Tahiti, le 23 décembre 2025 - Réunis en séance plénière ce mardi matin, les membres du Cesec ont rendu un avis favorable unanime sur le schéma directeur de l’artisanat traditionnel à l’horizon 2030. Un document structurant, fruit d’une large concertation, qui entend préserver les savoir-faire, organiser la filière et mieux valoriser la production locale. La société civile a toutefois soulevé quelques inquiétudes relatives à la transmission, l’authenticité et l’appropriation économique de la culture polynésienne.
Héritage vivant du Fenua, l’artisanat traditionnel polynésien s’est vu conforté dans son rôle économique, culturel et social par la société civile organisée. Ce mardi matin, le Cesec a adopté à l’unanimité un avis favorable sur le schéma directeur de l’artisanat traditionnel 2030 – Puta arata’i nō te rima’ī peu tumu, soumis par le Pays. Une feuille de route ambitieuse, issue de consultations menées entre 2024 et 2025 auprès de plus de 600 artisans répartis sur l’ensemble des archipels.
Le schéma directeur part d’un constat lucide sur les limites actuelles du secteur. Malgré un poids économique estimé entre 2,5 et 3,5 milliards de francs par an, l’artisanat traditionnel reste très majoritairement informel, ce qui fragilise à la fois la protection sociale des artisans, la lisibilité de la filière et la capacité du Pays à définir une politique sectorielle cohérente.
À ces enjeux s’ajoutent les tensions sur l’accès aux matières premières et une organisation de la commercialisation encore peu structurée. Face à ces fragilités, le document propose une stratégie articulée autour de trois axes – gouvernance, structuration et commercialisation – traduisant la volonté des pouvoirs publics de passer d’un accompagnement ponctuel à une politique publique pleinement assumée de l’artisanat traditionnel.
Un consensus qui n’efface pas les inquiétudes
Mais derrière ce consensus, les débats ont aussi révélé des inquiétudes profondes. Marguerite Lai n’a pas mâché ses mots, dénonçant le “business” qui s’est développé autour du ‘ori tahiti. Une activité culturelle majeure qui, selon elle, “fait gagner des millions à des gens qui ne sont pas Polynésiens et qui n’ont eu aucune formation”. Un parallèle qu’elle étend à l’artisanat, regrettant que “des métropolitains à la retraite”, disposant de moyens financiers, “s’enrichissent sur notre tête”. Pour l’élue, la responsabilité est aussi collective : “Les gouvernements et les services peuvent faire ce qu’ils veulent, si le peuple ne se bouge pas, rien n’avancera”.
Un appel qui fait écho aux préoccupations d’Ina Utia qui a alerté sur l’absence de relève dans un secteur qui “vieillit”. Malgré les dispositifs existants, la transmission intergénérationnelle reste fragile, alors même que l’artisanat joue un rôle clé dans le maintien des populations dans les îles et dans la cohésion sociale.
À l’inverse, Jean-François Benhamza a tenu à souligner le chemin parcouru. Rappelant que le label “made in fenua” a été créé dès 2010, il s’est dit aujourd’hui “bluffé par la qualité et l’évolution” de l’artisanat local, capable de jongler entre deux mondes : celui de la tradition pure et celui “résolument moderne”, tourné vers l’avenir et de l’innovation.
Dans sa conclusion, le Cesec reconnaît au schéma directeur une véritable portée fédératrice, tout en formulant plusieurs recommandations, notamment sur la clarification des actions, la sécurisation des financements et la protection de l’authenticité. Malgré ces réserves, la société civile estime que ce document pose enfin les bases d’une stratégie commune pour assurer la pérennité d’un pilier identitaire du Fenua à l’horizon 2030.
Héritage vivant du Fenua, l’artisanat traditionnel polynésien s’est vu conforté dans son rôle économique, culturel et social par la société civile organisée. Ce mardi matin, le Cesec a adopté à l’unanimité un avis favorable sur le schéma directeur de l’artisanat traditionnel 2030 – Puta arata’i nō te rima’ī peu tumu, soumis par le Pays. Une feuille de route ambitieuse, issue de consultations menées entre 2024 et 2025 auprès de plus de 600 artisans répartis sur l’ensemble des archipels.
Le schéma directeur part d’un constat lucide sur les limites actuelles du secteur. Malgré un poids économique estimé entre 2,5 et 3,5 milliards de francs par an, l’artisanat traditionnel reste très majoritairement informel, ce qui fragilise à la fois la protection sociale des artisans, la lisibilité de la filière et la capacité du Pays à définir une politique sectorielle cohérente.
À ces enjeux s’ajoutent les tensions sur l’accès aux matières premières et une organisation de la commercialisation encore peu structurée. Face à ces fragilités, le document propose une stratégie articulée autour de trois axes – gouvernance, structuration et commercialisation – traduisant la volonté des pouvoirs publics de passer d’un accompagnement ponctuel à une politique publique pleinement assumée de l’artisanat traditionnel.
Un consensus qui n’efface pas les inquiétudes
Mais derrière ce consensus, les débats ont aussi révélé des inquiétudes profondes. Marguerite Lai n’a pas mâché ses mots, dénonçant le “business” qui s’est développé autour du ‘ori tahiti. Une activité culturelle majeure qui, selon elle, “fait gagner des millions à des gens qui ne sont pas Polynésiens et qui n’ont eu aucune formation”. Un parallèle qu’elle étend à l’artisanat, regrettant que “des métropolitains à la retraite”, disposant de moyens financiers, “s’enrichissent sur notre tête”. Pour l’élue, la responsabilité est aussi collective : “Les gouvernements et les services peuvent faire ce qu’ils veulent, si le peuple ne se bouge pas, rien n’avancera”.
Un appel qui fait écho aux préoccupations d’Ina Utia qui a alerté sur l’absence de relève dans un secteur qui “vieillit”. Malgré les dispositifs existants, la transmission intergénérationnelle reste fragile, alors même que l’artisanat joue un rôle clé dans le maintien des populations dans les îles et dans la cohésion sociale.
À l’inverse, Jean-François Benhamza a tenu à souligner le chemin parcouru. Rappelant que le label “made in fenua” a été créé dès 2010, il s’est dit aujourd’hui “bluffé par la qualité et l’évolution” de l’artisanat local, capable de jongler entre deux mondes : celui de la tradition pure et celui “résolument moderne”, tourné vers l’avenir et de l’innovation.
Dans sa conclusion, le Cesec reconnaît au schéma directeur une véritable portée fédératrice, tout en formulant plusieurs recommandations, notamment sur la clarification des actions, la sécurisation des financements et la protection de l’authenticité. Malgré ces réserves, la société civile estime que ce document pose enfin les bases d’une stratégie commune pour assurer la pérennité d’un pilier identitaire du Fenua à l’horizon 2030.



































