​Un engagement du Pacifique contre la drogue


 Tahiti, le 30 octobre 2025 - La Nouvelle-Zélande vient de sortir un rapport sur “la criminalité organisée transnationale dans le Pacifique”. Une situation qui “menace la paix et la prospérité, l’économie, les institutions et les communautés” du pays, explique le pays du long nuage blanc.

 
Principale cible d’un rapport commandé par le ministère des Douanes de la Nouvelle-Zélande, le trafic de stupéfiants que le pays voit “empirer”. Au cours de l'année allant d'octobre 2023 à septembre 2024, on a recensé environ 87 000 décès liés aux opioïdes aux États-Unis. Beaucoup pensent qu'en Nouvelle-Zélande, ce “n'est qu'une question de temps”, explique le rapport.
 
Aussi, le document appelle à “diriger avec audace, agir avec détermination, lutter contre le crime organisé et le démanteler” et propose “une approche cohérente de la lutte contre la criminalité organisée”. Au cœur du document, la Nouvelle-Zélande dit avoir conscience d’être “une destination importante pour les drogues illicites, créant une demande qui alimente l'activité criminelle à l'étranger, notamment dans les pays d'origine et le long des routes d'approvisionnement du Pacifique”. Les prises régulières dans les eaux polynésiennes, les saisies américaines et les opérations de cow-boy menées par l’administration Trump en témoignent un peu plus chaque jour.
 
 “S'attaquer à ce problème au niveau national est essentiel non seulement pour protéger la Nouvelle-Zélande, mais aussi pour contribuer positivement à la stabilité régionale et à la sécurité de nos voisins du Pacifique”, explique le rapport qui estime le préjudice du trafic de drogue (méthamphétamine, cocaïne et MDMA) à 1,65 milliard de dollars NZ (97,5 milliards de francs) par an en 2024 et que 35 kilos de métamphétamines par semaine sont consommés.
 
Dans l’éventail de solutions proposées par le document travaillé par “le groupe consultatif ministériel sur la criminalité transnationale, grave et organisée”, la Nouvelle-Zélande réfléchit donc à déployer un ministère “dédié à la lutte contre la criminalité organisée, qui dirigera la mise en œuvre et favorisera la responsabilisation interministérielle”. L’idée est de renforcer les travaux déjà entrepris aujourd’hui pour “détecter et démanteler le crime organisé” et de mettre en place “un changement significatif et décisif au niveau systémique qui est nécessaire si nous voulons simplement rattraper notre retard, sans même parler de prendre de l'avance sur le crime organisé”, expliquent les rapporteurs.

Des craintes pour les petites nations insulaires

Portée par l’État en Polynésie française, la lutte contre le trafic de stupéfiants se fait difficilement au Fenua et le rapport néo-zélandais craint le pire pour les années à venir. “Les activités de la criminalité organisée augmentent également de manière substantielle dans le Pacifique. La région est devenue une plaque tournante essentielle pour le transit de drogues illicites, en particulier la méthamphétamine et la cocaïne. Par exemple, les criminels utilisent des ‘sous-marins narco’ sans pilote pour échapper à la détection par radar et autres systèmes de surveillance maritime à travers le Pacifique et vers des marchés comme la Nouvelle-Zélande.” Le rapport poursuit même : “Les nations du Pacifique sont confrontées à une augmentation de la consommation de drogues, de la corruption et de l'infiltration des entreprises légitimes par des groupes criminels. Il existe un risque que certains de nos voisins du Pacifique soient submergés par la criminalité organisée.”
 
Aussi, en plus des mesures qui seront prises sur la terre néo-zélandaise elle-même, le rapport préconise de nouer des liens plus forts encore avec les pays de la région. “Notre frontière ne se limite pas à notre littoral ; avec le crime organisé transnational, le problème commence à l'étranger”, explique le rapport qui souhaite s’adresser à ses partenaires internationaux. “Bien que le leadership doive rester entre les mains d'organismes tels que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce (MFAT), la police, les douanes et les services de renseignement, le ministre et le conseil d'administration de la lutte contre la criminalité organisée fourniront une orientation stratégique afin de garantir que l'engagement international s'aligne sur la stratégie néo-zélandaise de lutte contre la criminalité organisée.”
 
Le rapport conclut par cette phrase simple : “Il est plus que temps d’agir”.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Jeudi 30 Octobre 2025 à 15:37 | Lu 1725 fois