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Air Tahiti : le personnel au sol dans les archipels pourrait être en grève dès jeudi


Une menace de grève de son personnel au sol pèse sur la compagnie aérienne locale, ce qui entrainera des difficultés pour les archipels éloignés.
Une menace de grève de son personnel au sol pèse sur la compagnie aérienne locale, ce qui entrainera des difficultés pour les archipels éloignés.
FAAA, le 10/05/2016 - Vendredi dernier, le syndicat du personnel aéronautique des îles (SAPAI) a déposé un préavis de grève qui deviendra effectif jeudi à 0 heures si aucun accord n'est trouvé. Un préavis qui ne concerne que le personnel au sol dans les archipels éloignés. Les négociations ont démarré ce mardi matin avec le directeur général d'Air Tahiti, Manate Vivish. Douze points sont mis en avant par le syndicat, dont la remise en cause du plan social. Selon le délégué syndical, les négociations se sont bien déroulées mais nous ne lâcherons rien.

Trois cent personnels au sol dans les archipels éloignés, de la compagnie aérienne Air Tahiti, sont prêts à partir en grève dès jeudi à 0 heures. Leur organisation syndicale, le SAPAI a déposé vendredi dernier un préavis pour dénoncer leurs conditions de travail, mais aussi le plan social que souhaiterait mettre en place la direction. "Des membres de la direction sont allés dans sept îles, où ils ont fait des entretiens. Par exemple, pour nous à Rurutu, nous avons reçu un courrier de la part de la direction et nous avons jusqu'au 20 mai pour répondre, sinon c'est le licenciement qui nous attend derrière", explique Michel Toomaru, délégué syndical du SAPAI.

Dans ce courrier, il leur est proposé de revoir à la baisse leur temps de travail, "déjà le salaire est très faible, on vient encore nous ponctionner. Dans les îles, il a été constaté qu'il y a plusieurs personnes qui sont obligés de faire deux métiers pour compenser leur fin de mois, parce qu'ils n'arrivent pas à s'en sortir. Certains tombent malade parce qu'on se dévoue à la tâche. Quand on nous rajoute des tâches, on le fait. Il y a un cumul de poste mais ils ne veulent pas reconnaitre cela", poursuit-il.

Le représentant syndical ne comprend pas non plus pourquoi la direction insiste sur la mise en place de ce plan social. "La question que j'ai posée est pourquoi aujourd'hui ? La compagnie est excédentaire pourquoi ne pas avoir fait il y a deux ou trois ans, quand la compagnie était dans le rouge ? Maintenant ils veulent faire des économies sur nous, mais pour quoi faire ? On ne comprend pas", s'étonne Michel Toomaru.

Pour la direction, la baisse du trafic serait la raison principale de ce plan social, selon le syndicaliste.

Si le plan social est le point principal des revendications, le syndicat met en avant onze autres points, dont le reclassement du personnel des îles suite aux tâches supplémentaires auxquelles ils seront confrontés. Le syndicat demande aussi à ce que les jours de repos hebdomadaires soit respectés tel que le prévoit le code du travail. Une autre inquiétude de la part du personnel au sol, la fusion des escales internationales et locales.

Une première rencontre s'est tenue ce mardi matin entre le leader syndical et le directeur général de la compagnie, Manatea Vivish.

"On est arrivés à conclure certains points verbalement, mais j'attends que l'on signe un accord pour que cela soit officiel. On arrive toujours à expliquer et notre direction arrive aussi à faire valoir quelques points. Mais j'ai des personnes aussi à contacter pour les tenir au courant de ce qui se dit avec la direction. Je n'agis pas tout seul, mais pour l'intérêt des personnes", explique Michel Toomaru.

Sur l'ensemble des points revendiqués, les plus importants n'ont pas encore été conclus.

Selon Michel Toomaru, les consignes de ces membres sont claires. On ne lâche rien ! "Nous sommes plus de 400 personnes dans les îles et j'ai 300 personnes derrière moi, dans mon syndicat. Ils sont prêts à partir en grève. Les ISLV ne sont pas concernées, Rangiroa non plus et d'autres atolls aussi".

"On demande à ce que la direction suspende le plan social, sinon qu'ils mettent quelque chose à côté pour que les personnes puissent accepter ce plan social", prévient Michel Toomaru. "Notre objectif n'est pas de faire la grève, mais d'être entendus. Nos revendications ne datent pas d'aujourd'hui, mais de 2010. On s'est battus pour cela et à l'époque on nous avait dit d'attendre parce que la compagnie va mal et nous avons dit à la direction que nous n'allons plus faire de mouvement social jusqu'à nouvel ordre. On a tenu notre parole. Aujourd'hui la compagnie est excédentaire et on remet encore nos doléances qui datent de six ans. C'est toujours la même réponse : on ne peut pas. Donc il y a quelque chose qui ne va pas."

Si le préavis est effectif ce jeudi à 0 heures, les agents au sol dans les archipels éloignés cesseront leurs activités professionnelles pour une durée illimitée, ce qui pourrait causer des soucis pour la gestion des passagers dans les îles.

Michel Toomaru
Délégué syndical du SAPAI

"Le personnel se pose beaucoup de questions"


"À Rurutu, nous avons quatre à six vols par semaine (lundi, mercredi, vendredi et le dimanche). Pour la direction, cela est insuffisant. Ils ont fait un chiffrage où ils ont analysé toutes les îles et nous serions déficitaires d'après eux. On se pose beaucoup de questions parce qu'il y a aussi la subvention du Pays. Qu'est-ce qu'ils font de cet argent ? Le personnel se pose beaucoup de questions surtout que nous avons le monopole.

C'est une grève qui a déjà été envisagée depuis l'année dernière. On devait déjà le faire mais j'ai demandé à retarder cela parce qu'il faut savoir qu'un préavis de grève, il faut le préparer. Il faut concerter la base, et une fois qu'elle valide, on consulte tout le personnel. Parce que lorsque nous allons en grève, nous ne sommes pas payés. Donc il faut bien voir tout cela avant de se lancer. Est-ce que les gens sont prêts à faire la grève et à ne pas être payés pendant un mois ? Si on a déposé aujourd'hui notre préavis, c'est parce que nous sommes prêts.

Si les cinq points restants ne sont pas acceptés, je ne lèverai pas le préavis de grève. J'ai des consignes par derrière. Maintenant c'est à moi à trouver un consensus.
"


le Mardi 10 Mai 2016 à 17:23 | Lu 2818 fois