Daniel Pardon lève le voile sur le cannibalisme dans le Pacifique


Mers du Sud : Les derniers cannibales aux éditions 'API Tahiti compile 250 ans d'anthropophagie en 40 récits.
Tahiti, le 29 octobre 2025 - Après dix ans de recherches dans les archives du Pacifique, l'ancien journaliste Daniel Pardon publie Mers du Sud : Les derniers cannibales aux éditions 'API Tahiti, un ouvrage qui compile 250 ans d'anthropophagie en 40 récits dont certains titres peuvent faire froid dans le dos ! 
 
Installé dans le Pacifique depuis plus de quarante ans, Daniel Pardon a parcouru les archives et les bibliothèques de Nouvelle-Zélande, d'Australie, de Hawaii et de San Francisco pour documenter un sujet que beaucoup préfèrent ignorer : le cannibalisme en Océanie. “Personne n'avait jamais rien compilé. Tout a déjà été écrit dans les journaux, mais de manière dispersée”, explique-t-il.
 
Son livre, intitulé Mers du Sud : Les derniers cannibales, recense des histoires aux titres évocateurs : “Gambier (Polynésie) – vingt enfants cuits vivants à la vapeur”, “Nabutautau (Fidji) – Thomas Baker dévoré à cause d'une dent” ou encore “Nouvelles-Hébrides (Vanuatu) – Erromango : deux missionnaires dévorés !”. Autant de récits qui témoignent d'une réalité historique longtemps occultée.
 
Une enquête journalistique minutieuse
 
Son travail s'appuie sur des archives numérisées, accessibles grâce à sa qualité de journaliste. “En Nouvelle-Zélande, les documents de 150 ans sont précieusement gardés et scannés, ce qui facilite le travail”, raconte-t-il. Cette démarche lui a permis de croiser les informations et de reconstituer des événements oubliés, de l'Australie à l'île de Pâques.
 
Parmi ses découvertes marquantes, celle concernant le massacre de 24 missionnaires catholiques à l'île de Pâques au XIXe siècle. Avec l'historienne Corinne Raybaud, il a démontré que ces religieux n'avaient pas disparu en mer comme le prétendait la version officielle, mais avaient été victimes d'un acte cannibale. “Cette découverte change la face de l'histoire, car leur arrivée aurait pu modifier l'équilibre géopolitique du Pacifique”, souligne l'auteur.
 
Au-delà des préjugés
 
Daniel Pardon insiste : son livre n'est pas un pamphlet contre les Océaniens et leur histoire. “C'est un état des lieux de quelque chose qui ne doit pas être caché. D'ailleurs, le cannibalisme n'est pas propre aux Océaniens, c'est propre à l'humanité.” Il évoque les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, les Européens en situation de survie ou encore la révolution russe et la révolution culturelle chinoise.
 
L'auteur regrette un certain déni actuel : “Il y a aujourd'hui une tendance à dire que c'était mieux avant, alors que c'était une société extrêmement dure avec des sacrifices humains et une caste dominante”. Il note une différence d'approche entre les pays anglo-saxons, plus “décomplexés” sur cette partie de l'histoire.
 
Un phénomène qui perdure
 
Le dernier cas documenté dans l'ouvrage date de 2013 en Papouasie Nouvelle-Guinée, avec l'histoire de “Black Jesus”, un leader sectaire qui pratiquait des sacrifices humains. “Si je me mets à chercher, je pense que je trouverai des cas plus récents”, confie Daniel Pardon.
 
Mers du Sud : Les derniers cannibales est disponible chez l'Odyssey et chez Office One à Tahiti. Un travail de compilation nécessaire pour comprendre une réalité historique sans jugement moral, mais avec rigueur journalistique.


Rédigé par Darianna Myszka le Mercredi 29 Octobre 2025 à 14:10 | Lu 1832 fois