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Après le cyclone Tomas, l’aide internationale se met en place


SUVA, 17 mars 2010 (Flash d'Océanie) – Au lendemain du passage dévastateur du cyclone tropical Tomas, qui a touché les îles du Nord et du Sud-est de l’archipel, suscitant la proclamation d’un état de catastrophe naturelle, l’aide internationale se met rapidement en place, autour d’un axe Nouvelle-Zélande/Australie/France.


Un avion Gardian (Jet Falcon) de la marine française basée en Nouvelle-Calédonie lors de sa dernière mission de reconnaissance à Fidji, en décembre 2009, après le passage du cyclone Mick.   [165 Kb]
Un avion Gardian (Jet Falcon) de la marine française basée en Nouvelle-Calédonie lors de sa dernière mission de reconnaissance à Fidji, en décembre 2009, après le passage du cyclone Mick. [165 Kb]

Dès lundi, le gouvernement fidjien estimait nécessaire de demander l’aide internationale afin d’abord d’évaluer les dégâts causés par Tomas (dont les vents destructeurs ont souvent dépassé une vitesse de deux cent kilomètres heure ce quarante huit dernières heures) et ensuite d’acheminer une aide humanitaire.
Le gouvernement néo-zélandais, dès mardi, annonçait l’envoi immédiat de deux de ses avions militaires Hercule C-130, avec à bord un premier chargement de matériel d’urgence (rations alimentaires, bâches, tentes, tablettes de purification d’eau).
Ces deux appareils devaient arriver sur zone dès mercredi.
Le premier d’entre eux a quitté la Nouvelle-Zélande aux aurores.
Un autre avion, Un Orion spécialisé dans l’observation aérienne, était aussi en alerte, a précisé le ministre néo-zélandais des affaires étrangères, Murray McCully, tout en soulignant que toute opération menée par la Nouvelle-Zélande se faisait aussi en coordination avec la France et l’Australie « qui ont aussi des moyens dans cette région ».
La Nouvelle-Zélande propose par ailleurs d’utiliser ces moyens pour effectuer des survols de reconnaissance des zones réputées les plus affectées.
L’Australie, pour sa part, confirmait mercredi matin, par la voix de son ministre des affaires étrangères Stephen Smith le déblocage d’une enveloppe initiale d’aide d’urgence d’un million de ses dollars (665.000 euros), mais aussi le décollage imminent d’un autre Hercule C-130 chargé de bâches, de tablettes de purification d’eau et de conteneurs contenant du matériel d’urgence pour les populations touchées (plus de quinze mille personnes ont été déplacées par Tomas et ont dû trouver refuge dans des abris communautaires mis en place par les autorités locales).
L’Hercule australien devrait là aussi être utilisé éventuellement pour des vols de reconnaissance, ainsi que, le cas échéant, à des fins d’évacuation sanitaires.
Un vol commercial pourrait être affrété, si le besoin s’en fait ressentir, a précisé le ministre.
L’enveloppe financière australienne devrait être dirigée sur le centre fidjien de gestion des catastrophes naturelles, pour qu’il puisse financer localement des charters de petits avions, hélicoptère et embarcations privés.
Une autre partie de cette aide devrait être dirigée vers la Croix Rouge fidjienne, afin de lui permettre de reconstituer ses stocks prépositionnés et déjà en cours de mobilisation.
« Hier soir j’ai parlé au ministre néo-zélandais des affaires étrangères, Murray McCully pour évoquer l’aide à Fidji après le cyclone (…) L’Australie et la Nouvelle-Zélande travailleront en étroite collaboration pour coordonner leur réponse », déclarait mercredi M. Smith dans un communiqué qui évoque une éventuelle rallonge de l’aide australienne au titre de la reconstruction « une fois que les dégâts auront été complètement évalués ».

FRANZ ou pas FRANZ ?

Pajiliai Dobui, directeur du centre de gestion des catastrophes naturelles, évoquait aussi, mardi, outre les opérations néo-zélandaises et australiennes, une aide française qui pourrait se traduire par une mission de survol par un Jet Gardian de la marine nationale française basée en Nouvelle-Calédonie.
Cette mission française, qui serait similaire à une précédente, menée quelques jours après le passage du cyclone Mick le 15 décembre 2009, pourrait intervenir éventuellement jeudi ou vendredi, précisait mercredi par téléphone depuis Nouméa le Commandant Loïc Davaillon, attaché de défense non résident pour Fidji et Tonga.
Les demandes seraient en cours afin d’obtenir le feu vert de Paris.
L’esprit de cette mission serait, a-t-il rappelé, de coordonner les moyens français avec ceux mobilisés par les Australiens et les Néo-zélandais afin de parvenir à une complémentarité et éviter toute redondance, a-t-il indiqué.
Cette approche sous-tend par ailleurs les accords « FRANZ » (France, Australie, Nouvelle-Zélande) signés fin 1992 par les armées de ces trois pays dans des situations d’aide à des États insulaires régionaux frappés par des catastrophes naturelles.
Toutefois, en l’espèce, tout en maintenant le contact et les consultations préalables entre intervenants, le dispositif « FRANZ » ne serait pas nécessairement activé pour le cas présent et les déploiements de moyens pourraient alors se faire sur le mode bilatéral avec Fidji, comme ce fut le cas en décembre dernier après le passage du cyclone Mick.
Par contre, le dispositif FRANZ avait été clairement affiché lors des secours régionaux au bénéfice des populations de Samoa, des Samoa américaines et de Tonga, touchées le 30 septembre 2009 par un puissant séisme suivi d’un tsunami, qui avait fait près de 190 victimes et des milliers de déplacés.
Les Nations-Unies, dont plusieurs organisations (UNICEF, OMS, PNUD) ont leur siège régional à Suva, ont aussi indiqué leur appui aux opérations de secours et la mise à disposition de stocks prépositionnés comprenant notamment des kits sanitaires et des médicaments.

Risque d’épidémies latentes

Alors que les autorités sanitaires fidjiennes tentent depuis le mois dernier de contenir une épidémie de typhoïde, les services d’urgence s’inquiètent désormais que les conditions particulièrement humides provoquées par le passage du cyclone Tomas et l’apparition de zones d’eau saumâtre ne constituent un facteur de regain.

La marine fidjienne en première ligne

Au plan local, la marine fidjienne devait déployer dès mercredi deux de ses vaisseaux au plus près des îles réputées les plus touchées, au Nord de l’archipel.
Dans cette région, l’île qui suscite le plus de craintes quant à l’étendue des dégâts est celle de Cikobia, déjà touchées à plusieurs reprises par de précédents cyclones.
Selon les bilans, toujours provisoires, plus d cinquante maisons auraient été totalement détruites, ainsi que de larges étendues de cultures vivrières.
Une seule victime a pour le moment été signalée, une jeune femme emportée ce week-end par une vague alors qu’elle se trouvait en bord de mer, sur l’île de Vanua Levu, mais les services de la sécurité civile redoutent que le bilan s’alourdisse.
Dès mercredi, les personnes se trouvant dans les quelque deux cent centres communautaires, qui sont pour la plupart des salles de classe réquisitionnées, ont été informés qu’ils devraient rapidement vider les lieux, afin de permettre la reprise la plus rapide possible des cours.
Le ministère de l’éducation a rappelé mercredi tous les enseignants, ainsi que les élèves.
Les fonctionnaires ont eux aussi reçu pour instruction de se rendre au travail dès mercredi matin, pour une normalisation de tous les services publics voulue par le gouvernement.

pad

Rédigé par pad le Mardi 16 Mars 2010 à 13:48 | Lu 1812 fois