​La Saga des familles d’accueil


Naumi Poroi et Tutavae Mai participent à l’accueil des enfants de la Saga pour la cinquième fois (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 24 juillet 2025 – Elles sont l’un des piliers de la Saga. Quarante-trois familles de Papeari et Mataiea prennent le relais quand les enfants ont terminé leurs journées de voile. Deux d’entre elles ont accepté de se confier sur cette “belle aventure” de cinq semaines.

 
Quand la Saga débarque, il y a un signe qui ne trompe pas : la présence de fanions numérotés en bord de route, indispensables pour localiser les 43 familles d’accueil de cette 33e édition au motu Ovini de Papeari, à Teva i Uta. Chaque foyer a été évalué en amont par les agents de la circonscription de Papara-Teva i Uta de la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE).
 

“Une belle aventure”


Certains font partie des fidèles. C’est le cas de Naumi Poroi, 64 ans, et Tutavae Mai, 67 ans, résidents de Mataiea. Respectivement mère au foyer et sapeur-pompier à la retraite, ils accompagnent des enfants de la Saga pour la cinquième année. “On reçoit autant des petits que des ados : on ne fait pas de différence. On a toujours assuré les cinq semaines. À chaque fois, ça se passe très bien, donc on a envie de continuer. C'est vraiment une belle aventure !”, confie Naumi Poroi. “L’arrivée, c'est facile avec de grandes accolades. Le retour, c’est toujours plus difficile... C'est un déchirement, parce qu’on a tissé des liens, mais on essaie de ne pas pleurer devant eux”, poursuit son mari au sujet des temps forts du dimanche.
 
Ce “projet commun” était une évidence pour le couple, parents de quatre enfants et de quatre petits-enfants, dont la maison s’est vidée au fil du temps. Cette semaine, ils hébergent trois jeunes de Faa’a et Papeete, dont une fratrie : “Ils habitent tous côté montagne, donc ils apprécient de pouvoir aller à la mer quand ils sont chez nous. À table, le soir, ils nous racontent leurs aventures : ils sont heureux d’être à la Saga !”
 
S’ils n’ont pas des nouvelles de tous les enfants qu’ils ont accueillis, le destin leur offre parfois de belles surprises. “Notre fils, qui est en France, a croisé une jeune fille qu’on avait accueillie et qui s’est engagée dans l’armée de l’Air. On est heureux de savoir qu’elle est allée de l’avant et qu’elle a réussi dans sa vie. C’est une fierté !”, reconnaît Tutavae Mai.
 
“J’encourage de nouvelles familles à se lancer. Ce n’est que du positif ! On est déjà partant pour une prochaine édition. Longue vie à la Saga pour tous les enfants, surtout ceux qui sont dans des situations difficiles”, encourage Naumi Poroi, contente de contribuer à cet élan de solidarité.
 

Faatiarau Teipoarii découvre avec enthousiasme son nouveau rôle de “maman d’accueil”.

“Des enfants formidables”


Un appel entendu par Faatiarau Teipoarii, 54 ans, résidente de Papeari et originaire de Raiatea et Anaa. Mère au foyer, elle aussi a consacré sa vie à ses quatre enfants et ses quatre petits-enfants. Avec le soutien de son mari, Enoha Teipoarii, salarié, elle s’est embarquée dans la Saga après avoir pris le temps de mûrir cette décision. “On m’a souvent posé la question, aussi bien pour la Saga que pour des enfants qui ont besoin d’être placés. Mais je n’étais pas prête : j’ai attendu que mes propres enfants fassent leur vie et que mes mo’otua soient plus grands. J’ai accepté cette année pour la première fois, après avoir consulté ma famille”, explique-t-elle.
 
Faatiarau Teipoarii a accordé beaucoup d’importance à sa préparation. “Le service social est venu nous rencontrer et j’ai posé aussi beaucoup de questions à une copine qui accueille des enfants pour la deuxième fois. Je voulais être prête à accueillir convenablement ces enfants”, poursuit-elle, engagée pour la totalité des cinq semaines rythmées par les arrivées et les départs quotidiens en bus.
 
Elle restera sans doute marquée par les premiers enfants qu’elle a reçus, une fratrie de Moorea qui lui a appris d’emblée “qu’il faut essayer de ne pas trop s’attacher, même si ce n’est pas facile”, afin d’être émotionnellement disponible pour les suivants. Pour cette troisième semaine, elle héberge trois garçons de l’atoll de Kauehi.
 
“Ce sont tous des enfants formidables. Ils ont besoin d’attention et d’affection, tout simplement”, remarque Faatiarau Teipoarii, qui n’a pas hésité à prendre soin de la chevelure d’une petite fille, infestée de poux. “Je suis une maman d’accueil heureuse. Chaque enfant a son caractère, mais je n’ai pas rencontré de difficulté. Tout s’est fait naturellement. On leur a donné les règles de vie et ils savent qu’ils peuvent venir nous voir dès qu’ils ont besoin de quelque chose.”
 
Ses petits-enfants ont bénéficié d’une semaine de navigation, mais elle aussi devrait pouvoir s’y essayer lors de la traditionnelle fête de clôture, qui réunira les partenaires de la Saga, dont les familles d’accueil.

 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Jeudi 24 Juillet 2025 à 16:53 | Lu 4159 fois