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Aéroport de Tahiti : le Pays marque son retour au conseil d'administration


Les représentants du Pays ont retrouvé leurs sièges au sein du conseil d'administration d'Aéroport de Tahiti.
Les représentants du Pays ont retrouvé leurs sièges au sein du conseil d'administration d'Aéroport de Tahiti.
PAPEETE, le 20 mai 2015. Le Pays est de retour au conseil d'administration (CA) d'Aéroport de Tahiti. Jean-Christophe Bouissou est depuis mercredi soir président du conseil d'administration. Un retour logique pour le gouvernement qui souhaite « s'exprimer ».


« Si on pratique la politique de la chaise vide, on ne pourra jamais s'exprimer », a commenté simplement Edouard Fritch, président du Pays, avant de rentrer dans la salle du conseil d'administration d'Aéroport de Tahiti. « Nous avons souhaité revenir au conseil d’administration et nous exprimer. »
Ce retour marque un changement de position du Pays vis-à-vis d'Aéroport de Tahiti. Il y a encore, à peine un an, Geffry Salmon, alors ministre du Tourisme, présentait en conseil des ministres une communication justifiant la réaffectation "au plus tôt" non pas du seul aéroport international Tahiti-Faa'a, mais des quatre aérodromes de compétence Etat en Polynésie française.
Pour montrer son désaccord, le Pays, et ses gouvernements successifs, avait décidé depuis 2011 de ne plus siéger au conseil d'administration d'Aéroport de Tahiti, qui gère l'infrastructure depuis 2010. Ce retour était déjà promis depuis le mois d'octobre dernier lorsqu'Edouard Fritch faisait le bilan de 100 jours.

Depuis, le conseil des ministres a désigné en mars Edouard Fritch, Jean-Christophe Bouissou et Albert Solia pour représenter la Polynésie française au conseil d’administration de la société d’économie mixte Aéroport de Tahiti. La semaine dernière, Jean-Christophe Bouissou a été nommé pour assister aux assemblées générales. « Il convient que le gouvernement donne son avis et ses positions sur les grandes options de développement de cet archipel sur les stratégies à mener que nous puissions informer nos partenaires au sein d'ADT de notre stratégie de développement du pays et du tourisme pour adapter l'outil qu’est cet aéroport au développement visé », explique le ministre du Tourisme.
Le conseil d'administration a élu mercredi soir Jean-Christophe Bouissou comme président. Le statut de la société prévoit, en effet, que ce soit l'un des représentants du Pays qui devienne PCA.


« Volonté d'avoir la main sur l'avenir de cet aéroport »


Les ambitions de reprendre la gestion de l'aéroport et des aérodromes n'ont pas pour autant disparu. « C'est une nécessité », met en avant Jean-Christophe Bouissou. « Nous ne changeons pas de fusil d'épaule. Nous avons toujours cette volonté d'avoir, un jour, la main sur l'avenir de cet aéroport. Il faut des investissements importants. Notre aéroport est un des seuls où on traverse le tarmac à pied quand il pleut. Il faut un aéroport moderne avec une zone départ et une zone arrivée. Cela nécessite plusieurs milliards d'investissements. Avec la réalisation du complexe hôtelier et touristique Mahana Beach et la volonté de Hainan de construire son complexe touristique et d'investir aussi, il faudra traiter plusieurs avions en même temps, mais est-ce que l'aéroport peut le faire ? »

Depuis le 1er avril 2010, la SAS (société par actions simplifiées) Aéroport de Tahiti (ADT) exploite les aéroports d’État. À Tahiti-Faa’a, cela s’est fait par voie de convention de concession signée le 15 mars 2010. La concession est établie pour une durée de près de 30 ans, jusqu’au 31 décembre 2040. Cette convention a mis fin à une situation où l'aéroport était une propriété de l’État mais gérée par la Setil, elle-même présidée par un membre du Pays.
La perte par le Pays de la gestion de cet aéroport sous la présidence de Gaston Tong Sang avait rendu furieux Oscar Temaru et Gaston Flosse qui avaient fait le choix de ne pas désigner de représentants du Pays au sein du conseil d’administration.


Qui compose le conseil d'administration ?

Le conseil d’administration d'Aéroport de Tahiti est composé de sept membres, dont trois représentants du groupe Caisse des dépôts et consignations (CDC), trois représentants de la Polynésie française et un représentant de l’Agence française de développement. Jusqu’à présent, aucun représentant de la Polynésie française n’avait été désigné et, donc, ne siégeait au sein du conseil d’administration ou des assemblées générales de la société.
En mars, le conseil des ministres a désigné Edouard Fritch, Jean-Christophe Bouissou et Albert Solia pour représenter la Polynésie française au conseil d’administration de la société d’économie mixte « Aéroport de Tahiti ». Il y a une semaine, Jean-Christophe Bouissou a été également désigné pour siéger, au nom de la Polynésie française, aux assemblées générales d’ADT.


L'aéroport de Tahiti Faa'a a échappé au Pays en 2004

Il faut remonter à 2004 pour comprendre comment la gestion de l'aéroport a échappé au Pays. C'était lors de l’adoption de la loi relative aux libertés et responsabilités locales.
Il s’agit, dans cette loi de décentralisation, de procéder au transfert, en 2007, de 150 aérodromes d’Etat aux collectivités locales. La loi insiste sur le fait que cela doit leur permettre d’être les moteurs de leur développement économique. Dans cette loi sont exclus, via un décret d’application publié en 2005, certains aéroports. Notamment les entrées aériennes des départements français d’outremer, qui restent -avec une dizaine d’autres aéroports internationaux de l’Hexagone- aux mains de l’Etat. En 2005, Tahiti Faa’a ne figure pas dans le décret qui fixe ces exclusions visant notamment en outremer, la Martinique, la Guadeloupe, La Réunion et la Guyane. Mais en Polynésie française, les personnalités politiques du Pays ne prendront vraiment la mesure du fait que l’aéroport de Faa’a vient de leur échapper qu’en 2010.
L’aéroport inauguré en 1961 par l’Etat est géré quasiment depuis le début de l’exploitation par la Sétil par le biais d’une convention de 30 ans qui court jusqu’en 1996, renouvelée ensuite par des concessions temporaires. La Sétil devient une Société d’économie mixte locale en 2001 dont le capital est majoritairement territorial. La Polynésie française en tant que collectivité maîtrise alors la gestion de l’aéroport.

En mars 2010, l’Etat signe avec le groupe Egis et sa filiale Aéroport de Tahiti (ADT) une convention de concession d’une durée de 30 ans pour le développement, l’exploitation et la maintenance de l’aéroport de Tahiti Faa’a. Dans cette convention, il est précisé que «l’Etat, autorité concédante de l’aéroport de Tahiti Faa’a exerce les missions régaliennes relatives à la sécurité de l’aviation civile et entend assumer ses responsabilités dans le développement de cette infrastructure». Il est ainsi écrit clairement que l’aéroport est bel et bien un domaine public de l’Etat.





Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 20 Mai 2015 à 17:31 | Lu 2657 fois