Les stars des jeux traditionnels : Interviews croisées

En marge des jeux traditionnels du week end dernier, nous avons pu recueillir quelques interviews afin de mieux connaître nos athlètes. Dans l’ombre toute l’année pour être sous le feu des projecteurs au moment du Heiva, ils portent à bout de bras notre culture avec humilité et méritent notre admiration. SB


Eriatara Ratia, le colosse de Tubuai imbattable au lever de pierre
Eriatara Ratia, champion du lever de pierre depuis 2014 :
 
La culture cela reste important pour toi ?
 
« Bien que je fasse de la force athlétique, le lever de caillou reste très important pour moi car c’est un sport traditionnel. C’est notre culture. Le travail à la salle aide beaucoup pour les Tu’aro Maohi. Cela m’a beaucoup aidé à progresser. J’ai un message pour les jeunes, il faut se lancer dans les sports traditionnels, n’hésitez pas à venir dans les salles de musculation pour qu’il y ait de l’entraide et de la stimulation. »
 
Tu continues de progresser ?
 
« Je continue de progresser. J’ai fait 5’09, je n’ai pas battu mon record de 4’00 car j’ai participé avec un beau short cousu par ma sœur qui m’a un peu gêné dans mes mouvements (sourire), je ne voulais pas la décevoir. L’année prochaine je crois que je reviendrais vers le pareu. J’ai donc porté 160 kg et j’ai relevé le défi de lever une pierre de 175 kg  avec 6 concurrents, j’ai fait 8 secondes pour terminer premier aussi dans cette catégorie. »
 
Un dernier mot, un remerciement ?
 
« Un message spécial pour Tetuarii Teapehu qui est revenu en force cette année après les soucis de santé dont il s’est remis. Je suis content pour lui et content qu’il soit revenu car c’est mon rival principal. Il a trois titres consécutifs en 2011, 2012, 2013, je crois. Félicitations à lui. Il y a la rivalité mais on est des adultes, donc on se respecte beaucoup. »
 
Des projets ?
 
« On a une compétition qui arrive prochainement, en octobre, le Nahiti Challenge de Crossfit puis le Strongest Man au mois de novembre. On s’entraine beaucoup en ce moment pour ça, on tourne donc momentanément la page du lever de pierre. Merci à notre staff, à notre président Ludovic Tufaaimea et à Enoch Laughlin. »

Les deux frères Temauri, de Moorea
Timiona Temauri, 2e en coprah :
 
Peux-tu te présenter ?
 
« Je m’appelle Timiona Temauri, j’ai 16 ans et je viens de Moorea à Tahiti pour la première fois. Mon père a grandi avec le coprah, j’ai voulu suivre son chemin. J ‘ai commencé à 9 ans. Je ne sais pas si les champions sont surpris de ce que j’ai fait mais je suis carrément content d’avoir pu battre des champions. »
 
La culture c’est important ?
 
« Oui, mais le coprah c’est aussi notre « buisness ». Je vais toujours à l’école en deuxième année Cetad à Afareitu, mais j’aide mon papa avec le coprah, pour avoir des sous pour nous nourrir. On vient de Maatea, au pk 14, côté mer. Je n’ai jamais battu mon père et mon grand frère à Moorea, et ici en ville je les ai battus, c’est extraordinaire, je suis carrément content. Ils m’ont dit c’est bien, remercie le seigneur alors c’est ce que je fais, mauururu te atua. »

Tainui Lenoir à gauche, Vaihau Bottari et Charlie Faatoa
Tainui Lenoir, imbattable en grimper au cocotier :
 
Sacré challenge à chaque fois avec Charlie Faatoa ?
 
« On va dire qu’aujourd’hui j’ai beaucoup stressé car il y a beaucoup de candidats qui se sont inscrits, comme Vaihau qui vient du crossfit. C’est plutôt ceux-là que je craignais, ceux que je ne connaissais pas. Ils ont beaucoup d’énergie et de motivation pour venir nous chercher. Je les remercie d’être venus, cela fait plaisir de voir beaucoup d’athlètes s’inscrire pour ce sport. »
 
Ta préparation ?
 
« Je me suis préparé un peu au dernier moment, à l’arrache, c’est pour ça que j’étais stressé. J’ai fait comme l’année dernière dans les cinq secondes, si je veux battre ce record je dois mieux me préparer, pour atteindre les 4 secondes et quelques. Depuis 2011, je n’ai pas battu mon record en raison de mon manque de préparation. »
 
Qu’est ce qui fait ton succès ?
 
« Il faut bien caler les pieds, bien écarter les genoux, être souple pour être agile. Il faut s’entrainer aussi pour avoir de la détente. C’est ça qui fait la différence, la détente. Et il faut aussi travailler l’explosivité au niveau du cardio. Cela demande beaucoup d’entrainement. »
 
Un dernier mot ?
 
« Cela fait six fois que je gagne, personne n’a pu interrompre cette série. Je suis content. Je suis de Rurutu. Si je peux me permettre un mot, c’est ma maman qui m’a appris à monter au cocotier pour chercher le coco pour faire le taioro à la maison. Je remercie ma maman de m’avoir appris à grimper au cocotier. Je remercie ma famille pour leur soutien, même s’ils ne sont pas là, ce n’est pas grave. » Propos recueillis par SB

Le patia fa, une autre épreuve emblématique des tu'aro maohi

Les bénévoles de la fédé, présidée par Enoch Laughlin

Rédigé par SB le Jeudi 21 Juillet 2016 à 12:50 | Lu 1212 fois