Tahiti Infos

"Accentuer la lutte contre le narco"


Le Général de brigade Christophe Boyer, commandement de la Gendarmerie maritime, aux côtés du commandant du Jasmin, le Capitaine Bernard Landés.
Le Général de brigade Christophe Boyer, commandement de la Gendarmerie maritime, aux côtés du commandant du Jasmin, le Capitaine Bernard Landés.
PAPEETE, le 16 novembre 2017-
Le Général de brigade Christophe Boyer, commandement de la Gendarmerie maritime, est actuellement sur le fenua pour une dizaine de jours dans le cadre de sa visite d'inspection. Il revient pour Tahiti infos sur les différentes missions de la Gendarmerie maritime à bord du patrouilleur, le Jasmin.

En quoi consiste votre visite actuellement ?

" Je suis le commandement de la Gendarmerie maritime et à ce titre je me déplace dans toutes les unités maritimes de métropole et d'outremer où la Gendarmerie maritime est implantée. Le but de ma visite consiste principalement à faire le point sur nos moyens engagés, à donner les grandes orientations et à rencontrer les autorités d'emploi afin de voir si tout se déroule bien en terme d'emploi de la Gendarmerie maritime. Enfin, le volet ressources humaines (RH) occupe une grande partie de ma mission."

Quel est le rôle de la Gendarmerie maritime en Polynésie?
"La Gendarmerie maritime est constituée de gendarmes mis pour emploi à la Marine nationale. En tout, 1100 gendarmes maritimes sont déployés en métropole et en outremer, auxquels il faut ajouter la présence quotidienne de 50 réservistes sur un effectif total de 300 réservistes. Notre rôle est d'effectuer les missions d'actions en mer de l'Etat à la demande de la Marine. Par ailleurs en tant que gendarmes, nous exerçons également des actions de police judiciaire."


"LA POLYNESIE SEMBLE SE TROUVER AU MILIEU DE LA ROUTE DU NARCO"

Quelles sont vos interventions dans le domaine judiciaire ?
"Aux côtés de nos autres partenaires de l'Etat, nous luttons notamment contre les trafics de stupéfiants en apportant nos compétences et nos connaissances du milieu maritime. La lutte contre les drogues préoccupe le territoire.
Etant donné, l'étendue de la zone économique exclusive (ZEE) à couvrir, le renseignement, qu'il soit humain ou électronique, revêt une importance primordiale afin de pouvoir repérer les trafiquants et procéder à des arrestations en mer. La vision satellitaire de la zone nous permet de repérer des bateaux suspects. Les témoignages des populations qui peuvent trouver certains plaisanciers suspects, sont également des renseignements précieux.
En cas de confirmation, une intervention peut alors être déclenchée. Nous œuvrons tous ensemble.
Concernant le narco, il semble que la route maritime des bateaux parte de l'Amérique centrale ou latine pour se destiner vers la Nouvelle-Zélande, la Polynésie se situe au milieu de cette route."

Quelle est la principale difficulté rencontrée ?
"Incontestablement, l'élongation. Avec plus de 11 millions/km2, la France détient la deuxième plus grande ZEE du monde. La Polynésie, avec ses 5.5 millions/km2 représente la moitié de cette surface. La zone à couvrir est donc gigantesque. Le Jasmin a une limite d'élongation, nous pouvons aller aux Marquises, aux Tuamotu, mais pour les zones plus éloignées, nous passons le relais à la Marine qui dispose de moyens plus importants."

INTEGRER DAVANTAGE DE RESERVISTES POLYNESIENS

Souhaitez-vous mettre des projets en place ?
"Nous souhaitons intégrer davantage de réservistes polynésiens. Je pense qu'il est intéressant d'avoir des personnes ayant une connaissance de la région et de la langue. Un premier polynésien va sans doute bientôt devenir réserviste.
Concernant le volet judiciaire, nous souhaitons accentuer la lutte contre le narco, car on ne peut pas impunément laisser ce trafic se développer".

A quelques jours de la fin de votre visite, quel peut être le bilan de votre séjour ?
"L'action du Jasmin dans les eaux polynésiennes, additionnée aux moyens de la Marine, donne à la France une présence dissuasive globale. Les personnes, qui seraient tentées de mener des actions illégales dans notre ZEE, que ce soit dans le domaine de la pêche ou du trafic, savent qu'elles s'exposent à être contrôlées, voire sanctionnées.
L'unité fonctionne très bien et répond aux différents objectifs donnés. Par ailleurs, la synergie entre les différents acteurs de l'Etat (Douane, Marine, Gendarmerie…) est très satisfaisante. Compte tenu de l'élongation et du contexte géographique local, il est essentiel de travailler tous ensemble."

La mission de déminage de la passe de Bora Bora devrait débuter samedi

Les touristes et habitants de Bora Bora vont découvrir une activité peu fréquente dans les eaux de la perle du Pacifique, une opération de déminage. En effet, suite à la découverte par des plongeurs de neuf obus de la 2e Guerre mondiale, une opération de sécurisation de la passe de Bora Bora doit débuter samedi et se poursuivre sans doute jusqu'en début de semaine prochaine. Si les risques d'accident sont faibles, l'Etat dès lors qu'il a connaissance de l'existence de ces engins explosifs, prend ses responsabilités pour déminer la zone. Cette mission doit mobiliser d'importants moyens, des renforts venus de métropole doivent notamment aidés au déminage des obus situés dans des eaux peu profondes.
Les charges explosives vont être déplacées par les plongeurs pour être détruits plus loin. Des mesures d'effarouchement vont être effectuées au préalable afin de protéger la faune et la flore en les faisant s'enfuir.
Durant la 2e Guerre mondiale, Bora Bora a été une base arrière des forces américaines.


Le patrouilleur Jasmin

Le patrouilleur de la Gendarmerie nationale, le Jasmin.
Le patrouilleur de la Gendarmerie nationale, le Jasmin.
S'il répond au doux nom de Jasmin, le patrouilleur de la Gendarmerie, basé à Papeete, n'a que son patronyme en commun avec la plante au parfum envoûtant... Le Jasmin est un patrouilleur de 32 mètres, pouvant atteindre une vitesse de 28 nœuds.
Commandé par le Capitaine Bernard Landés depuis 2013, il embarque lors de ses missions 11 membres d'équipage à son bord.
Le patrouilleur est déployé des Tuamotu aux Marquises, en passant par les îles de la Société, mais ses capacités d'élongation, c'est-à-dire son autonomie en mer, limite sa zone de couverture et ne lui permet pas de couvrir toute la ZEE de la Polynésie.
Dernièrement, il a été affecté à la surveillance des activités de whale watching, à la sécurisation de la course Hawaiki Nui Va'a. Prochainement, il doit participer à l'opération de déminage de la passe de Bora Bora (lire encadré), puis en décembre, il doit partir pour le festival marquises à Tahuata avant de d'être déployé pour une mission aux Australes début 2018.
Mis en service il y a 20 ans, il devrait être remplacé d'ici 10 ans maximum.

le Jeudi 16 Novembre 2017 à 16:47 | Lu 3039 fois