Les guides de santé de retour à l'assemblée


Adopté en commission le 25 mai dernier, le projet de loi du Pays de Cédric Mercadal visant à créer un “statut de guide de prévention et de promotion de la santé Arata'i ora” est passé en séance plénière du 3 juillet mais avait été renvoyé en commission vu la floppée d'amendements déposés (photo archives crédit APF)
Tahiti, le 4 août 2025 – Le texte du ministre Cédric Mercadal sur les guides sanitaires est repassé par la commission santé de l'assemblée ce lundi. Avec plus de 30 amendements déposés par les élus de la majorité, il aura fallu six heures pour qu'il soit finalement adopté à l'unanimité avec des modifications rédactionnelles mais aussi de fond. Sur la forme, exit le terme “guides de prévention et de promotion”, ils s'appelleront uniquement les “Arata'i ora”, et sur le fond, le volume de formation a été augmenté pour passer à 80 heures obligatoires.

 
Adopté en commission le 25 mai dernier, le projet de loi du Pays de Cédric Mercadal visant à créer un “statut de guide de prévention et de promotion de la santé Arata'i ora” est passé en séance plénière du 3 juillet. Mais face à la floppée d'amendements prévus, il avait été renvoyé en commission de la santé afin qu'il soit réexaminé. Ce lundi donc, les élus ont planché durant six heures uniquement sur ce texte pour lequel seuls les élus de la majorité Tavini avaient déposé 33 amendements (sans compter les sous-amendements). Beaucoup d'ordre rédactionnel, dont le principal concerne l'intitulé même du dispositif afin d'enlever le terme “guide de prévention et de promotion” pour ne conserver que celui de “Arata'i ora”. Tematai Le Gayic, auteur de la plupart d'entre eux, nous a expliqué que ce mot en reo tahiti était plus “générique” et qu'il “évitait les amalgames”.
 
Il y a ensuite eu quelques amendements de fond qui ont été discutés en amont avec le ministère, mais également en comité de majorité afin de surtout rassurer les professionnels de santé. “Par exemple, la volonté d'encadrer le volume horaire de formation obligatoire. Initialement, le texte prévoyait trois jours, on vient proposer 80 heures minimum obligatoires qui pourraient être réparties en formation initiale et en formation continue pour laisser de la souplesse au ministère et à l'administration de tutelle.” Mais la nouvelle mouture ne précise toujours pas quel organisme délivrera ces formations, pour ne “pas rigidifier le texte”. Autre changement de fond : la volonté de “cadrer le périmètre d'intervention de ces Arata'i ora” qui n'est pas défini dans le projet de loi du Pays initial.
 
Des “facilitateurs” pour “porter un message de prévention”
 
Une source d'inquiétude d'ailleurs de la part de certains élus qui craignent des “dérives”, notamment en matière d'exercice illégal de la médecine. “Beaucoup ont pensé qu'ils allaient faire de la prescription, de la manipulation, qu'ils allaient devenir de nouveaux diététiciens ou ostéopathes. C'est ce qu'on est venu cadrer avec le ministère. Ce sont des facilitateurs, ils font de l'accompagnement, de l'information, et doivent faire le pont entre les populations et les professionnels de santé”, a encore précisé Tematai Le Gayic. “Ils vont porter un message de prévention”, a précisé le ministre de la Santé qui nous a par ailleurs assuré que ce texte avait reçu un avis “favorable” du Conseil sanitaire et social polynésien (CSSP) qui regroupe notamment le Conseil de l'Ordre des médecins et la CPS.
 
Un amendement présenté par un autre élu de la majorité visant à étendre ce dispositif aux communes a en revanche été rejeté à l'unanimité. “D'abord parce qu'on ne voulait pas, à huit mois des élections municipales, être attaqués pour manœuvre électoraliste, et ensuite parce qu'on voulait qu'il y ait une phase pilote avec les associations qui connaissent le terrain. On a vu les limites du CAE, ça n'a pas fonctionné au niveau formation.” Rappelons que ce sont uniquement les associations agréées et les établissements publics, le Fare Tama Hau en tête, qui vont tester ce dispositif qui dispose d'un budget de 200 millions de francs pour 180 “Arata'i ora”. Le texte a finalement été adopté à l'unanimité.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Lundi 4 Aout 2025 à 16:30 | Lu 2218 fois