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Australie: des réfugiés redoutent la fermeture d'un camp controversé


Sydney, Australie | AFP | mardi 30/10/2017 - Des centaines de demandeurs d'asile refusent de quitter un camp de détention géré par l'Australie sur une île de Papouasie-Nouvelle-Guinée et fermé mardi par les autorités, alors même que les vivres, l'eau et l'électricité y ont été coupés.

Le personnel du camp de rétention de l'île de Manus a abandonné les lieux. Un migrant a raconté que les détenus s'y étaient enfermés car ils étaient terrifiés de ce qui pourrait leur arriver au dehors. 
Canberra mène une politique extrêmement dure vis-à-vis des migrants qui tentent de gagner ses côtes, en les reléguant dans des camps sur Manus ou dans le micro-État insulaire de Nauru.
L’Australie justifie sa politique au nom de la lutte contre les gangs de passeurs et de la nécessité de dissuader les migrants - dont bon nombre viennent d'Iran, d'Irak, de Somalie ou d'Afghanistan - de tenter la périlleuse traversée vers ses rivages.
Elle n'accepte aucun boat-people sur son sol, même ceux qui remplissent les critères du droit d'asile.
Cela fait des années que les défenseurs des droits de l'Homme réclament la fermeture des camps, dénonçant de graves problèmes psychologiques des détenus, les tentatives d'automutilation et de suicide.
La justice de Papouasie-Nouvelle-Guinée a jugé l'an dernier anticonstitutionnelle la détention de réfugiés sur Manus et Canberra avait accepté de fermer le camp, où se trouvent plus de 600 hommes, avant la fin octobre.
Les autorités leur ont demandé de se rendre dans trois centres "de transition", également sur Manus. L'armée de Papouasie doit prendre le contrôle du camp actuel. 
Mais bon nombre de détenus se sont enfermés dans le camp alors que les médias ont fait état de l'hostilité de la population locale à leur endroit.
 

- Pas les bienvenus -

 
"Les réfugiés se montrent intransigeants et refusent de quitter le centre. Ils ont peur mais refusent de partir", a déclaré sur Twitter l'un d'entre eux, l'Iranien Behrouz Boochani.
"L'électricité sera coupée après 17H00. Les réfugiés savent qu'il sera très dur de rester mais nous y resterons pacifiquement", a-t-il dit. "Les réfugiés ont fermé à clé la porte principale pour leur propre protection. Il n'y a aucune sécurité ici".
Des réfugiés ont déclaré à Fairfax Media que les habitants du cru avaient commencé à piller le camp sous le regard impassible des autorités de Papouasie.
Le ministre australien de l'Immigration Peter Dutton a martelé que les demandeurs d'asile n'étaient pas les bienvenus en Australie. 
Ils ont été informés "qu'il y avait des lieux alternatifs, sûrs, où les services de santé et autres seront maintenus", a-t-il déclaré dans un communiqué.
"Ces gens ont tenté de contourner les lois australiennes en payant des passeurs pour entrer illégalement en Australie par bateau. Aucun d'entre eux ne sera jamais relocalisé ici".
Les défenseurs des droits expliquent que les centres de transition ne sont pas des endroits sûrs et que les réfugiés se retrouvent sans défense face à des habitants agressifs.
"Ils sont vulnérables aux attaques des habitants. On a déjà eu de nombreuses victimes à cause de ce genre d'attaques", a dit à l'AFP Ian Rintoul, défenseur des droits.
Canberra propose aux réfugiés de tenter de s'installer définitivement en Papouasie, d'être transférés vers le centre de rétention de Nauru, d'être relocalisés dans un pays tiers comme le Cambodge ou de rentrer dans leur pays. 
 

- Usage de la force -

 
L'Australie avait aussi trouvé un accord avec l'administration Obama pour que certains soient accueillis aux Etats-Unis. Mais seuls 54 à ce stade ont été officiellement acceptés, dont seulement 24 qui ont déjà été accueillis.
D'après M. Rintoul, les soutiens des migrants ont introduit un recours devant la Cour suprême de Papouasie pour empêcher la fermeture du camp et exiger qu'y soient rétablies l'eau et l'électricité.
"Il existe une peur réelle de voir le gouvernement autoriser l'usage de la force contre les demandeurs d'asile", a-t-il ajouté.
Un "message final" affiché dans le centre et publié sur internet expliquait que des arrangemens étaient en cours pour remettre le site aux Forces de défense de Papouasie. 
"Partez dans des lieux d'accueil alternatifs maintenant", dit le message. "Quiconque reste sur place est susceptible d'être évacué".

le Mardi 31 Octobre 2017 à 06:59 | Lu 678 fois