​Une plage braille et la force d’avancer


“Ça me rassure pour les cours et les stages”, confie Sun Ebbs, lycéen non-voyant, mais motivé (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 10 septembre 2025 – Suite à un appel à la solidarité lancé par l’association des parents d’élèves du collège de Teva i Uta, Sun Raihere Ebbs, scolarisé au lycée de Papara depuis la rentrée, bénéficie de nouveaux équipements adaptés à son handicap visuel. Entre autres outils et accompagnements, une plage braille lui permettra de suivre plus sereinement son cursus, avec comme ambition de devenir ingénieur informatique.
 

À 16 ans, Sun Raihere Ebbs est élève en seconde professionnelle Gestion administrative de la logistique et du transport au lycée Tuianu Le Gayic de Papara. Non-voyant, il bénéficie depuis la rentrée scolaire de plusieurs outils indispensables à la poursuite de son cursus, dont des oreillettes, un ordinateur portable et surtout une plage braille, clavier adapté à la lecture et à la retranscription.
 
La remise officielle du matériel s’est tenue ce mercredi après-midi à la mairie de Mataiea, suite à un élan de solidarité porté par l’association des parents d’élèves du collège Tinomana Ebb de Teva i Uta, où le jeune homme a décroché son brevet. “On a lancé une cagnotte en ligne en urgence au mois de mai pour préparer son entrée au lycée. Grâce à la générosité des donateurs, on a pu financer ces outils à hauteur d’un million de francs. On est rassuré pour la suite. Sun a déjà gagné en assurance”, indique la présidente de l’APE, Adeline Sabatier. Plus de la moitié de cette opération a été financée par le Lions Club de Papeete, qui a “tout de suite répondu favorablement et unanimement” au titre de ses actions en faveur de la jeunesse et des problèmes de vue. Le comité organisateur des Jeux du Pacifique de Tahiti 2027 a également participé.
 

Depuis la rentrée, cette plage braille révolutionne son quotidien.

“Être plus autonome”


“Grâce à vous, Sun a maintenant du matériel qui va changer son quotidien : il pourra lire et écrire ses cours tout seul, envoyer des messages, discuter avec ses amis, chercher des informations sur internet, écouter de la musique, suivre les réseaux sociaux et surtout être plus autonome. Pour nous, la famille, c’est moins d’inquiétude et de dépendance, et le voir avancer comme n’importe quel jeune de son âge, malgré les difficultés. (...) Merci pour vos encouragements. Vous avez offert à Sun plus que du matériel, vous lui avez donné de l’espoir et de la confiance pour avancer”, ont remercié ses parents, Mélinda et Henri Ebbs, très émus.
 
Nathalie Salmon-Hudry, déléguée interministérielle au handicap, était présente, de même que Henriette Kamia, présidente de la fédération Te Niu o te huma, elle-même atteinte de cécité. “Cette mobilisation me touche énormément. On ne devrait pas avoir à acheter personnellement du matériel pour la scolarité des enfants handicapés. Chaque élève a le droit à une scolarité normale”, a-t-elle souligné. À travers l’association Mata Hotu, elle travaille donc à la “réactivation” du partenariat avec la fédération des aveugles de France pour faciliter le soutien matériel aux élèves polynésiens concernés.
 

​La communauté éducative mobilisée


Lors de cette cérémonie, la communauté éducative de Teva i Uta et de Papara était également réunie autour de Sun Ebbs. Au quotidien, il peut notamment compter sur Nicole Taerea, agent d’éducation pour les élèves en situation de handicap, et Alexandra Faaite, enseignante spécialisée en déficience visuelle. “Ma mission est de faciliter son intégration dans les classes, d’adapter les documents et les cours au mieux. Je lui apprends aussi le braille et à se servir de ses nouveaux outils, dont la plage braille”, explique-t-elle. Trois élèves “marraines” se sont également portées volontaires pour épauler leur camarade en cas de besoin.
 
Interrogé à l’issue de la rencontre, Sun Ebbs s’est réjoui de cette avancée. “Au collège, je n’avais que ma machine à écrire Perkins. Ce n’était pas pratique pour le lycée. Maintenant, j’ai du bon matériel pour mes études. Ça me rassure pour les cours et les stages”, nous a confié le jeune homme qui rêve de devenir ingénieur en informatique. Prochaine étape : le bac. Et pourquoi pas des études supérieures à l’étranger, par la suite.  
 

Une cérémonie a réuni les principaux donateurs et soutiens à la mairie de Mataiea.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 10 Septembre 2025 à 19:17 | Lu 2288 fois