne la production de gaz qui font gonfler le cadavre. Il y a un vrai risque que ça leur pète à la figure» détaille Pamela Carzon du GEMM. La mésaventure s’est véritablement produite en novembre dernier aux îles Féroé en Atlantique Nord et le souffle de l’explosion des entrailles est peu ragoûtant.

Ceux qui en doutent peuvent aller consulter la vidéo sur Internet, en CLIQUANT ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 16 Janvier 2014 à 17:59 | Lu 6206 fois
           



Commentaires

1.Posté par Fiu le 17/01/2014 06:33 | Alerter
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Je note ''Le fait que la Polynésie française est un sanctuaire pour les cétacés depuis 2002 n’a pas effleuré l’esprit de ces chasseurs de trophée, trop heureux sans doute de profiter de l’isolement de ce récif, pour masquer leur forfait. ''

Voilà une phrase qui montre bien la différence entre un journaliste débarqué de Paris et la population des Tuamotu.Un non sens total. Est-ce cela aussi la colonisation ? Faire de sa vision de la vie l'unique preuve de vérité


Affligeant

2.Posté par Jean Pierre le 17/01/2014 08:39 | Alerter
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La loi c'est la loi soit. Mais de la à condamner une personne parce qu'il a récupérer des dents sur un cachalot échoué et mort sur un récif, c'est un peu con. Si la justice était aussi pointilleuse sur des affaires qui portent atteinte réellement à l'environnement (dépotoirs sauvages par exemple) ce serait plus intelligent.

3.Posté par Tahitidouche le 17/01/2014 10:03 | Alerter
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Ramasser des coquillages sur la plage n'est pas un réel problème. Pêcher commercialement des coquillages peut poser des problèmes graves. Les lois protégeant les mammifères marins en Polynésie ont été faites avec le souci d'éviter des dérives commerciales entraînant de réelles nuisances, voire un commerce délétère concernant ces espèces.
Ceci dit, personne n'a été condamné pour l'instant, même s'il est important de faire référence à une loi qui, rappelons-le, a été votée par des Polynésiens, pour des Polynésiens.

4.Posté par emere cunning le 17/01/2014 14:41 | Alerter
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Eh oui, voilà ce qui arrive quand les polynésiens constatent que les dents de cachalot, les coquillages rares, les "cailloux" sur nos marae et autres "pièces de musée" disparaissent tout bonnement, alors qu'il leur est interdit de seulement approcher... pour en laisser la primeur aux soi-disant spécialistes qui, pas vu/pas pris, finissent par se les approprier (possession valant titre en la matière). Ils se laissent duper une fois... trop peur que les entrailles de la grosse bébête leur pète à la figure ou d'attraper quelque maladie incurable, n'est ce pas !!!. Quant à mourir bête, il ne faut quand même pas trop leur en demander, hein, quand même.
Excusez mais, j'adore trop les conseils pleins de compassion de vos "spécialistes", Matthieu Petit et Paméla Carzon. Merci à eux de nous faire découvrir ce monde qui est LE NÔTRE, vous êtes trop bons.

5.Posté par Désolée le 17/01/2014 15:37 (depuis mobile) | Alerter
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Je suis désolée. Je ne savais pas de tout ça, je pensais qu''une fois mort il n''y avait plus de loi. Je sais pas ce que je risque avec les tribunaux. Je suis désolée.

6.Posté par Le Vieux le 18/01/2014 03:49 | Alerter
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En gros c’est, «faites ce que je vous dis et pas ce que je fais. » C’est bien Français !

7.Posté par Marama le 05/02/2014 05:49 (depuis mobile) | Alerter
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A désolé : garde tout pour toi! Pour qui ils se prennent ces scientifiques hein?! Ua pohe roa l animal. Vaut mieux que ce soit un local qui garde trace de cette événements passe sur son île pour q il puisse le raconter ensuite.