L’Université inaugure l’extension de sa bibliothèque "au service de tous"


Le nouveau bâtiment offre une surface utile d’environ 2 000 m².
Tahiti, le 27 novembre 2025 - Trente ans après sa création, la bibliothèque universitaire de l’Université de la Polynésie française (UPF) a changé d’échelle. Après près de deux ans de travaux, son extension a été inaugurée ce jeudi.
 
Le bâtiment de la bibliothèque universitaire a quasiment doublé sa surface. Il atteint désormais près de 4 000 m² répartis sur deux niveaux. Un projet amorcé dès 2018, retardé par la crise sanitaire, qui a finalement été livré fin août 2025 et sera ouvert au public le 1er décembre. Financée à hauteur de 950 millions de francs par l’Université sur fonds propres, l’État et le Pays, la nouvelle bibliothèque se veut un équipement majeur pour un campus en constante croissance. 
 
Ce type de projet permet au territoire de prendre conscience de sa force”, a déclaré Jean-Paul Pastorel, président de l’UPF. Il insiste sur l’ouverture du lieu : “Ce n’est pas un espace réservé aux étudiants, professeurs et chercheurs, mais un lieu ouvert à tous les Polynésiens. Une bibliothèque au service de tous.”
 
L’extension abrite désormais une grande salle de conférence, un espace informatique, une zone d’exposition et treize salles de travail collaboratif, toutes climatisées et réservables. Moderne, lumineux et spacieux, ce nouvel endroit répond notamment à une demande croissante de travail en groupe. “J’ai rarement vu ça en métropole”, glisse un invité lors de la visite inaugurale. “On a envie d’y rester, on dirait un hôtel !”, s’émerveille une autre participante.
 

L’extension abrite notamment des plateaux de travail informatisés, des salles de travail en groupe, des espaces dédiés aux expositions ou encore une bibliothèque de loisirs.
Un espace de travail et de rencontres
 
Dans les couloirs, les étudiants découvrent un lieu pensé pour leur confort. “Je suis enchanté d’avoir un espace aussi bien aménagé pour nous. On enchaîne de 7 à 18 heures, alors les zones de repos, c’est important. Je viendrai souvent ici, c’est certain”, confie Keith Tokoragi, 19 ans, étudiant qui prépare le professorat des écoles.
 
J’aime la modernité, l’architecture claire et lumineuse”, explique de son côté Inatavai Kaiha, vacataire à la bibliothèque. “Dans l’ancienne, il manquait de place. Ici, c’est plus spacieux, plus fluide.” Pour les enseignants-chercheurs, cette extension change aussi la donne. “La bibliothèque accueille énormément de monde et impose beaucoup de silence. Ces nouveaux espaces permettront aux étudiants d’échanger, de débattre, de travailler ensemble”, analyse Mirose Paia, maître de conférences en Langues et cultures polynésiennes. À ses yeux, ce lieu offrira une respiration nouvelle : “C’est un espace dont on avait besoin, pour les expositions, les idées, les rencontres. Et il s’inscrit dans notre patrimoine avec une vraie touche polynésienne.”
 
À l’extérieur, l'architecture sobre et lumineuse dialogue avec le paysage environnant. “Un lien entre mémoire, culture vivante et avenir”, résume le président de l’Université. Beaucoup repartent avec le même sentiment : celui d’un campus qui se modernise sans perdre son âme. 
 
Pour Taivini Teai, ministre de l’Agriculture, chargé de la Recherche, ce nouvel équipement dépasse même le cadre universitaire : “J’espère que cet endroit deviendra un symbole d’engagement collectif, un lieu porteur d’idées nouvelles et rassembleur”.
 
Ouverte sur inscription au public, la nouvelle bibliothèque ambitionne désormais d’être un véritable lieu de savoir, de rencontres et de culture pour l’ensemble du Pays.

Sur le parvis, l’œuvre Face à Face, réalisée par Teva Victor, renforce la dimension symbolique du projet.
Face à Face, l’œuvre qui accueille les visiteurs 
 
Devant la façade de la bibliothèque, on ne peut pas manquer Face à Face : l’œuvre monumentale de Teva Victor trône désormais comme un symbole de passage entre mémoire et avenir. Sept tonnes de pierre, sculptées pendant cinq mois, divisées en deux blocs qui, paradoxalement, affirment l’unité. À travers cette fracture volontaire, l’artiste rappelle que le dialogue entre passé et futur est indispensable pour avancer.
 
Le bloc de gauche représente un tiki marquisien revisité, à la fois ancré dans le patrimoine et volontairement modernisé. Certaines zones restent volontairement non finies, comme pour figurer les parts d’histoire encore floues, les non-dits, tout ce qui doit être réapproprié. En face, une jeune étudiante est sculptée “en devenir” : son corps porte encore les traces d’outils, comme si elle se construisait sous nos yeux. Elle incarne la jeunesse polynésienne, en évolution permanente.
 
Entre les deux figures, le regard est au centre : se tourner vers le passé pour mieux grandir, regarder l’avenir avec lucidité. Ce face-à-face est aussi une métaphore du rôle de la bibliothèque : un lieu où l’héritage culturel rencontre les connaissances de demain. 
 

Rédigé par Darianna Myszka le Jeudi 27 Novembre 2025 à 13:37 | Lu 1248 fois