Sida : une journée de dépistage à l’UPF entre prévention et premières fois


Les chiffres du VIH ont doublé deux années consécutives en Polynésie atteignant 26 cas en 2024 et déjà 25 pour l’année en cours.©DM
Tahiti, le 1er décembre - L’université de Polynésie française a accueilli une journée de prévention et de dépistage organisée par le Centre des maladies infectieuses et tropicales (CMIT). Au programme : distribution de préservatifs, discussions sans tabou et tests rapides effectués en toute confidentialité. Reportage au cœur d’une matinée où se mêlent inquiétudes, curiosité et prise de conscience. 
 
Ce lundi, dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le sida, sur le campus de l’UPF, le stand du CMIT attire par son ambiance détendue. Préservatifs gratuits, brochures colorées et une équipe prête à répondre à toutes les questions.On est là pour discuter et, s’ils veulent, les étudiants peuvent se faire dépister en tout anonymat”, explique Anne Teata, infirmière au centre des maladies infectieuses et tropicales de la Direction de la santé. 
 
Chaque année, l’équipe se déplace pour faire de la prévention : marché de Papeete, brasserie Hoa, sorties de boîtes de nuit… “Le sexe n’a jamais été aussi facile d’accès avec les réseaux. Pour nous, prévenir devient plus compliqué.
 
Les chiffres du VIH ont doublé deux années consécutives en Polynésie atteignant 26 cas en 2024 et déjà 25 pour l’année en cours. Les professionnels ne sont pas surpris car c’est une tendance mondiale comme c’était le cas, il y a 10 ans pour la syphilis. Malgré cela, beaucoup baissent la garde. “Les gens disent se protéger… mais pas pour la fellation. Ou pensent que ça se soigne et arrêtent le traitement dès qu’ils se sentent mieux. Les jeunes, eux, ne se sentent pas concernés. On pédale dans la semoule”, lâche Anne Teata.
 
Dans une salle dédiée, Soria, infirmière du CMIT, accueille ceux qui franchissent le pas. À 19 ans, Tehui, étudiant de l’Université s’installe timidement. Soria déroule calmement : “Je te propose un test rapide VIH et syphilis. On peut être porteur sans le savoir.” D’abord, le jeune homme assure n’avoir jamais eu de rapport sexuel. Puis reconnaît finalement une expérience orale passée, sans savoir si cela comptait. “Ils savent théoriquement, mais ne pensent pas que ça les concerne”, observe Soria. Une piqûre, une goutte de sang et quelques secondes plus tard le test est négatif. “Je suis soulagé… et j’ai appris beaucoup de choses”, sourit-il.
 
Au fil de la matinée, huit personnes seront dépistées. Parmi elles, Kams, 49 ans, venue par précaution. “Je suis fidèle, mais je ne sais pas si mon mari l’est. C’est une prévention, et j’en parlerai autour de moi.” C’est sa première fois elle aussi. Elle assume d’autant plus qu’elle en discute avec ses deux fils, 12 et 19 ans. “L’éducation joue beaucoup. Les parents n’en parlent pas assez. Distribuer des capotes, c’est bien… mais encore faut-il savoir pourquoi.
 
À 15h30, la journée se clôture. Et si chacun repart avec un sachet de préservatifs, beaucoup s’en vont surtout avec un début de prise de conscience. Ici, au milieu du campus, la prévention a retrouvé un visage : celui de jeunes et de moins jeunes, venus pour “être sûrs” et repartis mieux informés.

Rédigé par Darianna Myszka le Lundi 1 Décembre 2025 à 19:00 | Lu 682 fois