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Aéroport international de Port-Vila : contre le boycott, la solidarité mélanésienne


PORT-VILA, vendredi 29 janvier 2016 (Flash d’Océanie) – Depuis les annonces successives faites à partir du 22 janvier 2016 par les compagnies Qantas (Australie) et Air New Zealand, puis six jours plus tard par Virgin Australia, de suspendre leur desserte aérienne à destination de Port-Vila, pour cause de défaillance des normes de sécurité de la piste de l’aéroport de Port-Vila/Bauerfield, d’autres compagnies régionales, essentiellement mélanésiennes, ont pour leur part choisi de maintenir leur service à destination de la capitale vanuatuane.

Jeudi 28 janvier, depuis la Nouvelle-Calédonie, la compagnie Air Calédonie International (AirCalin) faisait savoir que pour l’heure, les vols à destination de Port-Vila étaient maintenus.
La décision a été prise après qu’une mission de techniciens et de commandants de bord se soit rendue sur place pour évaluer l’état de la piste.

Selon un communiqué d’AirCalin, « des mesures correctives ont été prises et mises en œuvre par les autorités aéroportuaires » (de Vanuatu).

Ces mesures impliquent un « balayage quotidien de la piste et contrôle visuel de celle-ci à chaque mouvement d'avion (atterrissage/décollage) ».

Selon la compagnie française, les assurances données par Port-Vila « permettent d'opérer les vols en toute sécurité (…) », en attendant « la réfection de la piste ».

Une approche similaire a été adoptée, ces derniers jours, par les mélanésiennes Air Niugini, Fiji Airways et Solomon Airlines : toutes maintiennent leur desserte de Port-Vila.

Le soutien de la Mélanésie à Vanuatu intervient sur fond de solidarité subrégionale et prend, sous cette lumière, une dimension quasi-politique : début décembre 2015, mettant en avant leur appartenance fraternelle au Groupe Mélanésie Fer de Lance (GMFL, qui rassemble Fidji, les îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu et le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie) les compagnies Solomon Airlines, Air Niugini et Air Vanuatu signaient un accord de partage de code (code-share).

Par cet accord, chacune des trois compagnies peuvent désormais vendre un certain nombre de sièges sur les appareils des deux autres partenaires.

Ron Sumsum, directeur général de Solomon Airlines avait alors souligné à l’occasion de cette signature « les bénéfices » de cette entente pour la région mélanésienne.

« Nos trois compagnies aériennes vont maintenant œuvrer de conserve et cela va donner un coup de pouce majeur au Groupe Mélanésien Fer de Lance dans son mandat de promotion de ses idéaux », avait-il déclaré.

Paradoxe : selon les premières analyses effectuées sur place, l’une des causes principales de l’endommagement de la piste de l’aéroport international de la capitale vanuatuane est l’important trafic suscité par les opérations de solidarité internationale, à la suite du cyclone PAM.

Ce cyclone, qui a frappé Vanuatu le 13 mars 2015, a causé d’énormes dégâts matériels et une douzaine de victimes.

L’aide internationale est principalement venue d’Australie, de Nouvelle-Zélande et de Nouvelle-Calédonie.

Elle a été acheminée par des avions gros porteurs (pour les plus volumineux ceux de type Hercule des armées australienne et néo-zélandaise).

De son côté, la Banque Mondiale a rappelé en milieu de semaine qu’une enveloppe de près de 60 millions de dollars US avait été allouée à Vanuatu en 2015 pour la réfection de la piste de son principal aéroport.

« Il s’agit d’un prêt à taux préférentiel censé financer une réhabilitation complète de la piste, sur une durée de plusieurs mois (…) Dans cette enveloppe, il y avait d’ailleurs une provision destinée à être mobilisée rapidement, pour les travaux les plus urgents, mais elle n’a pas été utilisée par le gouvernement (vanuatuan) au cours des huit ou neuf derniers mois », a précisé cette semaine Franz Drees-Gross, directeur de la zone Pacifique à la Banque Mondiale.

Après les annonces des compagnies australiennes et néo-zélandaise, la Banque Mondiale déclare avoir reçu des autorités de Port-Vila une nouvelle demande d’évaluation technique des travaux nécessaires, afin qu’ils puissent débuter le plus rapidement possible.
Cette mission devrait arriver à Vanuatu le 8 février 2016.

pad

le Lundi 1 Février 2016 à 05:06 | Lu 1267 fois