Nouvelle saison des baleines : ce qu’il faut savoir sur les nouvelles règles


Le whale watching existe au Fenua depuis 1992. L'activité a explosé au fil des années. credit photo: l'association Oceania
Tahiti, le 17 juillet 2025 - À l’approche du 20 juillet, date d’ouverture de la saison d’observation des baleines en Polynésie française, on vous rappelle les nouvelles règles qui encadrent cette activité. Leur objectif : protéger les cétacés tout en maintenant un écotourisme durable.
 
La saison d’observation des baleines, qui est ouverte chaque année entre juillet et novembre, attire de plus en plus de passionnés, professionnels comme particuliers. Mais cette popularité a un revers : comportements irrespectueux, collisions avec des navires, stress des animaux et risques pour les personnes en mer.
 
L’année dernière, nous avons eu l’exemple dramatique d’une baleine heurtée par un navire”, rappelle Taivini Teai, ministre de l'Agriculture et des Ressources marines lors de la conférence de presse tenue aux côtés d’associations et des professionnels du secteur ce jeudi 17 juillet. “Aujourd’hui, il faut agir.”

Un cadre plus strict, des acteurs mieux formés
 
Le nombre de prestataires a explosé ces dernières années, passant à 92 opérateurs autorisés en 2024 (voir ci-dessous), contre deux fois moins il y a dix ans. Une croissance qui a obligé les autorités à revoir entièrement la réglementation. 
 
Désormais, l’activité est strictement encadrée : seuls les professionnels titulaires d’une autorisation pourront approcher les baleines et ce, selon des conditions précises (voir ci-dessous). Une nouvelle application mobile, réservée aux prestataires agréés, permet de déclarer chaque approche, assurant un meilleur suivi et limitant à trois bateaux maximum la présence autour d’un même cétacé.
 
Avant, on pouvait voir jusqu’à 20 ou 30 bateaux encerclant une baleine. C’était devenu du grand n’importe quoi”, regrette Romain Chancelier, conseiller technique auprès du ministère de l'Agriculture. “Aujourd’hui, on veut montrer qu’on peut observer de manière respectueuse.
 
Parmi d’autres évolutions envisagées, on réfléchit à la création de listes officielles de guides et capitaines formés et certifiés pour plus de souplesse (aujourd'hui, lors de la demande d'autorisation, les professionnels doivent déclarer toutes les personnes qui sont susceptibles de travailler pour eux) ainsi que la mise en place d’autorisations préalables avec vérification régulière des compétences.
 
Des réflexions sont également en cours sur la protection de l’emploi local et l’ajustement des quotas, notamment face à la forte pression à Moorea et Tahiti, tout en tenant compte de l’émergence de nouvelles zones candidates comme certaines îles des Australes.
 
Pour Charlotte Pâques, présidente du syndicat Tohorā nui, qui regroupe des professionnels du whale watching, des contraintes existent. “Certains prestataires ont perdu des navires et donc le chiffre d'affaires. En revanche, on est dans un dialogue avec le Pays. On essaie de trouver des solutions et de continuer notre travail. Il faudra faire des concessions”, résume-t-elle. 
 
Des sanctions renforcées pour les contrevenants
 
Par ailleurs, un régime de sanctions administratives a été mis en place. Un professionnel qui enfreint les règles pourra se voir retirer son autorisation pour trois ans. Pour les particuliers, qui n’ont pas le droit d’approcher les baleines, les peines sont encore plus lourdes : jusqu’à 17,8 millions de francs d’amende et deux ans de prison en cas d’infraction.
 
L’ensemble de ces mesures s’inscrit dans une volonté globale : faire de la Polynésie un modèle de sanctuaire marin durable, en combinant écotourisme et préservation.
 

Ce qu’il faut retenir des nouvelles règles 2025

Saison autorisée : du 20 juillet au 20 novembre
Heures d’observation : de 7 h 30 à 17 h 30
Maximum de trois bateaux dans la zone d’observation, soit à 300 m d’un cétacé. La zone d’exclusion (100 m) est strictement interdite à toute embarcation. 
15 m minimum de distance à la nage
6 personnes maximum dans l’eau par navire, accompagnées d’un guide certifié
Interdit dans les baies, passes, lagons
Interdictions générales : Poursuites, encerclements, modification de trajectoires, sonars non conventionnels, etc. 

Aujourd'hui, 92 opérateurs ont été autorisés à pratiquer le whale watching.

Sécurité pour les cétacés : technologie et vitesse au menu

Innovation au service des baleines
 
Un programme pilote baptisé OceanIA et mené par l’association Oceania débutera le 1er août à Papeete et Moorea. Des caméras intelligentes installées à terre, équipées d’un système d’intelligence artificielle, analyseront les passes maritimes en continu pour détecter souffles, dos ou nageoires de cétacés. Objectif ? Anticiper les collisions en alertant en temps réel les navires. 
 
Les caméras thermiques, testées ponctuellement en complément, permettront de repérer les baleines même dans des conditions difficiles (pluie, faible lumière, houle).
 
Ce dispositif, combiné aux observateurs embarqués déjà en place, pourrait devenir une nouvelle norme de sécurité si les tests sont concluants. Le programme pilote sera mis en place pendant 20 mois, soit deux saisons des baleines. 
 
Bientôt une vitesse maximale dans le lagon ?
 
Parallèlement, le Pays travaille à fixer une vitesse maximale réglementaire pour les navires dans les lagons, passes et chenaux, zones les plus sensibles pour les mammifères marins.
 
Aujourd’hui, la vitesse officielle est de 5 nœuds, mais elle est rarement respectée. Des navires circulent encore à plus de 20 nœuds, augmentant considérablement le risque de collision”, explique Romain Chancelier, conseiller technique auprès du ministère de l'Agriculture. 
 
Une étude est en cours pour trouver un juste équilibre entre sécurité nautique et protection des cétacés, avec une vitesse réduite mais réaliste, applicable dès 2026.
 

Rédigé par Darianna Myszka le Jeudi 17 Juillet 2025 à 16:08 | Lu 2473 fois