Chars fleuris, concerts, ma’a tahiti : la Polynésie célèbre Matari’i i ni’a


La célébration vise à sensibiliser la population sur la signification culturelle de ce marqueur temporel ancestral. ©Tahiti Tourisme
Tahiti, le 21 octobre 2025 - Pour la première fois, cette année, le 20 novembre devient jour férié en Polynésie française. Ce jour a été choisi pour célébrer Matari’i i n’ia, la fête de l'abondance. Deux événements majeurs marqueront cette semaine de célébration : une parade culturelle à Papeete le 20 novembre et une grande journée festive à Tautira le 22 novembre.
 
Cette année, la célébration de Matari’i i ni’a prend une dimension toute particulière. La population et les touristes de Tahiti sont conviés à participer aux festivités le 20 novembre à Papeete et le 22 novembre à Tautira. Au programme, les activités traditionnelles, le ma'a tahiti, la performance oratoire par le meilleur ‘ōrero du Heiva i Tahiti, les ateliers musicaux organisés par le Conservatoire artistique de la Polynésie française, les concerts, le bal populaire et même les feux d'artifice.
 
La journée du jeudi 20 novembre à Papeete sera marquée par un défilé de chars fleuris sur le boulevard Pōmare. Une dizaine de chars défileront sur les thématiques de la migration, des poissons et de l'abondance agricole. La soirée se poursuivra avec des concerts de Nohorai qui a composé la chanson officielle de Matari’i i ni’a 2025, Sissa-sué Okota'i et le Royal Band. Environ 6 000 personnes sont attendues. Le samedi 22 novembre, Tautira accueillera une grande journée culturelle ouverte au public dès 9 heures. La journée se terminera par une cérémonie du 'ava à 18 h 30 et une observation commentée des étoiles par Christine Briant. “On pourrait déplorer le fait qu'aujourd'hui, on est plus dans la célébration d’Halloween ou du jour de l'an chinois”, constate Moana'ura Tehei'ura. “C'est pour ça que, au-delà de la transmission, il est essentiel de célébrer Matari'i à notre façon d'aujourd'hui.”
 
En plus des événements officiels, de nombreuses associations, communes et établissements publics ou privés organisent leurs propres célébrations de Matari'i i ni'a dont Tere Matari'i i ni'a, chacun contribuant à sa manière à faire vivre les savoirs ancestraux, les pratiques culturelles et le lien sacré entre l'homme, la nature et les étoiles.
 
Un repère dans l'espace-temps
 
Cette première célébration de Matari'i i ni'a en tant que jour férié, dont le coût avoisine 40 millions de francs, est portée par le Pays, Te Fare Tauhiti Nui et Tahiti Tourisme. Ce jour sera chômé dans l’administration locale et d’État dès cette année. Quant au secteur privé, cela dépend des différentes conventions collectives qui ont jusqu’à la fin de l’année pour être modifiées. La célébration vise à sensibiliser la population sur la signification culturelle de ce marqueur temporel ancestral. “L'objectif, c'est de réunir population et visiteurs touristes pour célébrer ensemble”, explique la directrice de Tahiti Tourisme, Vaihere Lissant.
 
Christine Briant, de l'association Haururu, rappelle que “Matari'i, c'est un marqueur de temps, et elle est féminine. Elle porte la fertilité, la fécondité, la reproduction de la vie”. Les Pléiades annoncent le solstice sud : “C'est le signal pour se préparer à recevoir le soleil, responsable des cycles météorologiques, des floraisons, des fructifications”.
 
Vāhi Sylvia Richaud, présidente de la Société d'études océaniennes, souligne l'importance pédagogique de cette fête : “Pour les Polynésiens que nous sommes, Matari'i i ni'a et Matari'i i raro sont des repères du temps”. Un bulletin spécial, dédié à Matari'i, sera d'ailleurs diffusé gratuitement dans tous les établissements scolaires. “Cette fête est l'occasion de nous intéresser à nos bases, à nos fondements, parce que ça nous rappelle d'où nous venons et où nous allons.”

Maëlys Teraiarue a créé le logo de Matari'i i ni'a 2025.
À 17 ans, elle signe le logo officiel de Matari'i i ni'a
 
Élève en deuxième année de vannerie au Centre des métiers d'art, Maëlys Teraiarue, a vu son logo retenu parmi plusieurs propositions pour représenter Matari'i i ni'a. Rencontre avec une jeune créatrice qui redécouvre sa culture.
 
Comment as-tu conçu ce logo ?
“Pour le logo du Matari'i i ni'a, c'était une commande du ministère. Nous avons eu un cahier des charges à respecter pour représenter le Matari'i i ni'a, en incorporant la tradition et le contemporain. Dans mon logo, le unu du haut signifie le Matari'i i ni'a, et celui du bas, le Matari'i i raro. Ensuite, le sens des poissons et des oiseaux évolue pour montrer la notion du temps. Les poissons représentent la mer, les oiseaux le ciel. Et en dernier, nous avons la fleur. J'ai choisi la tiare parce que c'est notre fleur emblématique.” 
 
Combien de temps ce travail t'a-t-il demandé ?
“Ça m'a pris un mois environ, car on a fait plusieurs recherches, pour constituer plusieurs logos, on a fait plusieurs propositions, et puis on a tout envoyé, et c'est celui-là qui a été choisi, puis retravaillé.” 
 
Qu'est-ce qui t'a inspiré ?
“Ma famille. Ils m'ont beaucoup aidée, expliqué aussi ce que c'est le Matari'i. Et je me suis inspirée aussi de mon grand-père, qui est décédé il y a un an déjà.”
 
Tu connaissais Matari'i avant ce projet ?
“Non, je ne savais pas vraiment ce que c'était. Ce n'est qu'après avoir eu une commande du ministère, que j'ai commencé à m'interroger sur ce que c'était. Le fait d'avoir travaillé sur le logo Matari'i m'a poussé à m'intéresser davantage à ma culture. C'est vrai qu'aujourd'hui, on oublie un peu qui on était avant. C'est bien aussi de s'interroger sur notre propre culture.” 
 
 
Infos pratiques : Toutes les informations pratiques et le programme complet sont sur matarii.pf. Les événements sont gratuits et ouverts à tous. Le 20 novembre, la population est invitée à venir en tenue locale.
 

Rédigé par Darianna Myszka le Mardi 21 Octobre 2025 à 16:06 | Lu 3745 fois