“Il faut saisir le matériel, que ça serve de leçon”


Tahiti, le 6 juillet 2025 - Les habitants du village de Tautira sont exténués par les carbass qui se réunissent le week-end. Des réunions où se mêlent drogue, sexe et alcool. Ils demandent l’intervention des forces de l’ordre qu’ils invitent à “saisir le matériel pour que ça serve de leçon à tous”. 
 
À Tautira “mon paradis”, au pied de la montagne Tahuareva, les carbass ont repris de plus belle depuis plus de deux semaines. Et, selon Vaihei Paepaetaata, les aficionados de ces véhicules équipés de puissants systèmes audio qui amplifient les basses fréquences viennent des communes environnantes. “Le week-end, on n’a plus l’impression d’être chez nous”, confie-t-elle. “Il y a un ras-le-bol général”.
 
Vaihei Paepaetaata et sa famille vivent dans la vallée de Vaitapiha. Elle assure que le “week-end, les louvres tremblent. On constate souvent des éboulements, la terre qui craque, les arbres qui tombent. Serait-ce lié aux boum boum ?”, s’interroge-t-elle. Mais elle s’inquiète également pour le ‘Ao ou héron strié, une espèce gravement menacée dont seuls trois spécimens se trouvent dans la vallée. “Ce genre de vacarme, évidemment que cela va perturber le mode de vie de ces oiseaux-là.”  
 
La jeune femme est obligée de faire régulièrement intervenir les gendarmes mais sans résultats probants : “Vingt minutes après, cela reprend. À mon avis, il n’y a pas assez de répression (…) cela ne dissuade pas assez les jeunes puisqu’ils reviennent.”

“Ce qui me fait peur, c’est l’ice”

Vaihei Paepaetaata craint également des dérives liées à l’alcool, la drogue et au sexe. Elle raconte que lorsque Tautira se préparait à accueillir l’équipage de Hōkūlea, “des canettes, des bouteilles d’alcool et des sachets d’ice ont été trouvés”, mais également des sous-vêtements et des préservatifs.  “Ce qui me fait peur, c’est l’ice”, assure la jeune femme qui garde en mémoire le drame qui s’est déroulé à Pamatai le 17 juillet dernier.
 
Aujourd’hui, elle demande aux autorités de l’État et de la commune de prendre le problème en main. Elle a d’ailleurs adressé plusieurs courriers dans ce sens. “Il faut mettre en place des contrôles routiers le dimanche à 5 heures du matin, le lendemain du ‘trip’ (…). D’ailleurs il y a des accidents qui sont liés au retour des carbass.” Pour elle, il n’y a pas d’autres solutions que de “sévir et d’appliquer les lois qui existent. Il faut saisir le matériel, que ça serve de leçon à tous.” 

“J’ai pitié de ma population”

Le tāvana de Tautira, Ueva Hamblin, reconnaît que les nuisances sonores produites par les carbass affectent le village et il ne sait plus quoi faire. “On ne leur interdit pas de venir ici, mais il ne faut pas non plus qu’ils mettent le son comme ils ont envie car cela porte jusqu’au village. (…) Je suis aussi inquiet concernant la drogue car il y en a de plus en plus au Fenua.” Il craint des accidents liés à la drogue et l’alcool. Mais selon lui, les gendarmes ne font pas le poids face aux mordus de carbass : “Ils me disent qu’on ne va pas amener une patrouille de deux ou trois personnes face à 100 ou 200 personnes. Je leur demande juste de venir prendre des photos des plaques d’immatriculation et de les convoquer le lundi et de leur mettre des amendes (…). Cela ne sert à rien de les affronter le soir-même.”
 
Le tāvana doit se rapprocher du Pays, de l’État et des communes avoisinantes pour qu’une “réunion de travail” soit mise en place “pour prendre une décision concernant cette jeunesse et surtout les carbass”.  
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 7 Aout 2025 à 05:00 | Lu 8572 fois