Tarifs bancaires : l'accord 2022-2025 a porté ses fruits, mais peut mieux faire


Tarifs bancaires : baisse en trompe-l'œil, les établissements de paiement plombent l'accord.
Tahiti, le 7 octobre 2025 - Tarifs bancaires : tous les clients polynésiens ne sont pas logés à la même enseigne. Selon le rapport 2024-2025 de l'Observatoire des tarifs bancaires de l'IEOM, les trois banques traditionnelles ont respecté l'accord de baisse tarifaire (-5,5%), tandis que les deux établissements de paiement ont augmenté leurs prix. Une divergence qui freine la convergence globale vers les tarifs hexagonaux, même si la majorité des clients pourrait avoir bénéficié des baisses.
 
L'accord de concertation sur la modération des tarifs bancaires aux particuliers signé fin 2022 porte ses fruits. Entre avril 2024 et avril 2025, la Polynésie française enregistre cinq baisses tarifaires parmi les 14 tarifs de l'extrait standard, dont une supérieure à 60 francs. Un résultat qui contraste avec l'Hexagone où 11 tarifs sont en hausse.
 
Les cartes bancaires, point noir persistant
 
La carte de paiement à débit immédiat reste le principal point noir. À 5.425 francs en moyenne, elle demeure supérieure au tarif hexagonal (5 283 francs) et affiche même une hausse de 2,98 % sur un an. Cette augmentation s'explique principalement par l'ajustement tarifaire d'un établissement de paiement qui a augmenté ses prix de 800 francs (+21,60%). 
 
La carte à débit différé suit la même tendance. Malgré une baisse de 1,03 % conforme à l'accord local, elle s'établit à 5.361 francs, soit le tarif le plus élevé des trois collectivités du Pacifique (avec la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna). Bien que la moyenne polynésienne ait baissé de -3,84 % sur les 3 ans de l’accord, elle demeure la plus élevée des collectivités d’outre-mer (COM) du Pacifique. 
 
Quant à la carte à autorisation systématique, facturée en moyenne 3.864 francs, elle a progressé de 3,95 % (+147 francs). Là encore, un établissement de paiement a ajusté son tarif à la hausse de 300 francs, expliquant l'intégralité de la hausse polynésienne.
 
Les bonnes nouvelles 
 
L'abonnement aux services de banque à distance connaît une baisse spectaculaire de 23,91 %, passant de 92 à 70 francs par mois. Cette diminution s'inscrit dans le cadre de l'accord de place qui prévoyait une réduction de 30 francs par an entre 2023 et 2025. Les deux établissements de paiement polynésiens continuent d'ailleurs d'offrir ce service gratuitement.
 
Les frais de mise en place d'un mandat de prélèvement restent gratuits en Polynésie depuis avril 2015. Le tarif en Nouvelle-Calédonie diminue en avril 2025, mais l’accord local prévoit la gratuité au plus tard le 31 décembre 2025.
 
La commission d'intervention (un frais bancaire prélevé par la banque lorsqu'elle effectue une opération exceptionnelle sur votre compte) poursuit sa décrue s'établissant à 974 francs. Tous les établissements respectent le plafonnement fixé à 1.000 francs mais trois établissements des COM du Pacifique affichent des commissions d'intervention supérieures en raison de l'application de taxes locales, inexistantes dans l'Hexagone. Le rapport ne précise pas de quels établissements il s'agit. 
 
Les frais de tenue de compte : un effort mesuré
 
Les frais de tenue de compte annuels ressortent à 4.122 francs, en légère baisse de 0,51 % (-21 francs). Cette évolution masque toutefois une réalité contrastée : si les établissements de crédit ont respecté l'accord prévoyant une baisse de 1,5 %, les deux établissements de paiement ont augmenté leurs tarifs en 2025 après un gel jusqu'en 2023. De ce fait, la moyenne pondérée polynésienne n'affiche qu'une baisse de -1,62 % sur la période 2022-2025 au lieu des -5,5 % prévus, car les établissements de paiement ont neutralisé une partie des efforts des banques traditionnelles. 
 
Sur les 14 tarifs de l'extrait standard, la Polynésie française en compte six inférieurs ou égaux à ceux de l'Hexagone, contre sept supérieurs. Un observateur du milieu bancaire précise : “Les banques essayent de s'aligner mais en France, il est possible d'amortir les opérations sur le nombre d'opérations qui est plus considérable. Par ailleurs, au vu de l'étendu du réseau – avec des agences sur les îles éloignées – les charges sont également plus élevées.” 
 
L'accord de concertation signé en novembre 2022 pour trois ans arrive à échéance. Les négociations pour son renouvellement seront cruciales pour poursuivre la convergence tarifaire. Selon nos informations, celles-ci devraient débuter bientôt, les lettres de convocations ayant déjà été envoyées aux établissements participants. Ces derniers – Banque de Polynésie, Banque de Tahiti, Socrédo, Marara Paiement et EGPF Polynésie (NiuPay) – devront trouver un équilibre entre la pression sur les prix et la rentabilité de leurs activités. 

Rédigé par Darianna Myszka le Mardi 7 Octobre 2025 à 17:05 | Lu 2577 fois