​Vahine Fierro, surfeuse et policière


Troquer le lycra pour la chasuble du policier. Un vrai engagement de la part de la surfeuse.
Tahiti, le 9 septembre 2025 - Depuis quelques jours, la surfeuse professionnelle Vahine Fierro, réalise un stage avec la Direction territoriale de la Police nationale en Polynésie française. Une démarche loin des planches, pour la policière réserviste, et totalement assumée.
 

Vahine, nous avons l’habitude de te voir avec un lycra et une planche sous le bras, moins avec une chasuble et un éthylotest.
[Elle sourit] “C’est vrai. Depuis 2022, j’ai fait une formation dans la Police nationale à Paris. J’ai mon diplôme de policière réserviste en poche. Je fais partie de la mission sport. C’est un programme assez spécial pour les athlètes de haut niveau. Cette semaine, je fais mon stage d’immersion dans le commissariat de la Polynésie française. Je n’avais jamais fait ce stage à la maison.”
 
Que fais-tu pendant ces 5 jours ?
“Ce sont des journées sur lesquelles je vois un peu tous les secteurs. Le rythme de vie dans un commissariat, c’est très intense. J’ai pu découvrir comment nos policiers s’adaptent constamment à un rythme très élevé. J’ai beaucoup appris à leur côté. Et puis je pratique aussi. Je fais mes premiers contrôles routiers avec les voitures, les scooters. J’ai fait les contrôles d’alcoolémie en patrouille. J’ai effectué des patrouilles pédestres en centre-ville le mercredi après-midi pour des opérations de sécurisation avec les jeunes. J’ai fait aussi de la prévention contre les drogues en intervenant dans une école, j’ai pris la parole au STRF [Service Territorial au Recrutement et à la Formation] avec les cadets. J’ai vu ceux qui font des formations, j’ai échangé avec eux nos expériences. Surfeuse professionnelle et policière réserviste, ce sont deux mondes qui semblent n’avoir rien en commun, mais qui, pourtant, partagent les mêmes valeurs qu’un sportif de haut niveau.”
 
Certains doivent être surpris de te voir au bord de la route pour les contrôler ? Les gens doivent te reconnaître.
“C’était rigolo à voir parce que tout le monde me connaît en tant que surfeuse professionnelle et les personnes que j’ai arrêté m’ont vues en tant que surfeuse et pas en tant que policière. Ça mettait un sourire sur le visage des gens. Ça permet aussi d’adoucir cette image de la police que l’on a tendance à mal voir alors qu’elle est là pour le bien-être de tous, pour nous protéger, pour éviter des accidents. C’est un métier difficile, qui est souvent entouré de mal… Et si je peux adoucir cette image et montrer qu’on peut respecter les policiers, c’est tant mieux. Alors c’est vrai que quand je suis sur le terrain, mes commandants me disent ‘Hé, ils n’ont pas la même réaction. Quand ils te voient, ils ont le sourire. Quand c’est nous, ils sont grincheux’ [rires].”
 
Comment s’est faite ton intégration au sein de la DTPN ?
“Ça se passe super bien. Toutes les sections que j’ai rencontrées ont été ouvertes avec moi. Les policiers me partagent leurs expériences. Certains ont pu penser que je suis là pour l’image, pour la com’. Mais non, je suis vraiment passionnée par ce métier. Les commandants et les commissaires ont dû le ressentir et ils sont heureux de me partager leurs expériences et de me prendre avec eux, sous leurs ailes. J’apprends vite, je comprends vite. C’est hyper intéressant. Ils m’ont intégré comme leur sœur. C’est un peu une famille la police. Faire partie de cette famille, c’est une grande fierté pour moi.”
 
On te souhaite une très longue et riche carrière de surfeuse professionnelle, mais la police, c’est déjà dans un coin de ta tête pour la reconversion ?
“Pour l’instant, j’ai intégré la police nationale parce que… on ne sait jamais. Si je me blesse un jour, j’ai déjà un pied dedans. Mais je reste à fond dans ma carrière de surfeuse. Les gens ont un peu confondu cette semaine. Ils me voyaient en tenue faire des contrôles. Ils pensaient que j’avais arrêté le surf et étaient très surpris. Non, je vous rassure. Je fais les deux pour l’instant. En priorité le surf bien sûr, et pour déjà penser à l’après… On ne sait jamais. Du jour au lendemain, on peut se blesser donc je suis là. C’est un monde assez intense. Je suis dedans aujourd’hui et on verra ce que l’avenir me réserve.”

Le contrôle d’alcoolémie est négatif. Vahine Fierro peut laisser le conducteur poursuivre sa route, avec le sourire.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mardi 9 Septembre 2025 à 19:24 | Lu 4053 fois