​Salmonellose : comment “limiter la casse” ?


Un foyer de salmonellose a été identifié dans un grand élevage de poules pondeuses à Taravao (Crédit : archive Tahiti Infos).
Tahiti, le 4 décembre 2025 – Un foyer de salmonellose a été identifié dans un grand élevage de poules pondeuses à la Presqu’île. Une menace de pénurie sur les œufs qui tombe mal à l’approche des fêtes de fin d’année : un arrêté a donc été pris en conseil des ministres ce mercredi pour autoriser temporairement l’importation d’œufs non-estampillés. Pour le ministre de l’Agriculture, Taivini Teai, le soutien aux éleveurs locaux est également en jeu. “Ça nous pousse à réfléchir plus globalement à la sécurisation de cette filière importante, en sachant que nous sommes autonomes en œufs”, à hauteur de plus de 85 millions d’œufs consommés en Polynésie française chaque année.
 

Les rayons vides des supermarchés ne trompent pas : la production locale d’œufs est une nouvelle fois mise à mal par un foyer de salmonellose, comme annoncé cette semaine par nos confrères de TNTV. L’impact est d’autant plus important que c’est une grande exploitation de Taravao qui est touchée. Ce sont des analyses réalisées suite aux cas de toxi-infection alimentaire collective (TIAC) survenus fin octobre à Rangiroa qui ont permis d’identifier la présence de salmonelles pathogènes grâce au protocole de traçabilité des œufs, bien qu’ils ne constituent pas le seul facteur en cause. Selon la Direction de la biosécurité, les autres élevages du territoire ont été placés sous surveillance pour limiter les risques de propagation de la bactérie. Trente mille poules pondeuses ont dû être abattues et l’éleveur concerné relance progressivement sa production, ce qui devrait prendre plusieurs mois.

Importer pour compenser


Une menace de pénurie qui tombe mal à l’approche des fêtes de fin d’année. Pour tenter de rétablir plus rapidement l’équilibre entre l’offre et la demande, le Pays a dû réagir. “Nous avons pris des mesures, notamment ce mercredi par arrêté du conseil des ministres pour autoriser l’importation d’œufs sous l’égide de la DGAE [Direction générale des affaires économiques, NDLR] et du ministère de l’Économie et des Finances”, indique le ministre de l’Agriculture, Taivini Teai. “Il faut savoir que notre réglementation exige l’estampillage des œufs, ce qui n’est pas forcément automatique sur les œufs importés, donc il était nécessaire d’autoriser l’importation d’œufs non-estampillés qui vont permettre de limiter la pénurie. Et tout un processus est engagé avec nos éleveurs pour définir sur quelle période on va maintenir cette importation et dans quelles quantités pour ne pas concurrencer les producteurs locaux qui continuent à produire. Dans l’immédiat, on part sur une période maximale de six mois.”

​Soutenir les éleveurs locaux


Cette situation soulève plusieurs enjeux pour les aviculteurs. “J’ai notamment été contacté par le vétérinaire du Groupement de défense sanitaire animal pour aborder la question de la prise en charge en cas d’épidémie pour soutenir nos éleveurs qui sont mis en difficulté financièrement et les accompagner pour limiter la casse”, poursuit le ministre. D’autant que la salmonellose n’est pas la seule épée de Damoclès qui pèse sur la filière : il y a environ deux mois, les inquiétudes portaient sur les importations de poussins de Nouvelle-Zélande, alors touchée par la grippe aviaire. “Ça nous pousse à réfléchir plus globalement à la sécurisation de cette filière importante, en sachant que nous sommes autonomes en œufs, au même titre que pour le miel et le poisson”, conclut-il. Plus de 85 millions d’œufs sont consommés en Polynésie française chaque année. Selon les estimations actuelles, la filière serait impactée de l’ordre de 15 à 30 % suite aux pertes subies par le cheptel de Taravao.

​Contamination et mesures d’hygiène

Les œufs et les aliments à base d’œufs crus sont à l’origine de près de la moitié des TIAC dues à la salmonellose (Crédit : archive Anne-Charlotte Lehartel).
Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), les infections par des bactéries du genre Salmonella représentent la deuxième cause de maladies d’origine alimentaire en Europe. Les déjections animales peuvent transmettre cette bactérie à l’eau, aux végétaux ou à d’autres animaux par contact. Les œufs et les aliments à base d’œufs crus sont à l’origine de près de la moitié des TIAC dues à la salmonellose. Elle provoque une gastro-entérite aigue qui guérit généralement en quelques jours, mais qui peut entraîner des conséquences plus graves chez les nourrissons, les femmes-enceintes, les personnes âgées ou les personnes immunodéprimées. Pour limiter les risques en tant que consommateur, il est recommandé de se laver les mains avant la préparation et la prise des repas, de conserver les œufs à une température constante, de cuire à cœur les aliments d’origine animale (notamment les viandes de porc, de volaille et hachées) et de ne pas consommer d’œufs crus ou peu cuits pour les personnes à risque.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Jeudi 4 Décembre 2025 à 18:07 | Lu 378 fois