Tahiti Infos

Assemblée : la réglementation sur la publication des débats n’est pas adaptée


Au fond (et au centre) de la photo, la cellule de traduction de l'hémicycle territorial. Un service qui n'existe que depuis quelques mois, en simultané, durant les sessions de l'assemblée.
Au fond (et au centre) de la photo, la cellule de traduction de l'hémicycle territorial. Un service qui n'existe que depuis quelques mois, en simultané, durant les sessions de l'assemblée.
PAPEETE, mardi 29 janvier 2012. La loi organique de 2004 portant statut d’autonomie de la Polynésie française impose que les séances de l’assemblée territoriale fassent l’objet d’un compte-rendu intégral et soient transmises au public sous 8 jours. Dans les faits, on est loin du compte. En effet, «Il y a la règle et le fonctionnement». Jacqui Drollet, le président de l’assemblée de Polynésie française interrogé par Tahiti Infos, sur l’absence de publication intégrale des comptes-rendus des séances de l’assemblée dans le délai requis de huit jours, reconnaît ce manquement à la règle. Actuellement, au mieux, le public, les citoyens peuvent consulter les débats qui ont eu lieu au mois d’octobre 2012 entre les élus. Et encore ! De larges parties restent rédigées en langue tahitienne et n’ont pas été traduites.

Pour Jacqui Drollet, traduire les débats quand ils ont eu lieu en langue tahitienne au sein de l’hémicycle territorial et les publier sous huit jours est tout bonnement «impossible». Le président de l’assemblée conscient de ne pas être dans les clous en parle régulièrement aux autorités et même tout récemment au ministre des outre-mer, Victorin Lurel. «Il va falloir adapter la loi à la situation, ou du moins revoir le délai imposé et le confronter à la réalité» détaille le président de l’assemblée de Polynésie française.

Il y a du mieux toutefois : l’embauche il y a quelques mois de deux traducteurs/correcteurs permet une traduction simultanée des débats à l’assemblée lors des séances. Mais ces traductions «a capella doivent être vérifiées et certifiées par le chef de service des séances avant de pouvoir être publiées» explique encore le président de l’assemblée. Ce qui explique que les délais sont forcément beaucoup plus longs que les huit jours inscrits dans l’article 128 de la loi organique. D’autant que cette traduction des débats a démarré seulement très récemment. «Les procès verbaux des séances de l’assemblée n’ont pas été traduits depuis 2006» reconnait la chef de service des séances qui s’y attelle depuis une année. Or, en 2006, le ministre des finances de l’époque avait présenté l’ensemble du projet de budget et le compte administratif, totalement en langue tahitienne. Des heures de présentation à traduire, toujours en cours ! Ce ministre des finances de l’époque était… Jacqui Drollet.

Mais cette entorse à la loi organique ne porte pas préjudice à la légalité des travaux et des décisions prises par les élus au sein de l’assemblée. «Les débats et leur publication sont une chose. Les décisions qui sont prises ensuite sous forme d’actes sont eux, rédigés en français et rendus exécutoires par une publication au Journal Officiel de la Polynésie française» explique encore le président de l’assemblée. Pourtant deux lois du Pays, votées par l'assemblée de Polynésie française en 2006, ont été annulées par une décision du Conseil d'Etat en 2007, saisi par un représentant de l'assemblée, justement parce que les débats sur ces projets de loi, à l'assemblée, avaient eu lieu en langue tahitienne.


La Polynésie française ferait figure d’exception dans le paysage politique français
. En Corse, les élus de l’assemblée discutaient encore, mi décembre 2012 de la «coofficialité» de langue corse avec le français, pour la reconnaissance officielle de leur langue et donc son utilisation courante y compris dans les organes officiels, et notamment au sein de l’assemblée territoriale corse. De son côté, la Polynésie française a su garder la vivacité de sa langue et l’utilise couramment dans l’hémicycle territorial. Il lui appartient désormais d’adapter la rigueur réglementaire à la réalité ou de se donner les moyens (humains notamment) de mieux faire. Car si le tahitien est une langue régionale reconnue depuis 1981 par la Constitution française reconnaissant la valeur patrimoniale des langues régionales, - il en est de même pour le Corse depuis 1974-, il ne s’agit pas encore d’une langue officielle au sens républicain et français du terme…


Pour aller plus loin sur la place de la langue tahitienne, consulter l'article de Marc Debène, les langues de Polynésie française et la constitution : liberté, égalité, identité

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 28 Janvier 2013 à 15:51 | Lu 1202 fois
           



Commentaires

1.Posté par beaulieu jean pierre le 29/01/2013 09:28 | Alerter
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La Corse pourtant farouchement attachée à sa culture et à ses tradition, à vite compris que la langue corse ne pouvait être utile qu'en Corse et par le fait, ils n'ont pas poussé à la roue pour que les débats chez eux soient fait dans leur langue régionale. Ici, surtout à Tahiti, si l'attachement à notre culture est indéniable, il rentre en compte cette politique suivie par nos élus qui n'en appliquent pas les règles, qui veulent des sous mais crachent sur ceux qui leurs donnent etc...;
La plus part de nos concitoyens parlent le Tahitien, mais beaucoup ont du mal à comprendre le Tahitien académique (surtout dans les îles) et si il prennent plaisir par exemple à écouter les infos en Tahitien, souvent ils les réécoutent en français parce que certaines choses leur ont échappé.

2.Posté par zorro le 29/01/2013 11:48 | Alerter
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Mr DROLLET et tous nos elus ne veulent tout simplement pas que nous puissions lire et décortiquer leur travail rapidement
toucher les indemnités OUI rendre compte NON ! Et là pas de conflit indépendance ou autonomie , ils sont tous d'accord pour qu'on ne mette pas le nez dans leur busisness. Mr le haut commissaire qu' allez vous faire pour faire respectez le droit des citoyens ? Il faut reconnaitre que question transparence nos institutions metropolitaines n' ont pas de leçon à donner !
le passage à gauche n'a pas révolutionner le senat ni l'assemblé ! L' idole des socialiste Mr MITTERAND etait un maitre dans l'art du cammouflage et il a fait beaucoup d' émule

3.Posté par MARSOUIN le 29/01/2013 18:29 | Alerter
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Si on regarde bien, ce sont les "hotu painu" qui sont les plus virulent et ardu défenseur de la langue Tahitienne, ils ne peuvent dire et se dire être des pures Polynésiens, tels que les : DROLLET, GEROS, FREBAULT, BRYANT,HIRTSON, BOP-DUPONT et j'en passe. Ils imposent la langue Tahitienne à l'A.T, mais comme dis B.J.P et ZORRO, plus de la moitié de l'hémicycle ne comprennent qu'à moitiée le Tahitien.
Arrêter de vous la pêter, Drollet, vous êtes pire qu'un ayatollha, vous n'avez que la ressemblance de ces illuminé rétrograde.

4.Posté par Pito le 29/01/2013 19:25 | Alerter
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C'est le signe d'un début de dictature : laissez nous faire, vous le peuple cela ne vous regarde pas. Voilà la position de ce gouvernement, c'est une preuve qu'il n'ont rien a faire de nous. Ils font leur cuisine tranquille.
Notre clown président est tellement admiratif des dictatures (Chine, Cuba, Iran, Fidji, etc....) qu'il rêve de nous appliquer le même régime, serons nous aussi stupide ? Nous avons encore, grâce a la démocratie que nous accorde la métropole de lui savoir que nous ne sommes pas d'accord avec lui, pensez y fin avril !!!!!

5.Posté par Ugly Quijot le 02/04/2013 14:55 | Alerter
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Je suis Tahitien et attaché à notre langue même si je la parle mal.
Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'à l'assemblée, les élus ne parlent pas mieux en Tahitien qu'en Français. Ils ne sont pas plus clairs dans leur façon d'exprimer des idées. Il n'y a a qu'à voir les débats interminables pour savoir ce qu'on entend vraiment par "moa hinu" ou autres interprétations de propos anti-Chinois entendus ça et là. La seule différence, c'est que le Tahitien est une langue orale, moins formaliste que le Français, et que les élus ont beaucoup moins honte de l'employer car ils ne se sentent pas jugés.

6.Posté par Ugly Quijot le 02/04/2013 14:58 | Alerter
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Sur la question de le retranscription des débats, on nous propose une alternative : soit on modifie les textes pour permettre que les PV de débats soient rendus publics très très tard. C'est une entorse sévère à la transparence démocratique. Soit on engage une armada de traducteurs. C'est extrêmement cher pour un résultat incertain. je propose une troisième voie de bon sens : que tous les élus s'expriment dans une langue unique, enseignée et compréhensible dans tous les archipels, adaptée pour les termes juridiques et techniques : le Français. Je sais, ce n'est pas facile à accepter pour la fierté, mais ce serait plus efficace et moins cher qu'aujourd'hui, sans avoir à changer la loi...